Lui-même ancien élève de la promotion Sédar Senghor, Emmanuel Macron brandit l’argument de l’ascenseur social afin que « plus aucun gamin dans notre République se dise : ce n’est pas pour moi ». Pour autant, selon Les Échos, « parmi les 82 élèves admis à l’ENA fin décembre, plus de 36 % ont été boursiers de l’enseignement supérieur, contre 25 % un an plus tôt. La diversité au sein de l’école s’accroît au fil des ans, plus rapidement que dans d’autres établissements prestigieux comme Polytechnique ou l’ENS. » Soit un taux de boursiers en hausse de 50 % depuis un an…
Si le fossé entre les technocrates et le peuple se creuse davantage chaque jour, que cette école forme « des jeunes de 26 ans qui sont brillantissimes mais sans aucune expérience du terrain [qui] se retrouvent à des postes à trop haute responsabilité », selon le député Sylvain Waserman (MoDem) au Figaro, que « les énarques, par leur arrogance, ont mis du leur pour se faire détester », ajoute Gaspard Gantzer, haut fonctionnaire ancien énarque, fallait-il la supprimer ou simplement la réformer comme le pensent, entre autres, Florian Phillipot ou Nicolas Dupont-Aignan ? Dans Le Figaro étudiant, François Asselineau déclare : « Macron veut supprimer l’ENA car les Français critiquent les énarques, c’est totalement démagogique. »
"Des élèves issus presque exclusivement de la bourgeoisie parisienne."
— Ina.fr (@Inafr_officiel) April 8, 2021
Emmanuel Macron doit annoncer ce jeudi la suppression de l’ENA, pointée du doigt pour son manque d'ouverture aux étudiants issus de milieux modestes. Un entre-soi critiqué depuis des années maintenant. pic.twitter.com/dpdvmi0YgO
Rappelons que, par trois fois, Emmanuel Macron avait annoncé la suppression de l’ENA, trois fois il y avait renoncé. Cette mesure intervient en pleine crise des dîners clandestins. Il avait fait la même annonce le 25 avril 2019, en pleine crise des gilets jaunes. L’école, fondée en 1945, devrait être remplacée par une nouvelle formation accueillant des profils plus divers, soit plus inclusive, plus ouverte à la diversité, plus progressiste. La promo 2020-2021 était, selon Isabel Marey-Semper, présidente des jurys de concours de l’ENA, déjà « très diversifiée, bien éloignée des clichés sur la reproduction des élites dirigeantes ». En pleine période de crises sécuritaire, sanitaire, économique ou écologique, pourquoi acter finalement la suppression de cette école déjà en mutation, si ce n’est pour faire diversion et tenter de regagner un peu la confiance des Français ?
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