Le drame selon M. Valls

                                                    

Le 10/11/2015

Yannik Chauvin

 

Le drame, Monsieur Valls, c’est que la France n’ait plus d’hommes d’État, mais seulement des chefs de rayon.

   

Il faudrait que quelqu’un se dévoue pour expliquer à Manuel Valls ce que l’on est censé faire lorsque l’on est Premier ministre d’un pays comme la France.
Il faut d’abord l’informer que le job ne se réduit pas à être « premier-ministre-des-socialistes-ou-du-moins-ce-qu’il-en-reste-après-sa-brillante-gestion ».
 Non !
 C’est un boulot entier, non dépeçable, non réductible, qui s’adresse à tout le monde, c’est-à-dire aussi bien à ceux qui « pensent bien » qu’à ceux qui renâclent.
Quand on loge à Matignon, on est Premier ministre de la France, on s’occupe des affaires du pays, on n’est pas chef de parti.
 Être Premier ministre, ce n’est pas, non plus, se transformer en meneur de campagne électorale.
 Lorsque Manuel Valls passe sa vie à casser du sucre sur le dos d’un parti politique – toujours le même -, il n’est pas Premier ministre, il est caudillo de parti, il réduit l’honorable fonction qui lui a été confiée à une sorte de « Qui veut gagner des millions de voix » indigne, dont il est le bateleur, le racoleur.
Au passage, et puisqu’il prend sa place, il ridiculise le responsable de son parti, avouant ainsi publiquement que le gars ne fait pas le poids.
 L’heure est grave, nous avertit le tremblant de Matignon : « Ce serait un drame que le Front national gagne une, deux ou trois régions. »
 Un drame ?
 Tiens donc !
 Est-ce un drame pour les Biterrois, d’avoir Robert Ménard pour maire ?
La Corrèze a été dirigée par François Hollande pendant quatre ans (2008-2012) et c’est le département le plus endetté de France : n’est-ce pas un drame ?
 Dans la France entière, en trois ans de gestion socialiste, la dette s’est envolée et le chômage a augmenté de 21 % : il y a, aujourd’hui, 620.000 chômeurs de plus que lors de l’élection de Hollande. Valls s’en fiche puisque, dit-il, le drame, le vrai drame, serait que le FN dirige une ou deux régions !

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Mais où vit-il, monsieur Valls ?
 Sur quelle planète ?
 Ce type nous rebat les oreilles avec les bienfaits de la différence, avec la sacro-sainte liberté d’expression, avec ce foutu « esprit du 11 janvier » qui n’a jamais existé que dans l’imagination dévoyée des communicants et, dans la pratique, il flingue à vue sur tout ce qui lui apparaît comme une déviance, même minime, par rapport à l’idéologie officielle.
Voyez Zemmour, Verdier et les autres.

 Le drame, Monsieur Valls, ce n’est pas que le FN gagne une ou plusieurs régions, c’est l’aveuglement de votre gouvernement, l’hébétude de vos ministres, l’incompétence de vos responsables, tous les jours plus visibles.

Le drame, c’est votre incapacité à tenir une ligne de conduite favorable à la France, ce sont vos reculades incessantes devant les groupes de pression qui vous font peur, vous menant à prendre des mesures hallucinantes comme le don de sang des homosexuels ou la désintégration de l’école, c’est votre aplatissement devant les pétromonarchies en même temps que les vexations gratuites et néfastes à la Russie.

  Le drame, Monsieur Valls, c’est que la France n’ait plus d’hommes d’État, mais seulement des chefs de rayon.