Notre État vient de déchoir de leur nationalité française un Franco-Marocain et une Franco-Turque pour avoir préparé des opérations terroristes islamistes en leur second pays : la France.
Comme on le voit, au moins la parité est-elle respectée.
Le premier, Karim Kinali, 32 ans, a été condamné, en 2019, à sept ans de prison pour un projet d’attentat déjoué quatre ans plus tôt, à Orléans. Ses cibles ? Des policiers, des gendarmes, le préfet local et même une centrale nucléaire. Pas exactement un projet de vol à l’arraché, donc.
La seconde, Unzîle Nûr Sert, 25 ans, a quant à elle écopé de cinq années de prison, en 2017, pour un autre projet d’attentat, lui aussi déjoué à Paris, visant une salle de concert, deux bistrots et un centre commercial. Si les avocats de l’un demeurent discrets, ceux de l’autre, Maîtres Vincent Brengarth et Xavier Nogueras, sont plus prolixes : « Notre cliente a payé sa dette à la société en exécutant sa peine il y a plusieurs années et est maintenant parfaitement réinsérée. Cette déchéance n’a d’autre finalité que celle de l’affichage politique. »
Si « affichage politique » il y a, il est bien discret. Logique, quand on ne décompte que dix-neuf décisions de déchéance de nationalité depuis 2019, selon le ministère de l'Intérieur, soit à peu près entre 3,8 et 4,75 déchéances tous les... douze mois, selon qu’on compte en années pleines ou pas.
Voilà qui amène néanmoins à s’interroger. Pour des personnes ayant décidé de prendre les armes contre la France, être déchu de leur passeport tricolore devrait être vécu comme une sorte de décoration. On comprend donc mal ce fétichisme de la nationalité venant de gens estimant que cette dernière n’a finalement que peu de valeur, chaque « sans-papiers » étant éligible à son obtention. Dans un monde sans frontières, ce précieux sésame ne vaut rien, puisque la Terre entière est en droit de le posséder. En revanche, lorsque leurs petits protégés sont susceptibles de la perdre, c’est le drame. Faudrait savoir. Ce bien est-il vraiment si précieux ?
Si oui, Karim et Unzîle auraient dû le chérir. S’ils ont voulu faire périr ceux qui le leur ont offert, c’est qu’ils n’en avaient finalement que faire. Quand on monte sur un bateau afin de le couler par le fond, qu’on échoue et qu’on saute par-dessus bord, est-il bien logique et, surtout bien noble, de se scandaliser qu’on ne vous jette pas de bouée de sauvetage ?
Les terroristes internationalistes de jadis, ceux de la faucille et du marteau, précédant ceux du croissant, ceux d’Action directe, des Brigades rouges ou de la Fraction armée rouge, avaient au moins la décence de ne pas pleurnicher sur l’éventuelle perte d’une nationalité qu'ils méprisaient. Comme quoi tout fout le camp. Même l’ancienne, quoique relative, dignité des poseurs de bombes.
En février 2016, François Hollande annonçait qu’il ne se représenterait pas à l’élection suprême, ce qui était alors parfaitement compréhensible, n’étant même pas sûr de voir ses frais de campagne remboursés - 5 % des voix, c’est peu. Mais pour lui, ça équivalait un peu à escalader l’Himalaya sur un scooter, en charentaises et bob Ricard™ sur la tête. Lors de son allocution, il reconnaissait néanmoins un seul regret : avoir évoqué la déchéance de la nationalité française pour les binationaux convaincus de terrorisme.
« Je pensais qu’elle pouvait nous unir alors qu’elle nous a divisés. […] C’était une erreur », assurait-il. Ah bon ? On ne voit pas très bien en quoi, mais puisqu’il le dit... En attendant que le pays soit en voie d’unification (pari pas tout à fait gagné à l’heure où ces lignes sont écrites), qu’il se rassure, cette vraie bonne-fausse idée paraît donc être encore un peu d’actualité.
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