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lundi 27 février 2023

Le wokisme en Pologne et en Ukraine


 Le wokisme en Pologne et en Ukraine

Par Lucien Cerise, essayiste 

La géographie et l’histoire commandent. La Pologne se méfie de l’Allemagne et craint plus que tout la Russie. 

Cela la conduit à un alignement sur les États-Unis. Avec une conséquence implacable : se montrer ouverte au soft power américain qui amène le wokisme dans ses fourgons. Un risque considérable pour le gouvernement conservateur. Tout comme pour les nationalistes ukrainiens. Un point de vue documenté de l’essayiste dissident Lucien Cerise.

Polémia 

Pologne : OTAN, Georges Soros, LGBT…

Comme chaque année depuis 2016, la Pologne organisait le 31 décembre 2022 un grand concert du Nouvel An dans la ville de Zakopane avec des vedettes internationales. À cette occasion, la chaîne de télévision publique TVP qui diffusait les images trahissait sa ligne éditoriale conservatrice et provoquait un scandale en autorisant le groupe de rap américain invité Black Eyed Peas à porter des brassards LGBT sur scène. (1) La propagande LGBT se développe en Pologne sous l’influence du show-business américain mais aussi à cause de l’Ukraine et des tensions intérieures que ce pays provoque en Pologne, comme l’a évoqué le Président polonais, Andrzej Duda, pour justifier son veto à la loi Czarnek. (2) L’Ukraine a été entre 2004 et 2014 le théâtre de deux révolutions colorées qui ont permis de faire avancer dans ce pays ce que l’on appelait naguère le gauchisme, et aujourd’hui le wokisme, soit l’apologie du métissage ethnico-culturel et le LGBT. Les principaux acteurs de cette révolution des mœurs sont la fondation Open Society de George Soros, mais aussi l’OTAN, le bras armé du globalisme, qui milite également pour la « diversité inclusive » et la « société ouverte ». (3) Ainsi, peu après la Révolution Orange de l’hiver 2004-2005, le gouvernement ukrainien commençait à prendre des mesures officielles pour favoriser une immigration de masse non-européenne en Ukraine, et rééduquer les Ukrainiens autochtones pour qu’ils l’acceptent plus facilement. Entre autres initiatives, un programme d’ingénierie sociale « antiraciste » était lancé en 2007 par les autorités ukrainiennes sous le nom de Diversity Initiative, rebaptisé Diversipedia en 2015, avec le soutien de l’ONU et de son Office International pour les Migrations (OIM). (4) Cette politique de remplacement de population appliquée également par l’Union Européenne fut soutenue par de nombreux Ukrainiens espérant l’intégrer et, à travers elle, rejoindre l’Occident moderne… et son ethno-masochisme. Ce suicide identitaire ukrainien ne s’est arrêté qu’avec l’intervention militaire russe lancée le 24 février 2022. Le cosmopolitisme en Ukraine continue cependant d’affecter les unités paramilitaires qui intègrent depuis le début des hostilités en 2014 des islamistes menant leur « guerre sainte » contre la Russie, avec l’aval de Kiev et de l’OTAN. Le dernier venu de ces groupes de combat venus prêter main-forte aux nationalistes ukrainiens s’appelle le bataillon Touran, en référence au monde turcophone, et est composé de musulmans asiatiques pour l’essentiel. (5)

Guerre en Ukraine : c’est reparti comme en 1939 !

