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mardi 27 septembre 2022

Scandales sexuels en chaîne à LFI : vers la chute de la maison Mélenchon ?


 Nicolas Gauthier 26 septembre 2022

Naguère patron incontesté de La insoumise et figure tutélaire de la NUPES, Jean-Luc Mélenchon serait-il bousculé en interne ?

Ça y ressemble bigrement, depuis son soutien maladroit à Adrien Quatennens, suite à une gifle administrée à sa future ex-épouse. 

Longtemps, ses foucades (« La République, c’est moi ! » et « La police tue »), même si elles faisaient lever les yeux au ciel de ses plus proches fidèles, s’arrangeaient immanquablement, le chef ayant, par définition, toujours raison.

Il est vrai qu’alors, mouvement et groupe parlementaire étaient tenus d’une main de fer, malgré une organisation prétendue « gazeuse ». Seulement voilà, « nous arrivons aux limites du gazeux », ose affirmer Clémentine Autain sur BFM TV, le 29 août dernier. Et ça sent d’autant plus le gaz que Jean-Luc Mélenchon a commis la grave erreur de laisser penser que sa succession était ouverte en ne se représentant pas à la députation. Ses moyens de rétorsion contre d’éventuelles brebis galeuses s’en trouvent réduits d’autant. Il n’est donc plus qu’une sorte de président d’honneur dont on commence à remettre en cause à la fois la présidence et l’honneur.

Et c’est ainsi que ce qui a souvent été évoqué sur ce site – sa formation à l’OCI, trotskisme tendance lambertiste – éclate désormais au grand jour. D’où cette révélation qui n’en est pas vraiment une, dans Le Parisien du 24 septembre, signée Laurence Rossignol, vice-présidente socialiste du Sénat, qui a fait ses armes dans un autre courant trotskiste rival, celui de la Ligue communiste révolutionnaire fondée par Alain Krivine : « Personne n’échappe à son passé. Jean-Luc Mélenchon a été formé à l’OCI, qui était viriliste et antiféministe. Au milieu des années 1970, lorsque les mouvements féministes bousculaient les organisations de gauche et d’extrême gauche, l’OCI était hostile au mouvement des femmes et à l’organisation autonome des femmes. Donc, je ne suis pas surprise », balance-t-elle.

Il est indéniable qu’à l’époque, les lambertistes tenaient antiracisme, féminisme et des homosexuels ou du pour des « dérives bourgeoises ». Le rôle de ses rares militantes consistait avant tout à assurer le repos du soldat. Éric Coquerel, désormais président de la commission des finances, même si ancien de la LCR et déçu du chevènementisme avant de rejoindre LFI, fait partie de cette vieille école. D’où ses rapports à la gent féminine qui lui valent maintenant les soucis qu’on sait. D’où, encore, ce problème générationnel agitant à la fois NUPES, EELV et LFI, ses principales composantes.

Si, chez de nombreux trotskistes, le sexe n’était que récréation d’après collage et baston, il se pratiquait aussi sans complexes chez les Verts. Celle qui ne couchait pas au premier regard était tenue pour vierge coincée, en proie à des préjugés bourgeois d’un autre âge. Le premier à n’avoir pas compris le changement d’époque fut Denis Baupin, débranché par les Verts en 2017 après avoir participé à une campagne contre les violences faites aux femmes (photo de lui rouge à lèvres à l’appui) pour ensuite se faire rattraper par la brigade des nouvelles puritaines – dont Sandrine Rousseau, déjà – pour harcèlement sexuel.



Résultat ? Manon Aubry, ancienne protégée d’un Mélenchon qui l’a propulsée en tête de liste aux élections européennes de 2019, utilise la même expression que Clémentine Autain : « Ce sont ses mots, pas les miens. » Des militantes LFI signent la tribune du collectif Relève féministe et font part de leur « consternation », « dégoût » et « colère ». Mathilde Panot, autre de ses chouchoutes, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, se fait pour le moment un peu plus conciliante, estimant qu’Adrien Quatennens, de facto écarté de la succession du parti, ne doit pas démissionner de son mandat de député. Étrangement, Sandrine Rousseau (LCI, 23 septembre) aurait presque tendance à jouer l’apaisement. Car il y a tant d’enjeux sur la table ! « J’ai envie de dire à Jean-Luc Mélenchon qu’il a beaucoup évolué sur bien des sujets, notamment sur l’écologie, plaide Sandrine Rousseau. […] Il a ouvert des meetings sur l’hymne des femmes pendant la campagne. Souvenons-nous de ça ! » Effectivement, les goûts musicaux ne sauraient se discuter.

Là où ça se complique, c’est avec la mise à l’écart forcée de Julien Bayou, patron de EELV et vice-président du groupe écologiste au Parlement, accusé par la même Sandrine Rousseau de « violences » à l’égard de son ex-compagne. Au train où ces gens s’épurent les uns les autres, on sera bientôt dans Dix Petits Nègres. À la fin, il n’en restera qu’un ou une. Et pas forcément Jean-Luc Mélenchon. Si, même à l’extrême gauche, on ne respecte plus les vieux, c’est vraiment à désespérer de la France.

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