Depuis mercredi, le personnel de NextRadioTV, société dirigée par Alain Weill qui contrôle les chaînes BFM (BFM TV, BFM Business) et RMC, est en grève.
Ce qui a provoqué un report du
débat prévu entre les candidates de la mairie de Paris.
Qui, toutes trois, ont apporté à l’unisson leur soutien au personnel du
groupe médiatique.
Un véritable camouflet pour la crédibilité de la
première chaîne info de France, qui la fragilise alors que sa
concurrente
CNews se fait de plus en plus menaçante en ouvrant
largement ses micros aux personnalités souverainistes et populistes,
Zemmour en tête.
Il faut dire que le plan social annoncé par la direction est
particulièrement corsé : un tiers des effectifs poussés vers la sortie,
soit environ 350 postes, et 200 pigistes et intermittents en plus.
La
chaîne, qui devait son succès à un déploiement de moyens largement
visibles à l’antenne, va devoir désormais s’habituer à réduire son train
de vie.
Car Alain Weill a expliqué que le modèle économique des
télévisions est en perte de vitesse, concurrencé par Internet, et que la
pandémie a fait chuter les recettes publicitaires : voilà pourquoi le
plan social ne peut être évité, nous dit-il.
Mais son explication est quand même un peu courte et, surtout,
reporte sur le contexte du secteur et la conjoncture générale les
défaillances propres à la gestion du groupe.
Car NextRadioTV, qui
possède
BFM et
RMC, appartient au groupe Numéricable, dont l’homme fort n’est autre que l’homme d’affaires
Patrick Drahi.
Un ami de Macron, sans qui il n’aurait pu acquérir SFR en 2014 : c’est
le ministre de l’Économie de l’époque, Président depuis, qui avait
autorisé le rachat de SFR par Numéricable, contre l’avis de tous.
Mais
il suffit de suivre attentivement la ligne éditoriale des chaînes de
Drahi et la tonalité des journalistes et des interviews pour comprendre
le pourquoi : Macron a trouvé en Drahi et ses chaînes un formidable
outil de propagande.
Et les gens de droite ne sont pas les seuls à le
remarquer.
Drahi rend, chaque jour, à Macron le coup de pouce qu’il lui a
donné en 2014, par le truchement de ses équipes de journalistes.
Car
jamais Drahi n’aurait pu racheter SFR sans l’aide de Macron : il n’avait
pas les fonds propres nécessaires, son groupe déjà surendetté a aggravé
sa situation en reprenant le téléphoniste grâce aux banques.
Depuis, Drahi traîne un passif monstrueux de 50 milliards d’euros,
pour à peine 10 milliards d’euros d’actifs.
Il accumule des pertes
colossales chaque année, plus de 1,2 milliard d’euros en 2016.
Un patron
de PME qui présenterait des chiffres dans ces proportions serait
immédiatement assigné au tribunal.
Drahi, lui, continue de creuser les
trous, mais aussi de se sucrer sur la bête : il y a peu, on a appris
qu’il a logé ses sociétés dans des immeubles qu’il avait acquis et leur
facture des loyers dans la fourchette haute du marché.
Pendant que Drahi
encaisse, les salariés, eux, dégustent…
Olivier Piacentini
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