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mardi 10 novembre 2015

Calais : encore des affrontements entre migrants et policiers dans la nuit de lundi à mardi (VIDÉO)

         
Publié le - Mis à jour le 10/11/2015 à 15:12
PAR OLIVIER PECQUEUX
 
 

De nouveaux affrontements ont opposé les forces de l’ordre à des dizaines de migrants, dans la nuit de lundi à mardi, aux abords de la « jungle », en contrebas de la rocade menant au port de Calais.

 Les gaz lacrymogènes ont répondu aux jets de pierre et un important dispositif policier a été mis en place.
Vers 2 h 30, l’accès à la rocade a été fermé.
Des riverains de la route de Gravelines, entre peur et colère, ont attendu toute la nuit le retour au calme.
La circulation vers le terminal ferry a pu reprendre en milieu de matinée.
Comme dans la nuit de dimanche à lundi, lorsque des affrontements entre forces de l’ordre et migrants ont fait vingt-six blessés légers (contusionnés à la suite de des jets de pierre), de nouveaux heurts ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi.

Vers 0 h 30, les riverains de la route de Gravelines commencent à entendre les premiers signes de tension.
 L’un d’entre eux, réveillé en pleine nuit, témoigne : « Nous sommes pris à partie par les migrants, ça se bagarre. On est canardé à coup de cailloux et de projectiles, certains d’entre eux se sont réfugiés dans notre jardin. »
 Vers 1 h, les sapeurs-pompiers de Calais sont appelés au rond-point du commandant Cousteau, près du port.
Un Syrien menace de se donner la mort.
Quelques minutes plus tard, les pompiers sont encore appelés aux abords de la « jungle », où un feu de végétation a été allumé.

Des pierres fracassées, une chaise au milieu de la voie

Dans la zone industrielle des Dunes, proche de la route de Gravelines et de la « jungle » où s’entassent 4 500 migrants selon le ministère de l’Intérieur (ils étaient encore 6 000 voilà deux semaines avant les premiers départs volontaires pour des centres d’accueil partout en France), plusieurs groupes de migrants à pied marchent dans l’obscurité, de retour d’une tentative de passage ou à la recherche d’un poids lourd accessible.
Ils s’engouffrent dans la « jungle » par la rue des Garennes, à peine troublés par les échanges de tirs, quelques centaines de mètres plus loin, entre certains migrants et des policiers.
                



Dans le bidonville, des hommes armés de pierres visent la rocade portuaire.
Juste au-dessus, depuis le pont qui surplombe la « jungle », sous les gyrophares bleus, les CRS répliquent avec des gaz lacrymogènes.
 Tel un festival pyrotechnique, les boules de feu fendent la nuit noire.
Vers 1 h 30, une demi-douzaine de poids lourds est coincée sur la rocade, obligée de s’arrêter sous les dangereux assauts.
En plein milieu de la voie, des pierres fracassées, un meuble et une chaise, qui obligent les conducteurs à de périlleux zigzags.

L’accès au port fermé : trop dangereux

Au port, autour du terminal car-ferry et dans la zone des Dunes, les véhicules de police s’activent dans tous les sens.
 Sortant d’un fourré, deux journalistes d’un quotidien national cherchent le bon endroit pour obtenir des images.
Refoulés par les forces de l’ordre, ils tentent de nouveau leur chance sur la voie rapide.
Trop tard, elle vient d’être fermée.
Sur l’A16, une voiture de police barre l’accès à l’échangeur menant au port.
Trop dangereux.
 Vers 3 h 30, un pompiste à Calais, désabusé, rapporte : « Des camions déviés n’arrêtent pas de passer. Un chauffeur routier polonais affirme avoir mis cinq heures pour faire Douvres-Calais en raison du bazar ici. »

Depuis Calais, l’accès à la route de Gravelines est fermé.
 De l’autre côté, depuis le Fort-Vert (commune de Marck), l’accès en direction de la « jungle » est impossible également.
Un véhicule de police barre la route.
 « Ils n’arrêtent pas de caillasser, c’est impossible d’avancer », clame un agent qui s’attend à une nuit pénible.
 Deux cents mètres plus loin, près du chemin des Dunes qui mène au centre Jules-Ferry où se trouve l’accueil de jour, plusieurs personnes dont on devine les silhouettes ont allumé un feu.
 Les flammes lèchent la route, une épaisse fumée enveloppe le quartier.
Les sapeurs-pompiers de Marck, appelés pour éteindre ce feu, doivent rebrousser chemin car leur sécurité n’est pas assurée.
La situation était en voie d’apaisement ce mardi matin : l’accès à la rocade portuaire a de nouveau été rendu possible en milieu de matinée.

Ces scènes d’émeutes se passent à Calais, plus grande ville du Pas-de-Calais, plus que jamais exposée à la pression migratoire.

Le contexte

Environ 6 000 migrants se trouvent actuellement dans la « jungle » de Calais, le camp toléré par l’État installé aux abords du centre d’accueil de jour Jules-Ferry.
 Des travaux pourl’installation du campement humanitaire de 1 500 places, annoncé par Manuel Valls le 31 août ont débuté début novembre, ainsi que l’augmentation de la capacité d’accueil des femmes et les enfants.
Les départs de migrants à destination de centres dans d’autres régions de France ont également débuté, dans le cadre du dispositif annoncé par le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.
Près de 1 000 migrants auraient déjà été éloignés de Calais.
Début novembre, le tribunal administratif de Lille a contraint l’État à prendre des mesures d’urgence pour améliorer les conditions de vie des migrants dans la « jungle » de Calais.


Il y a actuellement 1 125 membres des forces de l’ordre mobilisés à Calais pour gérer la pression migratoire et assurer la sécurité des installations du tunnel sous la Manche.

 la maire de Calais Natacha Bouchart avait manifesté son souhait de voir l’armée intervenir pour « surveiller » sa ville.



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