Vendredi, jour de la Toussaint, fête d’obligation en France pour les catholiques, Emmanuel Macron n’a pas pu s’empêcher d’envoyer ses « vœux les plus sincères ».
Que Jean-Luc Mélenchon et les adeptes d’une laïcité de stricte observance se rassurent : pas aux catholiques de France mais au peuple algérien, à l’occasion de sa fête nationale.
Était-ce bien nécessaire ?
Certes, en ce 1er novembre 2019, une foule immense est descendue dans les rues d’Alger pour réclamer une « nouvelle indépendance » à l’approche de l’élection présidentielle qui se tiendra le 12 décembre prochain. Emmanuel Macron, dans son tweet, rend hommage « à l’esprit de responsabilité en cette période cruciale pour son avenir » et souhaite que « nos amis algériens relèvent par le dialogue, en toute liberté les défis futurs ».
Avouons qu’on a vu plus puissant et définitif comme paroles historiques.
Alors, était-ce bien nécessaire ?
D’autant que…
D’autant que cette fête nationale algérienne commémore le 1er novembre 1954.
Pour nos médias qu’est-ce que ce 1er novembre 1954 ?
Pour RTL et Le Parisien, le « déclenchement de la guerre contre le colonisateur français ».
Pour Le Figaro, le « début de la guerre d’Algérie qui a abouti à l’indépendance du pays ».
Pour Le Monde, le « début de la guerre d’indépendance ».
Pour Libération, le « lancement de la lutte armée pour l’indépendance ».
Pour L’Express, le « début de la lutte armée contre le colonisateur français ».
Et pour la presse de l’époque, concrètement, précisément, factuellement, que fut ce 1er novembre 1954, célébré aujourd’hui par l’Algérie et, par voie de conséquence, par Emmanuel Macron ?
Citons Le Journal d’Alger du 2 novembre : « Hier, série d’attentats terroristes en Algérie »…
« 30 attentats dénombrés. L’institutrice d’Arris violée. Sept morts ».
L’institutrice d’Arris s’appelait Jeanine Monnerot.
Jeune mariée, elle venait d’arriver de son Limousin avec son mari, Guy.
Communistes, ils s’étaient portés volontaires pour venir enseigner dans ce bout de France de l’autre côté de la Méditerranée.
Guy Monnerot rentra à Limoges dans un cercueil et fut inhumé le 29 novembre au cimetière de Louyat.
Citons aussi Le Parisien libéré du 2 novembre : « Le terrorisme gagne l’Algérie. 30 attentats ont fait huit morts et plusieurs blessés. Trois compagnies de CRS envoyées en renfort. Trois bataillons de parachutistes suivront. »
Parmi les victimes tombées dans cette embuscade entre Biskra et Arris, outre Guy Monnerot, on releva François Braun, un agent forestier, le policier Haroun Ahmed Ben Amar, quatre militaires du contingent (le lieutenant Darneaud, le brigadier-chef Eugène Cochet, les soldats Pierre Audat et André Marquet) ainsi que le caïd Ben Hadj Sadok.
Alors qu’aujourd’hui notre sol reste sous la menace du terrorisme islamique, était-il bien nécessaire d’envoyer des vœux à l’occasion de ce jour qui célèbre le « déclenchement de la révolution contre l’occupation française », en clair, qui fête le lancement d’une vague d’attentats, d’assassinats de personnes innocentes sur un territoire qui, à l’époque, était la France, comme le rappela, dès le 7 novembre 1954, le ministre de l’Intérieur François Mitterrand ?
Il est vrai que, pour Emmanuel Macron, la colonisation est « un crime contre l’humanité ».
Cette vague d’attentats terroristes fut qualifiée, à l’époque, de « Toussaint rouge ».
La Toussaint 2019 d’Emmanuel Macron, elle aussi, est rouge.
De honte, pour ceux qui se souviennent.
Non, vraiment, ce tweet n’était pas nécessaire.
Georges Michel
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