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mardi 10 novembre 2015

Ces maires qui disent « non » à l’accueil des réfugiés

                                                    
 
Le 10/11/2015
 
Il faut être soi-même bien loin de son propre devoir d’État - journaliste ayant cessé d’informer, gouvernants ayant cessé de gouverner, politiques ayant cessé de penser aux Français - pour songer à le leur reprocher.

« Deux communes de Lorraine ne veulent pas des migrants de Calais », titre, lapidaire, L’Express.

La presse tend des micros réprobateurs aux deux maires concernés – celui d’Étival-Clairefontaine, dans les Vosges, 2.600 habitants, et celui de Pexonne, en Meurthe-et-Moselle, 380 âmes -, qui expliquent avec leurs mots simples pourquoi ils s’opposent à l’accueil sur leur commune de plusieurs dizaines de migrants de la jungle de Calais.
« C’est une inquiétude d’un maire qui doit gérer de potentiels heurts entre des gens », dit l’un d’eux.
« C’est à l’État d’assumer ses responsabilités et non pas au maire. Qu’on me prouve qu’on saura maîtriser la situation, j’ai beaucoup de doutes », confie l’autre.
Ils affirment tous deux avoir été mis devant le fait accompli par le préfet qui les a sommés
 « d’accueillir », le gouvernement ayant décidé de désengorger Calais en procédant à un saupoudrage à travers le territoire.
Les deux maires ont dit non.
 Non, non et non.
Personne ne connaît mieux qu’eux leur commune.
« On ne règle pas la misère avec de la misère. »
Si les petites communes rurales souffrent de désertification, c’est parce qu’il n’y a plus de travail.
 Et si, à la télé, les politiques vantent les mérites du repeuplement des campagnes par les migrants, prétendant que ceux-ci permettront par exemple de maintenir les écoles, les Lorrains se grattent le menton : ces trentenaires exclusivement célibataires qu’on leur envoie, ils les imaginent mal assis, cartable sur le dos, sur les petits bancs de bois du cours élémentaire.
 Un accueil forcé est un oxymore.
Et surtout une poudrière en puissance.

Le quinquennat de François Hollande aura été marqué par l’émergence inattendue, chaque fois que celui-ci aura voulu violenter les Français, d’une poignée de maires « non possumus ».
Des petits maires anonymes refusant de plier malgré les intimidations politiques des préfets. Des braves gens devenus des gens braves par la force des choses, des élus souvent sans étiquette, ne faisant montre d’aucune idéologie, les pieds dans le concret et non, comme les autres, la tête dans le concept, animés par le désir de faire leur travail.
Simplement leur travail.
Ce que l’on appelait autrefois, dans un autre monde, une autre vie, le « devoir d’État ».

Leur devoir d’État, à eux, maires ruraux, n’est pas de se faire aussi gros que le bœuf, de prétendre régler la crise des migrants à l’échelon européen, de mettre de l’ordre dans la jungle de Calais, de jouer à l’association caritative à vocation internationale, ni se montrer, avec des airs importants, gentils et généreux en lieu et place de leurs administrés – ce qui serait médiatiquement gratifiant et peut-être intellectuellement satisfaisant – mais de servir leur commune.

 Rien que leur commune.
En l’acceptant avec ses réalités, ses inquiétudes, ses limites.
 Il est des homonymies qui ne sont pas des hasards.
 Dans cette fonction de « maire », il doit rentrer une affection, une écoute, un soin exclusifs d’ordre quasi charnel.
Leur premier souci est leurs administrés.
Comme celui des parents est leurs enfants.

Et il faut être soi-même bien loin de son propre devoir d’État – journaliste ayant cessé d’informer, gouvernants ayant cessé de gouverner, politiques ayant cessé de penser aux Français – pour songer à le leur reprocher.

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