Le 5 juillet, François Braun, nouveau ministre de la Santé, déclarait que la réintégration des soignants non vaccinés n'était pas « à l'ordre du jour » ».
Le 11 juillet, il répétait ses propos en annonçant que des « éléments objectifs seront présentés sur cette question fin octobre sous l'égide des autorités de santé ».
Le 12 juillet, lors des questions au gouvernement, je l'interrogeais à ce sujet. Là encore, porte close.
Soignants non vaccinés : @BeneAuzanot évoque "Ubu au ministère de la Santé". > "C'est, pour des négatifs au Covid, l'interdiction de travailler car non-vaccinés, et pour des positifs, le droit d'entrer dans l'hôpital au motif purement administratif qu'ils sont vaccinés". #QAG pic.twitter.com/tTBNHKmA5g
— LCP (@LCP) July 12, 2022
Puis, le 13 juillet, cette fois devant le Sénat, François Braun annonçait : « Je me suis engagé à saisir les autorités de santé sur cette question particulière. » Et pas en octobre ou à la rentrée, mais « dans les jours qui viennent ».
Pourquoi ce revirement, cette hâte subite, hier inutile, impossible, mais soudainement nécessaire ? Entre le 12 et le 13 juillet, les oppositions ont rejeté à l'Assemblée nationale l'article 2 de la loi dite sanitaire. La volte-face vise donc à calmer les esprits et à faire une démonstration de bonne volonté auprès des sénateurs pour que eux acceptent cet article 2 imprécis qui permet le rétablissement du passe sanitaire entre la métropole et les outre-mer ainsi qu'en Corse.
Dix mois environ après l'entrée en vigueur de l'obligation vaccinale pour le personnel hospitalier, 12.000 agents sont toujours suspendus, parmi lesquels, à en croire le ministre, 500 infirmiers. Admettons ces chiffres, même s'il n'est pas interdit de les considérer comme approximatifs, voire minimisés.
Cette suspension n'obéit à aucune considération scientifique.
Dans ce débat, certains médecins sont convoqués depuis un an au banc des faux témoins. Leur tâche est rude. Comment justifier l'exclusion d'agents non vaccinés et négatifs au Covid alors que, depuis janvier, le ministère autorise que des vaccinés malades et porteurs de symptômes aillent travailler ? La mission est impossible. Alors, on déclare que « tout laisse à penser que » la charge virale est moins forte et dure moins longtemps chez un vacciné malade. Moins forte ? Moins durable ? Et alors ? La transmission reste cependant possible.Un autre argument cher à Olivier Véran, et des plus odieux car dressant les soignants les uns contre les autres, a été longtemps mis en avant. Les agents vaccinés ne voudraient pas du retour des moutons noirs « qui les ont laissés tomber » alors que eux affrontaient l'épidémie. Las ! En juin, un sondage a annoncé qu'une majorité d'agents vaccinés espéraient le retour de leurs collègues.
Le sujet n'est ni médical ni social. Il est politique et François Braun, par sa volte-face, le démontre. L’État macroniste refuse d'admettre avoir détruit sans raison valable la vie de plusieurs dizaines de milliers de Français, les 12.000 agents et leurs familles. Le macronisme ne peut l'admettre car ce serait révéler sa motivation profonde : l'obligation vaccinale des soignants – et des autres métiers « au contact du public » - participait du bourrage de crâne de l'opinion publique. En deux ans, nous sommes passés de l'annonce d'un vaccin efficace, fiable et de longue durée à la réalité d'un vaccin qui ne fonctionne plus au bout de seize semaines, qui n'empêche ni d'attraper le virus ni de le transmettre. Il reste aujourd'hui l'affirmation que le vaccin protège les plus fragiles contre les « formes graves ». Ce qui n'empêche cependant pas les décès de vaccinés, sans doute atteints de formes légères…
Au-delà de la question du vaccin, cette affaire s'avère un autre témoignage de ce qu'est le macronisme. Diviser, fracturer, désigner des boucs émissaires à l'opinion publique. Dans le cas des soignants, la méthode est encore plus méprisable. Les métiers du soin sont rarement choisis par hasard. Ils exigent une vocation ou au moins une dilection pour aider autrui. Priver des milliers de soignants de leur vocation, les mettre au rebut telles des machines obsolètes, imaginer que les employés sont interchangeables est étranger au bon sens, au sens commun, et reflète une volonté d'uberisation de la santé.
Que répondront les « autorités de santé » à François Braun ? Elles ont docilement défendu, durant deux ans, le port du masque obligatoire comme moyen de juguler l'épidémie. Et voilà que, le 11 juillet dernier, décidément une date propice, le professeur Delfraissy, président du Conseil scientifique, déclarait que « le port du masque obligatoire aurait un impact modéré sur l'épidémie » et qu'il n'était pas nécessaire de « l'imposer à tous » ». Allons bon !
Alors, quelle sera la réponse des « autorités de santé » ? Et sera-t-elle impartiale ? Une chose est sûre : s'il existait une raison valide, tangible, forte, sûre à cette non-réintégration des soignants non vaccinés, elle nous aurait déjà été donnée.
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