Le second volet du wokisme s’est implanté en Ukraine juste après l’EuroMaïdan, le coup d’État de l’hiver 2013-2014, qui a permis au nouveau pouvoir d’inscrire dans le droit ukrainien tout l’arsenal juridique LGBT. Cela aboutira à légaliser la Gay Pride dans plusieurs villes, mais aussi au phénomène étrange des « soldats LGBT », réunissant des homosexuels et des transsexuels voulant se battre contre la Russie, et organisés dans le syndicat Union of Military LGBT of Ukraine parrainé par l’ambassade des USA, comme on peut le voir sur son site internet. (6) Plus anecdotique, mais néanmoins typique du mélange des genres qui caractérise l’époque : ce n’est plus une Marylin Monroe que l’empire américain envoie en tournée dans le cadre de son soft power pour soutenir le moral des troupes et l’effort de guerre, mais un travesti ukrainien, Verka Serdutchka, de son vrai nom Andriy Danylko, pour chanter « Russia Goodbye ! » avec son groupe à paillettes évoquant l’univers des drag-queens. (7) De l’autre côté de la frontière, les Polonais commencent à comprendre ce qui se trame dans le Pandémonium ukrainien voisin, et dans quel enfer il les entraîne avec le régime de Bruxelles – UE et OTAN associées. Évidemment, ce n’est pas sans quelques précautions oratoires, pour ne pas se faire accuser d’être un « espion russe », mais quelque chose se passe dans l’opinion publique polonaise au-delà des cercles assez restreints d’organisations antimondialistes telles que Rodacy Kamraci, Falanga, Zmiana ou Konfederacja. Un fort courant d’opposition à la guerre est en train de naître – qui est tout aussi bien opposé au wokisme – dont le mouvement Stop Amerykanizacji Polski de Leszek Sykulski et la manifestation à Varsovie du 21 janvier 2023 ne sont que les prémices. (8) Symptomatique de cette évolution des mentalités en Pologne, le 13 octobre 2022, le média catholique Polonia Christiana commentait un article du site d’informations Do Rzeczy (L’essentiel) sur la progression du LGBT en Ukraine, y compris dans les milieux nationalistes (bandéristes), dont voici une traduction. (9)

L’arc-en-ciel bandériste, avant-garde du mondialisme ? La guerre avec la Russie changera-t-elle l’Ukraine sur le front LGBT ?

« Kiev préfère signer un pacte avec la gauche occidentale plutôt que d’être victime de l’impérialisme de Moscou. C’est pourquoi le patriotisme ukrainien prend de plus en plus les couleurs de l’arc-en-ciel. Ainsi que les néo-bandéristes », écrit Maciej Pieczyński dans l’hebdomadaire Do Rzeczy. (10)

Le publiciste souligne qu’une partie de la droite polonaise craint que l’Ukraine, sous l’influence de l’Occident qui la soutient, ne devienne un « poste avancé du mondialisme », un « rempart du gauchisme » sous cette latitude.

De l’avis des milieux cités par l’éditeur, la cause primordiale de la guerre en Ukraine était l’EuroMaïdan, une révolution pour défendre le cours pro-occidental du pays. « Les Ukrainiens sont peut-être la seule nation au monde où des gens sont morts pour l’Union Européenne avec le slogan « L’Ukraine en Europe ! » (Україна – це Європа !) sur les lèvres. La Russie a attaqué pour rendre ce parcours impossible. Cela signifie-t-il qu’en Ukraine, il y a une guerre entre, d’une part, l’alliance du mondialisme et du libéralisme de gauche, et, d’autre part, le conservatisme ? Moscou aimerait beaucoup que les conservateurs ukrainiens et occidentaux (y compris polonais) croient en cette vision simpliste », souligne-t-il.

L’auteur de Do Rzeczy nous rappelle que les relations homosexuelles étaient interdites en URSS, et que l’Ukraine a été la première des anciennes républiques soviétiques à lever cette interdiction. Malgré l’adoption par les autorités du pays en 1996 d’une loi fondamentale dans laquelle le mariage était défini comme « l’union d’un homme et d’une femme », on assiste depuis l’EuroMaïdan à un net « virage à gauche » sur cette question en Ukraine, dont la responsabilité incombe notamment à l’ancien Président ukrainien Petro Porochenko, qui a « déclaré publiquement qu’il n’avait rien contre une Gay Pride à Kiev. (…) En réponse à une pétition des opposants au défilé, il a déclaré qu’il partageait leur inquiétude, mais qu’il avait l’intention de construire une société tolérante, démocratique et européenne en Ukraine », rapporte le chroniqueur.

Maciej Pieczyński note qu’au départ, le président Volodymyr Zelenski n’a pas pris de position claire sur l’idéologie LGBT. Cela a changé avec le début de l’invasion russe en Ukraine.

