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mercredi 28 septembre 2022

Agnès Pannier-Runacher a des principes. Mais on achète du gaz à l’Azerbaïdjan…


 

Georges Michel 27 septembre 2022

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique et étoile montante de la Macronie, a réponse à tout. 

Interdire les jets privés, rapport au sauvetage de la planète ? N’importe quoi ! Car ça ne « résoudra pas 99,9 % du problème », avait-elle déclaré, le 30 août dernier, sur le plateau de France Inter

Ce qui est probablement vrai. Boycotter la Coupe du monde de football au Qatar ? Vous n’y pensez pas ! « Je ne crois pas que le fait de boycotter la Coupe du monde change malheureusement les émissions de gaz à effet de serre de cet événement », affirmait-elle, sans doute encore avec raison, le 11 septembre, au « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI ».

En plus, en 2010, lorsque la décision fut prise d’attribuer cette timbale footballistique à ce merveilleux pays, on était « dans un autre contexte climatique », nous dit celle qui appuie toute son argumentation sur la « science » et « les experts », comme elle ne cesse à chaque intervention médiatique de le rappeler. Ah bon ? Et Chirac qui déclarait, en 2002, « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », c’était aussi un autre « contexte climatique » ? Cet argument, d’ailleurs, ressemble furieusement à celui tenu pour la fermeture de Fessenheim : la décision a été prise par d’autres, il y a bien longtemps, maintenant, on ne peut plus rien faire, le coup est parti, vous comprenez… En plus, faut bien voir qu’« il y a des équipes qui se préparent depuis des années », expliquait tout aussi gentiment Pannier-Runacher qui a l'esprit sportif. Bon, et les droits de l’homme, les conditions dans lesquelles des milliers d’ouvriers ont bossé sur le chantier et tout ça, c’est aussi un autre contexte ? Visiblement, ce n’est pas le sujet. Et puis, c'est « compliqué », comme l'expliquait, la semaine dernière, Olivier Véran sur RTL.

Ce 27 septembre matin, Agnès Pannier-Runacher était l’invitée de Sonia Mabrouk sur 1. Mécanique impeccable, le kit du « J’ai réponse à tout » sous le bras, science et experts à l’appui. Agnès Pannier-Runacher déroule les éléments de langage comme d’autres déroulent du câble. Un métier !

Mais tout à la fin de l’entretien, Mabrouk l’attend à un virage délicat pour la prendre en caponnière : l’ et « l’adéquation entre nos principes et nos besoins », sans doute histoire de voir comment l’artiste va s’en tirer sur ce sujet épineux. « Nous sanctionnons la Russie pour avoir agressé l’Ukraine et, en conséquence, nous devons trouver des alternatives au gaz russe, mais ça ne dérange pas l’ d’avoir choisi l’Azerbaïdjan qui est en train de s’essuyer les pieds sur la souveraineté arménienne. » Aïe !



Un très très léger blanc, quasi imperceptible, et Pannier déroule : « Alors, moi, je le redis, l’Europe, elle a condamné et elle est toujours très claire sur ses principes… » La journaliste l’interrompt : « Elle est pas aussi claire sur le gaz. » Runacher passe alors la troisième au volant de sa machine à éléments de langage : « Elle est très claire en matière de droits de l’homme. Elle est un des rares continents à porter cette voix de manière continue. Elle est un des rares continents à prendre ses responsabilités et pas seulement sur la Russie en matière de droits de l’homme et je pense que c’est une force et je suis fière d’être dans un qui supporte l’ [NDLA : nous aussi, nous la supportons !] et qui supporte ces principes qui sont essentiels pour nos démocraties. » Donc, on achète du gaz à l’Azerbaïdjan. Fin de l’entretien.

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