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vendredi 23 septembre 2022

[Édito] Éoliennes de Saint-Nazaire : C’est tellement simple, la démocratie au temps du macronisme


 Marc Baudriller 22 septembre 2022

Alors que les températures commencent à descendre, les Français se préparent à subir le sort de la cigale qui, ayant chanté tout l’été, « se trouva prise au dépourvu lorsque la bise fut venue ». 

Sauf que les Français n’ont pas chanté tout l’été. Un autre a poussé la chansonnette à leur place... 

Celui qui a chanté le démantèlement de l’énergie nucléaire en France durant près de dix ans sous les lambris de l’Élysée, auprès de Hollande et désormais au pouvoir, celui qui a écouté le chant des sirènes vertes au point de plonger dans la mer encombrée d’éoliennes pour les rejoindre, comme les marins d’Ulysse, c’est le président de la République. Le même qui célèbre sur place, à Saint Nazaire, ce 22 septembre, comme l'analyse aujourd'hui Clémence de Longraye, « un jour heureux dans des temps difficiles ».

La joie du président de la République devant les mâts qui défigureront le paysage marin durant des décennies est tout de même troublée. Pas par la stupéfaction des habitants à qui les entreprises, dûment citées une par une par Macron ce 22 septembre, avaient promis des mâts presque invisibles, non. Devant… la résistance farouche de ces Français qui avaient été lucides. « Ce parc éolien que nous venons de visiter est opérationnel, mais cela a pris plus de dix ans », regrette le Président. Les éoliennes produiront 5 % de l’électricité dans les jours les plus froids, enchaîne-t-il. On aurait plus de 5 % si on avait été plus vite. « On le voit bien, cela ne peut pas être totalement satisfaisant […]. Nous avons besoin de réduire les délais […], explique le Président. Tout cela arrive dans un jour compliqué et prend encore trop de temps. »

 

 

 

C’est que le programme d’installation est chargé. Peu importe les râleurs. À Belfort, en février dernier, Macron avait fixé l’objectif : il s’agissait d’équiper la France d’une cinquantaine de parcs éoliens en mer en quelques années pour arriver à produire 40 gigawats en 2050 !

Car nous sommes, paraît-il, « en retard », expliquent en chœur le pouvoir et les écologistes. Retard, que de crimes on commet en ton nom ! Le retard est au progressiste aveugle ce que l’hélice est au sous-marin. Un moyen de propulsion indispensable pour avancer dans l’obscurité. En France, l’éolien produit 8 % de notre électricité, le nucléaire en produit 70 %. En Allemagne, le vent génère 20 % de l’électricité. Donc nous sommes en retard, affirment les écologistes et la Macronie qui les écoute. Le même tandem a réussi à faire dérailler la politique énergétique de la France, celle que nous enviait, justement… l’Allemagne. Le même tandem écolo-centriste a fait de l’Allemagne un nain énergétique ultra-dépendant de ses voisins et acculé à une faillite énergétique depuis le conflit avec la Russie. En Allemagne, ce même tandem fait tourner ses centrales à à plein régime, précisément parce qu’elle a misé sur le vent et non sur le nucléaire. Un bel exemple, en effet. Aveugles, sourds et pressés, nos progressistes sont incorrigibles.

La France pourrait étudier, à tout le moins, quelques alternatives : l’exploitation « propre » des gaz de schiste en France aurait diminué notre dépendance énergétique, plaidait Arnaud Montebourg dès 2014. Cette exploitation aurait créé au passage, selon l'ex-ministre du Redressement productif, entre 120.000 et 255.000 emplois. De son côté, Yves d’Amécourt, ancien conseiller général, maire et conseiller régional du Mouvement pour la ruralité, assure que « la solution est sous nos pieds. Le gisement de Moselle, par exemple, qui est du gaz de charbon (du grisou), a une empreinte carbone dix fois moins importante que le gaz en provenance de Russie et quatorze fois moins importante que le gaz en provenance des États-Unis. » L’idée vaut peut-être simplement une étude sérieuse ? Pas question à ce jour. Pourtant, le Royaume-Uni, pragmatique, s'engage sur cette voie.

Face à l’impasse créée par sa politique énergétique délétère et par le conflit ukrainien, Macron impose sa solution, toujours la même : tordre le bras des Français qui s’opposent à la destruction de leurs paysages et multiplient les recours légaux. Il suffit de changer la loi, répond Macron. C’est tellement simple, la démocratie, au temps du macronisme.

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