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jeudi 19 novembre 2015

Arrivée de migrants en Lot-et-Garonne : le climat se dégrade à Sauméjan

 Publié le 19/11/2015 à 08h33 , modifié le 19/11/2015 à 12h07 par
Arrivée de migrants en Lot-et-Garonne : le climat se dégrade à Sauméjan

La potentielle venue de migrants à Sauméjan déclenche des réactions d’hostilités.
© Photo S. N
 
Une page Facebook antimigrants, du vandalisme : l'ambiance est délétère au village, alors que la date d'arrivée des migrants n'est toujours pas connue
Benoît Faccioni, directeur de l'Airial, le village vacances de Sauméjan, est inquiet.
Il y a une dizaine de jours, les habitants de ce village de 82 âmes ont été informés de l'arrivée de 40 migrants (la date n'est pas encore connue) qui seront logés au sein de son établissement.
 Depuis, « une page Facebook a été créée appelant à refuser la venue de migrants, précise-t-il.
 J'ai peur que les gens ne s'en prennent au centre de vacances. »
Les salariés de l'Airial sont pris à partie depuis plusieurs jours.
« Avec les événements dramatiques de vendredi, les gens font des assimilations directes, regrette Bruno Tarreau, directeur départemental de la Fédération des œuvres laïques (FOL), qui gère l'Airial. Ces personnes ne se rendent pas compte qu'elles mettent des salariés en souffrance. Tous ces propos… C'est déplorable. »

Le maire de Sauméjan, Francis Da Ros, a lui aussi été apostrophé.
 « On m'a pris à partie sur le marché en me demandant si “mes” migrants étaient arrivés. Les gens confondent tout. »
De rumeur en rumeur, certains habitants de Sauméjan ou des alentours n'ont enregistré qu'une partie des informations diffusées.
« Les gens pensent que nous avons choisi de faire venir les migrants à l'Airial, rapporte Benoît Faccioni. Or, nous avons été réquisitionnés par la préfecture. »


« Les armes à la main »

Créée en fin de semaine dernière, la page Facebook contient deux vidéos montrant son créateur. L'homme qui affirme avoir « 25 piges » tient des propos décousus dans lesquels il appelle « à réagir tous les armes à la main et à affronter ce genre de problème. »
Il mentionne les attentats de « Charlie Hebdo » et du vendredi 13 novembre, et reprend sa litanie : « Il faut réagir […], on ne s'en sortira pas sinon. Et là, ils font quoi ? Ils font venir des migrants, là chez nous dans le Lot-et-Garonne, à Sauméjan. Mais tu es un malade ou pas ? »
L'homme va jusqu'à lâcher un virulent : « Sinon, ils vont tous nous bouffer. »
La vidéo s'arrête là, sur le regard perdu du jeune homme. Pourtant, cet appel « à prendre les armes » a trouvé un écho, car 199 personnes ont « aimé » la page.
Certains commentaires vont dans son sens.
Une femme affirme qu'« ici on n'en veut pas, on ne supportera jamais ce qui s'est passé à Calais, ils amènent la violence. En plus, beaucoup ne fuient pas la guerre, ils veulent une vie meilleure chez nous alors que déjà beaucoup de Français sont très pauvres et vivent dans la misère. »
"Encore une fois, il s'agit d'une réquisition de la préfecture. Il faut aussi insister : ces gens sont dans une misère absolue"
Les amalgames s'accumulent.
 Le créateur du groupe interpelle le premier édile du village : « M. Francis Da Ros, maire de Sauméjan, cela ne vous inquiète pas de faire entrer des personnes qui vont nous piller, qui vont semer la pagaille dans nos campagnes ?
Vous y gagnez quoi de faire ça ?

Les locaux de l'Airial visités

 Bruno Tarreau rappelle que si des migrants venaient à Sauméjan « ce ne serait qu'une solution d'immédiateté. Encore une fois, il s'agit d'une réquisition de la préfecture. Il faut aussi insister : ces gens sont dans une misère absolue. Ils veulent traverser la Manche pour aller travailler en Angleterre. Leur seule vraie faute est d'être des pauvres gens. »

 Le directeur de la FOL a eu la stupeur d'apprendre que les locaux de l'Airial avaient été « visités ».
« Rien n'a été volé. Mais des portes et fenêtres fracturées ».
Un message à l'intention de la Fédération ?
Du côté de la gendarmerie, il est difficile d'interdire ce genre d'échanges sur les réseaux sociaux.
Les militaires y gardent néanmoins un œil.
 « Si la teneur des propos relevait d'une infraction, cela pourrait déclencher l'ouverture d'une enquête de gendarmerie », conclut-on chez les militaires.

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