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vendredi 30 janvier 2015

“Au nom d’Allah, vous allez tous mourir”

Jeudi 29 Janvier 2015 à 19:30 (mis à jour le 29/01/2015 à 18:39)
 


Le 17è chambre du tribunal de Bobigny. Les affaires s'enchainent, et les peines prononcées surprennent par leur clémence. Photo © Patrick Iafrate
Reportage. À Bobigny (Seine-Saint-Denis), le deuxième tribunal de France traite du dealer de banlieue jusqu’au multirécidiviste en détention provisoire.
 
 Plongée au coeur de la 17e chambre correctionnelle, chargée des comparutions immédiates.
« C’est quoi ça, pourquoi c’est aussi lent ? », s’énerve, dans un français hasardeux, un jeune homme en baskets et jogging.
Au tribunal de Bobigny, les tensions commencent dès le hall d’entrée.
Une fois passés les portiques de sécurité, deux mondes se mélangent : les visages graves et pressés des avocats en robe contrastent avec les sourires et l’air franchement décontracté des prévenus.
 Dans le hall, deux adolescentes voilées semblent s’amuser avec leurs téléphones.
Attendent-elles d’être jugées, ou soutiennent-elles un proche, un frère ?
 Sous l’oeil d’un avocat blasé, les deux jeunes filles s’adonnent au jeu du “selfie”.

Scène banale d’un tribunal où les destins se croisent.
« C’est le tribunal de la vie », commente un membre du barreau qui termine son café.
« On a de tout ici : du vol avec violence, de la récidive, du voleur de sac à main, du violeur. C’est ça la vie », conclut-il avant de s’engouffrer dans l’un des grands couloirs du tribunal.

Au sein de la 17e chambre correctionnelle, chargée des comparutions immédiates, la machine judiciaire est bien huilée : les dossiers sont apportés en continu à la présidente du tribunal, tandis que le va-et-vient des avocats se poursuit dans une quasi-routine.
Une dizaine de dossiers sont traités chaque après-midi dans cette petite salle d’audience.
Parfois, les dossiers sont simples, comme cet homme, parlant à peine français, et déjà condamné deux fois pour des violences sur son ex-épouse.
 L’accusé comparaît car il ne respecte pas sa mise à l’épreuve et se rend souvent au domicile de son ex-femme, ce que la justice lui a interdit.
« Vous rentrez ça dans votre tête : ne rentrez plus en contact avec votre ex-femme », s’énerve la présidente du tribunal.
 Le procureur réclamait trois mois de prison ferme ; l’ex-mari violent écopera finalement de 150 euros d’amende.
 Les affaires passent, avec la violence pour seul dénominateur commun.

C’est pour cela qu’est jugé Ahmed (le prénom a été modifié).
Âgé d’une trentaine d’années, il ne parle que quelques mots de français.

La présidente se saisit du dossier sous le regard des assesseurs et du procureur.
 Elle lit en silence et lève les yeux au ciel : Ahmed semble être un habitué de la 17e chambre, son casier judiciaire comporte dix-neuf condamnations au total.

Le multirécidiviste, qui ne montre aucun signe de nervosité, est cette fois-ci jugé pour « outrage à l’autorité publique, menaces, violences et résistance à une arrestation en état de récidive ».

 La juge résume brièvement le dossier : « Vous avez menacé les policiers après votre arrestation. Vous avez hurlé, je cite : “Au nom d’Allah, vous allez tous mourir bande de bâtards…”, à l’intérieur du commissariat. L’interpellation se passe mal, vous frappez trois policiers, crachez au visage de l’un d’eux et refusez tout contrôle d’alcoolémie. »

 Silence dans la salle...Lire la suite...

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