Marc Eynaud a bien vu ce que cachait la sortie de Gérald Darmanin sur la victoire « assez probable » de Marine Le Pen en 2027 : s'autodésigner comme son adversaire et s'introniser comme le candidat barragiste.
C'est sans génie, mais c'est toujours bien calculé de préempter par rapport à tous ses petits concurrents macronistes un créneau qui s'est révélé porteur par le passé. Et puis on comprend que Darmanin ne raisonne pas comme Élisabeth Borne : elle est rigolote, elle qui prophétise que 2027, c'est bien loin, sans savoir si elle sera encore Premier ministre dans quelques mois, après un accident « assez probable » de 49.3 à répétition.
Mais en ce 25 août, Gérald Darmanin, après avoir engrangé le soutien de Nicolas Sarkozy, a dû savourer un nouveau ralliement : celui de Jean-Luc Mélenchon ! En effet, lors de l'université de LFI, il a intronisé Darmanin comme l'adversaire que la gauche aura à affronter, le représentant unique du macronisme et de la droite. Et de l'extrême droite aussi, puisque tout ce qui n'est pas NUPES, tout ce qui n'est pas Médine, relève de l'extrême droite, c'est bien connu.
Intronisé ? Mieux, il l'a « orbanisé » ! Rien que ça ! « Le candidat commun de l'espace idéologique que représente l'orbanisme français, la jonction de la droite avec l'extrême droite, c'est M. Darmanin », a-t-il lancé, lors d'une conférence aux universités d'été de son mouvement, les AMFIS.
Darmanin, l'Orbán français ! Cela relève du Gorafi. Comparer Darmanin à l'homme d'État hongrois, conservateur et patriote, populaire, constamment réélu sur une ligne claire, celle de la défense de son pays et des valeurs traditionnelles ! Il suffira de rappeler que Gérald Darmanin a construit sa petite ascension sur la trahison, celle des valeurs de la droite, celle du gaulliste Christian Vanneste puis celle de son parti, et cela, dès 2017, en se ralliant au macronisme, l'exacte antithèse de l'orbanisme ! Et ne parlons pas de l'écart de charisme entre les deux hommes...
Mélenchon est trop fin politique pour croire à sa nouvelle ineptie doctement assenée à ses militants. Mais elle lui permet de préempter à son tour son propre ticket pour 2027 et la médiocrité d'un Gérald Darmanin ne serait pas pour lui déplaire, lui qui a tout de même une autre culture et un autre charisme (désolé pour la répétition, mais nous parlons bien de Darmanin). Voilà pour l'imposture Mélenchon.
Dans ce jeu de postures et d'impostures, celles de Gérad Darmanin sont tout de même spectaculaires : après les fiascos du Stade de France, de l'imam Iquioussen, après les émeutes de juillet, après la révolte de la police toujours en cours, après un bilan catastrophique dans les domaines de l'immigration et de la sécurité, chercher à se faire adouber par les Français comme le meilleur candidat de l'ordre et de l'autorité sera aussi difficile que de leur faire croire que les supporters anglais et les Kevin et Matheo sont les principaux responsables de l'insécurité en France.
Mais en politique, aussi, « l'hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu ». Et nos deux histrions de cette rentrée politique expriment tout de même, malgré leurs gros sabots, deux vérités politiques : d'abord, les très fortes attentes populaires en termes d'autorité ; ensuite, l'aspiration à l'émergence d'un orbanisme français, allant du centre droit au RN et à Reconquête.
Oui, 2027 se gagnera à droite et au peuple. Et donc ni avec Mélenchon ni avec Darmanin, qui n'ont cessé de trahir l'un et l'autre.
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