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mercredi 20 juillet 2022

Une magistrate à la tête de l’IGPN : des policiers réagissent !


 
 
 Geoffroy Antoine 19 juillet 2022
 
Agnès Thibault-Lecuivre, ancienne magistrate, va être nommée mercredi 19 juillet à la tête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).
 
Jusqu’alors, la « police de la police » était dirigée par des policiers. 
 
Cette nouvelle nomination risque donc de mettre de l’eau dans le gaz à l’heure où les relations entre la Justice et la police ne sont pas vraiment au beau fixe. Provocation ? Humiliation ? Mesure politicienne pour calmer l’ardeur anti-flic de La France insoumise ? Nous avons demandé à des policiers quel était le sens, à leur avis, de cette nomination inédite.

La vigilance est de mise !

Denis Jacob est le secrétaire général du syndicat Alternative Police, syndicat rattaché à la CFDT. « Il ne me semble pas que l’inspection de la Justice soit dirigée par un policier… », dit-il. Le passé professionnel de Mme Thibault-Lecuivre l'inquiète. Denis Jacob rappelle qu'« elle a passé plusieurs années de sa carrière dans un tribunal qui n’est pas réputé pro-flic, le tribunal de Bobigny ». C’est effectivement ce tribunal qui avait condamné six policiers à des peines de prison, dont certaines ferme, après que les fonctionnaires avaient été accusés d’injures racistes. C’est également le tribunal de Bobigny qui avait condamné un policer à deux mois de prison avec sursis pour avoir « giflé une interpellée », alors même que l’accusé s’était défendu de tout geste intentionnel, l’interpellation s’étant faite dans l’agitation. Pour Denis Jacob, « il y a donc des appréhensions évidentes sur les directives que Mme Thibault-Lecuivre va donner quand elle va prendre la tête de l’IGPN ». Il ajoute qu'« il s’agit surtout d’un signal politique fort vis-à-vis de ceux qui, comme LFI, prennent systématiquement position contre les policiers ! »

Une provocation de la part de Gérald Darmanin ?

Nommer une magistrate à la tête de l’Inspection générale de la police n’a évidemment rien d’anodin. Alors que les forces de l’ordre connaissent plus de difficultés que jamais dans l’exercice de leurs fonctions, quand plus une semaine ne passe sans qu’un équipage de police ne soit agressé, caillassé, insulté, l’institution policière se plaint régulièrement d’une Justice trop laxiste. Pour Mathieu Valet, porte-parole du Syndicat des commissaires, « c’est plutôt vécu comme une marque de défiance que comme une marque de confiance ». Selon lui, l’actuel climat de violence que connaît la France devrait donner lieu à d’autres priorités. « Avec la vague d’ensauvagement que connaît le pays, on est étonné de voir une décision de ce type. Il n’y aura aucune plus-value à cette nomination ; ça ressemble d’ailleurs bien plus à une opération de communication. » Certains observateurs voyaient dans une IGPN traditionnellement placée sous la houlette de policiers une forme de complaisance vis-à-vis des forces de l’ordre. Mathieu Valet répond : « Nous sommes les fonctionnaires les plus contrôlés de la fonction publique, il n’y a jamais eu quelconque forme de complaisance de la part de l’IGPN qui diligentait déjà ses enquêtes avec des magistrats. »

Pour les syndicats de police, la nomination d’Agnès Thibault-Lecuivre à la tête de l’IGPN ressort davantage d'une mesure symbolique et politicienne que d'une provocation vis à vis des gardiens de la paix. Selon ces élus, la décision de Darmanin ne devrait pas amplifier le climat anti-flic qui règne dans l’Hexagone. Mais certains policiers, en off, affichent un avis diamétralement opposé. « Ce n’est pas bon pour nous », lâche un membre de la brigade anticriminalité affecté à Marseille. Un gendarme en poste en Île-de-France ne cache pas sa colère : « C’est une provocation ultime, Darmanin a décider de ch** sur l’institution. »

Les prochains jours diront si la prise de poste d’Agnès Thibault-Lecuivre aura des conséquences concrètes sur le quotidien des policiers. En attendant, la France s’ensauvage à grande vitesse sans que les policiers ne disposent de tous les moyens d’action qu'ils réclament. Le sens des priorités selon Gérald Darmanin...

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