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mardi 8 septembre 2020

Affaire Obono : nos censeurs se trompent d’époque


 

Le réflexe de l’éditorialiste du Monde appartient à un passé qui ne reviendra pas ! 
« Quand on passe les bornes, il n’y a plus de limites » : le mot d’Alphonse Allais ou d’Alfred Jarry – il est attribué aux deux – s’adapte à merveille à l’éditorialiste du Monde, auteur de longues colonnes vertueusement intitulées « Refuser la banalisation du racisme ».

 Pour défoncer les portes ouvertes et livrer des batailles gagnées d’avance, on peut toujours compter sur les ego boursouflés qui se toisent dans les coursives de notre quotidien du soir.
Les procès perdus et les scandales rédactionnels – le plus énorme reste celui de l’affaire Baudis – ne lui ont pas appris l’humilité. cherche les ennuis et les trouve.
« L’ennui », c’est que le chef d’État a accordé un entretien à Valeurs actuelles l’an dernier et l’a qualifié de « très bon journal ».
On s’étrangle. Eût-il fallu censurer le Président ?
Ou, mieux, qu’il s’autocensure ?
Quand Le Monde apprend la démocratie à Macron, la leçon mérite qu’on s’y arrête.
« L’ennui », poursuit notre grande conscience, c’est que « les jeunes journalistes plus à droite que Marine Le Pen qui animent … » – on admirera le fiel : sur quoi repose cette accusation collective ?  
Le Monde a-t-il obtenu les bulletins de vote des journalistes de Valeurs actuelles ? -, ces journalistes, donc, « … ont micro ouvert en permanence sur plusieurs chaînes d’information télévisée en continu. »
Diable ! Et personne ne s’est avisé de demander au Monde sa bénédiction !

Conclusion de nos bons apôtres de la liberté d’expression : « L’affaire Obono invite aussi à condamner la banalisation dans des émissions généralistes d’une parole extrémiste qui […] contribue surtout au délitement du pays en nourrissant la haine. »
Ainsi, quand Le Monde décrète que telle parole est extrémiste, le journaliste doit être aussitôt couvert de cendre, vêtu d’un sac et jeté hors de la ville.
Notre quotidien du soir si prompt à donner des leçons de liberté d’expression sous tous les continents, à redresser les « fake news » et à se citer lui-même en exemple, devrait réviser ses bases.
En France, la presse est libre.
Cette liberté chèrement acquise est encadrée par la loi du 29 juillet 1881.
Elle stipule que « tout journal ou écrit périodique peut être publié sans autorisation préalable », que la liberté d’expression et la liberté d’opinion sont des principes intangibles dont les tribunaux sont chargés de sanctionner les abus a posteriori.
Les juges détermineront après publication, avec le recul, s’il y a lieu de sanctionner l’hebdomadaire.
Cette loi n’autorise aucun éditorialiste, fût-il au Monde, à écarter définitivement des plateaux les confrères d’un magazine qui ne lui convient pas.
Cette manière de faire est assez courante dans les régimes autoritaires de la planète auquel Le Monde aime à tirer l’oreille.
Un éditorial de ce type ressemble à un vibrant appel à la censure.
Un appel entendu 5 sur 5 par le groupe TF1 qui a choisi d’écarter de ses antennes Geoffroy Lejeune, le patron de la rédaction de Valeurs actuelles.
 Mais jusqu’ici, fort heureusement, aucun autre média ne s’est soumis aussi servilement.
L’incroyable consigne est même ouvertement bafouée chez Europe 1, qui recruterait une autre plume de Valeurs, Louis de Raguenel.
Le bruit médiatique suscité par ce dernier rebondissement est à la hauteur du camouflet reçu par les professeurs de morale à la sauce Le Monde, prêts à dicter le casting des débats dans nos médias.
Et oui, Monsieur l’éditorialiste du Monde, la défense de la liberté d’expression, ce n’est pas l’appel à l’épuration des plateaux de télévision.
La défense de la liberté d’expression, c’est aussi le respect de la politique éditoriale des médias qui n’ont pas à obéir aux diktats d’un quotidien.
La défense de la liberté d’expression, c’est la préoccupation du public, de ces Français qui supportent de moins en moins de se voir dicter par d’obscurs épurateurs les informations, les journalistes, les interprétations, les émissions ou les médias qu’on peut voir et ceux devant lesquels on doit détourner la tête.
C’est tout à l’honneur du président de la d’avoir cherché à parler aux lecteurs de Valeurs actuelles, comme à d’autres tendances de l’opinion.
Et je ne suis pas une zélatrice d’, croyez-moi !
Les régimes qui piétinent ces libertés de base portent un nom, ce sont des dictatures, Monsieur l’éditorialiste.
Il faut, enfin, rappeler aux caciques de nos vieux médias tentés par un confortable caporalisme de l’opinion que le monde a changé.
À l’époque des réseaux sociaux et de l’information simultanée ouverte à presque tous les habitants de la planète, il est devenu illusoire et grotesque de chercher à bâillonner ses contradicteurs.
Le réflexe de l’éditorialiste du Monde appartient à un passé qui ne reviendra pas.
Messieurs les censeurs, bonsoir !

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