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lundi 30 mai 2022

500 députés pour Mélenchon et Macron : mais où est passée la droite ?


 

 Frédéric Sirgant 29 mai 2022

À deux semaines du premier tour des législatives, la non-campagne bat son plein. 

L'enjambement électoral souhaité par le candidat Macron puis le Président réélu fonctionne parfaitement. 

Même la nomination d'Élisabeth Borne n'a rien troublé, comme le montre un sondage publié, cette semaine, par Les Échos, ce qui est tout de même embêtant pour la majorité. Passe encore qu'Emmanuel Macron soit le premier Président élu ou réélu à ne bénéficier d'aucun état de grâce, mais si même la nouveauté que constitue toujours une nouvelle figure à Matignon ne produit aucun élan, cela peut devenir problématique pour la majorité.

Le même sondage annonce un 26 % (-1) pour Renaissance, la nouvelle étiquette macroniste, et une majorité confortable de 295 à 335 sièges. 26 % : exactement le niveau que lui donne le dernier sondage de Cluster 17, publié vendredi 27 mai. Sauf que là, c'est la NUPES de Mélenchon qui est donnée nettement en tête, avec un impressionnant 30 % et une projection en sièges qui rapprocherait la coalition de gauche de la majorité absolue. Certes, Cluster 17 a par le passé souvent été critiqué par la Commission des sondages. Mais la NUPES est, depuis le coup de maître de Mélenchon qui a su faire fructifier sa troisième place de la présidentielle, constamment donnée entre 25 et 30 %, en première ou deuxième place.

Et la droite, dans tout ça ? Pour Cluster 17, le RN obtiendrait 19 %, LR 10,5 % et Reconquête 6 % (respectivement 21, 11 et 5 pour le sondage OpinonWay publié par Les Échos). La projection en sièges serait catastrophique : entre 50 et 70 sièges pour LR, entre 14 et 34 pour le RN.

D'ailleurs, ses dirigeants semblent déjà avoir intégré cette défaite en passe d'être historique.

Samedi, en campagne dans le Var, Éric Zemmour s'est montré direct : « L’union de la gauche autour de Jean-Luc Mélenchon et de l’ va dépasser allègrement les 100 députés et sera évidemment la principale force d’opposition au macronisme. C’est évident, c’est sûr, c’est déjà réglé, et évidemment le choix fait par Marine Le Pen en particulier, et aussi les dirigeants de LR, est qu’ils arriveront eux-mêmes avec des petits groupes, mais apparemment ils s’en satisfont. » Éric Zemmour s'est posé en Mélenchon de droite incompris : « Moi, j’ai voulu rassembler, comme l’a fait Jean-Luc Mélenchon à gauche, comme l’a très bien réussi Jean-Luc Mélenchon, mais manifestement ni Marine Le Pen ni les dirigeants de LR n’ont voulu ou su en faire autant. »

Jeudi, c’était Marine Le Pen, en campagne en Seine-Maritime, qui avait lancé ses propres accusations : « Si dans un certain nombre de circonscriptions, nous n’arrivons pas en tête, ce sera également le fait [des] candidats [de Reconquête], alors qu’ils savent pertinemment qu’ils n’auront pas d’élus. »

Du côté de LR, on espère résister, comme il y a cinq ans. Alain Marleix, le père du député LR Olivier Marleix et fin connaisseur de la carte des 577 circonscriptions (c'est lui qui fut l'auteur du dernier découpage électoral, en 2010), a confié au Figaro que LR pourrait conserver 85 circonscriptions.

Il n'empêche, pour la droite, après celle de la présidentielle, la défaite serait historique, et si, comme les sondages l'annoncent, les deux blocs Mélenchon-Macron rassemblaient 500 députés, n'en laissant que 80 aux droites divisées, ce serait pour elles une véritable année zéro qui leur imposerait un aggiornamento. Et pas seulement les traditionnels règlements de comptes.

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