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mercredi 25 novembre 2015

« État d’urgence » ou communication à coups de bélier ?

                                                    
Le 25/11/2015
Le ministre de l’Intérieur a dû se fendre d’une conférence de presse pour assurer que tout débordement ferait l’objet d’une enquête et, éventuellement, de poursuites.
    
On attribue à Émile de Girardin, fondateur du quotidien La Presse en 1836, une maxime aujourd’hui parfaitement obsolète : « Gouverner, c’est prévoir. »
Depuis quelques décennies maintenant, la philosophie de nos gouvernants peut en effet s’écrire ainsi : « Gouverner, c’est rétropédaler. »
 Comment faire semblant de réaliser aujourd’hui ce qu’on a négligé de faire hier ?
 En singeant l’action.
 En en rajoutant, en en faisant « des caisses » ; des wagons, même.
C’est le zèle des fraîchement convertis, celui-là même qui transforme en terroriste islamiste une paumée qui jouait hier les nymphettes sur Facebook et n’avait jamais ouvert un Coran. François Hollande et ses semblables de tout poil sont des convertis de fraîche date à l’action.
Cette conversion, bien que promise depuis la consécration de la nation à Charlie, en janvier dernier, remonte en fait au 13 novembre 2015 à minuit.
Avant, c’était une promesse qui n’engageait que nous, durs de la feuille.
Le passage à l’acte remonte à huit jours, mais au train de bavures où vont les choses, rien ne dit qu’on passera la fin de l’année.

À y regarder d’un peu près – ce que fait la presse à travers le pays -, l’état d’urgence, ce Patriot Act à la française, semble être surtout un « sésame ouvre-toi » à coups de bélier.
 Il faut rassurer les Français, leur prouver qu’on bouge tous azimuts, qu’on est « réactif ».
La preuve : en une semaine, la police a effectué 1.072 perquisitions en application de l’article 11 de la loi de 1955 sur l’état d’urgence.
Elles se sont soldées par 139 interpellations, lesquelles ont entraîné 117 gardes à vue.
 Si l’on affiche, certes, des résultats avec la saisie de 201 armes et 77 saisies de drogue, la conclusion arithmétique est simple : « Dans environ 90 % des cas, les policiers ont fait chou blanc. »

 Mais ont souvent laissé derrière eux des lieux dévastés et des individus terrorisés et quelquefois même blessés !
 Jusqu’à une fillette de 6 ans, à Nice, atteinte en pleine nuit par l’explosion de la porte de l’appartement familial : les policiers avaient confondu avec les voisins.
 Le Monde a créé sur son site un « Observatoire de l’état d’urgence » pour recenser ce qui apparaît déjà comme des abus.
Certains sont si flagrants, comme la descente dans le restaurant Pepper-Grill, à Saint-Ouen-l’Aumône (on sème la panique au milieu des clients, on casse, on défonce, on piétine, pardon pour le dérangement, au revoir monsieur et bonne soirée), que le ministre de l’Intérieur a dû se fendre d’une conférence de presse pour assurer que tout débordement ferait l’objet d’une enquête et, éventuellement, de poursuites.
  Alors il va y avoir du boulot !
Car entre les erreurs de personnes, les erreurs d’adresses, les délits de faciès et le zèle délirant imposé d’en haut par la panique qui saisit désormais nos marionnettes, l’hystérie sécuritaire va faire des ravages.
D’autant que ces opérations sont menées par une police pressurée depuis des mois, exténuée, à bout de nerfs et à bout de force, et donc potentiellement capable et victime de toutes les bavures.

Comme le confie un haut responsable de la maison au Monde : « C’est de la communication. » Marrant, dites donc, on avait deviné !
 Et le plus grave est que cette agitation frénétique, signe de la névrose totale dans laquelle nous sommes en train de glisser, ne sera d’aucun effet. Sinon celui d’offrir à Daech – c’est déjà le cas à Bruxelles, ville morte – une victoire sur un plateau.

Savoir que dix tarés peuvent rendre la France folle et mettre à genoux des pans entiers de l’économie, ici aujourd’hui et demain dans toute l’Europe, que peuvent-ils rêver de mieux ?

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