« Alors qu’en Russie la propagande de l’homosexualité est criminalisée, en Ukraine, l’idéologie arc-en-ciel s’infiltre – officieusement, mais néanmoins – jusque dans les rangs de l’armée. Déjà en 2018, une ONG appelée Soldats LGBT a été créée sur le fleuve Dniepr pour apporter un soutien aux soldats non hétérosexuels. Après le 24 février, les médias ont souvent publié des histoires de gays et de lesbiennes en uniforme. D’une part, les soldats homosexuels ont affirmé que, contrairement à l’opinion publique, ils voulaient eux aussi se battre pour leur pays, et d’autre part, ils ont déclaré se défendre contre l’homophobie venant de Russie. Le profil officiel de l’Ukraine sur Instagram a soutenu les gays qui combattent dans l’armée », poursuit l’article de l’hebdomadaire Do Rzeczy.

Ukraine : une guerre si parfaite, par Bruno Mégret

L’auteur de Do Rzeczy rappelle également qu’au début du mois de juin, la militante LGBT Anastasija Sovchenko a publié une pétition sur le site web du président ukrainien pour la légalisation du soi-disant mariage homosexuel. « Selon la loi, il fallait au moins 25 000 signatures pour qu’elle soit prise en compte. La pétition a été signée par quelque 28 000 personnes. En réponse, M. Zelenski a fait remarquer que la légalisation n’était pas autorisée par la constitution, et que la constitution ne devait pas être modifiée en temps de guerre. Cependant, il a trouvé une autre solution légale. Il a chargé le gouvernement d’étudier la possibilité d’introduire des partenariats civils », rapporte-t-il.

« Le fait est, cependant, que sans les renseignements, les équipements et l’aide financière des États-Unis, de l’OTAN ou de l’UE, cette résistance aurait été vouée à l’échec, et Poutine aurait très probablement atteint les objectifs de l’opération militaire spéciale depuis longtemps. En politique étrangère, rien n’est gratuit. L’Ukraine, qui espère être soutenue par l’Occident et accueillie dans les salons occidentaux, doit montrer qu’elle adhère aux mêmes valeurs européennes que l’Occident. Non seulement la démocratie, mais aussi une compréhension spécifique des droits de l’homme. En revanche, cela ne suscite pas autant d’émotions sur le Dniepr que la question de l’indépendance ou de l’intégrité territoriale. Pour le dire au sens figuré : les Ukrainiens ne renverseront pas Zelenski pour l’introduction des mariages homosexuels, mais ils le feront certainement pour avoir cédé à la Russie. Donc, si le premier s’avère être une condition préalable au soutien occidental, alors le choix sera évident », souligne Maciej Pieczyński.

Lucien Cerise
25/02/2023

(1) « Le show biz défend les droits LGBT à la télévision publique polonaise mais pas au Qatar » https://www.ojim.fr/lgbt-pologne-show-biz/
(2) « Loi Czarnek : le LGBT envahit la Pologne » https://visegradpost.com/fr/2023/01/19/loi-czarnek-le-lgbt-envahit-la-pologne/
(3) « Tweet du secrétaire général à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie » https://www.nato.int/cps/fr/natohq/news_143802.htm?selectedLocale=fr
(4) « Diversipedia 2.0 : updated website to promote cultural diversity in Ukraine » https://ukraine.iom.int/news/diversipedia-20-updated-website-promote-cultural-diversity-ukraine0
(5) « Le bataillon Touran, un nouveau venu en Ukraine » https://cf2r.org/actualite/le-bataillon-touran-un-nouveau-venu-en-ukraine/
(6) « Union of the LGBT military of Ukraine » https://lgbtmilitary.org.ua/eng
(7) « Verka SERDUCHKA 2022 NEW!!! – Russia Goodbye! (LIVE) » https://www.youtube.com/watch?v=N4RJD69ProI
(8) « Protest antywojenny « To nie nasza wojna » | Warszawa 21.01.2023 » https://www.youtube.com/watch?v=fbDMPDrZBy4
(9) « Tęczowi „banderowcy” forpocztą globalizmu ? Czy wojna z Rosją zmieni Ukrainę w przedmurze LGBT ? » https://pch24.pl/teczowi-banderowcy-forpoczta-globalizmu-czy-wojna-z-rosja-zmieni-ukraine-w-przedmurze-lgbt/
(10) « Tęczowi « banderowcy » » https://dorzeczy.pl/swiat/355402/pieczynski-ukraincy-wola-gejrope-niz-raszystow.html

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