— par Francesca de Villasmundo — 16 février 2023
Le milliardaire Elon Musk refuse que son service de connexion par satellites Starlink soit « militarisé », c’est-à-dire serve à contrôler des drones de combat pour le compte de l’armée ukrainienne.
Fin janvier, Musk avait rappelé qu’il n’autorisait pas « l’utilisation de Starlink pour les frappes de drones à longue portée ». L’entreprise a donc « limité » les capacités du service, au plus grand dam des Ukrainiens. Depuis, des indices pourraient laisser supposer que cette limitation a été demandée de plus haut, de Washington, pour pousser Kiev à la désescalade.
L’utilisation de Starlink pour guider les drones ukrainiens pourrait conduire effectivement Musk à la guerre avec la Russie
Starlink n’est pas une arme de guerre : les satellites peuvent soutenir la résistance ukrainienne en assurant la sécurité des connexions, mais ils n’ont jamais été prêtés pour devenir un outil de guerre. C’est pourquoi, malgré la pression de l’entourage de Zelensky et d’une certaine opinion publique à paillettes scandalisés par cette décision, Musk en a restreint l’accès à l’armée ukrainienne.
Accusé de faire le jeu des Russes, Elon Musk a avant tout tenu compte de la menace de devenir un acteur impliqué dans la guerre contre la Russie qui pèse sur son entreprise. Une utilisation militaire de ses satellites par l’armée d’Ukraine pourrait effectivement conduire l’empire de Musk à devenir un ennemi militaire officiel de la Russie. Cette raison serait en elle-même suffisante pour expliquer la limitation des capacités de Starlink imposée à l’armée ukrainienne ces derniers jours.
Il est cependant possible, et c’est ce que font certains commentateurs, de penser que cette décision de Musk a pu être prise suite à une pression d’en haut, de Washington. « Stratégiquement, lit-on sur le blog d’analyse géo-politique italien Inside Over, il est plus réaliste de penser à un coup de frein venu d’en haut auquel Musk, qui représente politiquement des appareils proches du Parti républicain hostiles à la guerre totale contre la Russie, aurait été bien content de suivre. »
Il est plus réaliste de penser à un coup de frein venu de Washington
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, a rappelé Piccole Note, est de plus en plus « sous la tutelle » des faucons antirusses chez lui et par la bienveillance de l’Otan à l’extérieur. « Le tour de vis américain contre Zelensky, comme l’explique Frank Wright sur Lifesite, découle aussi des nouvelles inquiétudes américaines concernant la guerre », note encore Piccole Note.
« Le dernier motif d’impatience », poursuit l’analyse de Piccole Note, « la gestion de la défense de Bakmuth, que le Pentagone avait demandé d’abandonner car, encerclée, elle est désormais indéfendable, mais que Zelensky voulait défendre à tout prix, envoyant au massacre les soldats ukrainiens ».
Inside Over ajoute que « les États-Unis préfèrent une approche plus orientée sur la puissance intelligente, basée sur la nécessité de clouer la Russie au sol, de l’épuiser, de la frapper avec des opérations de renseignement et hybrides, mais en évitant les risques d’une escalade trop soudaine. Beaucoup moins craints, cependant, par le Royaume-Uni de Rishi Sunak où, sans surprise, Zelensky s’est rendu précisément à l’époque où, après la visite de William Burns, la chute du ministre de la Défense Olekseiy Reznikov et l’ascension à son poste de Kyrylo Budanov, lui faisait traversait une grave crise systémique, allant en grande partie de pair avec la « mise sous tutelle » américaine de sa conduite de guerre. Et à partir des mouvements d’appareils tels que Starlink, on comprend combien l’avenir des mouvements possibles pour les forces armées de Kiev est lié aux perspectives de Washington et aux débats internes de la direction américaine sur l’intensité à donner à leur guerre par proxy contre la Russie. Combattue par les Ukrainiens sur le terrain, par l’Occident à l’arrière et, accessoirement, par l’Europe avec son économie. Tous décidés à danser au rythme de Washington. Qui pour l’instant veut éviter une escalade incontrôlable. »
Francesca de Villasmundo
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