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mardi 17 juin 2014

Grève SNCF le jour du bac : un jusqu’au-boutisme qui laisse pantois !











Sixième jour de grève à la SNCF: les élèves s’organisent pour le bac – 16/06 - YouTube thumbnail

Le 17 juin 2014
 


Malgré les appels des uns et des autres, les cheminots ont poursuivi leur grève.


Pas de trêve. Pas de parenthèse. Pas de pitié.
Lundi, pour près de 687.000 lycéens, démarraient, avec la philo, les épreuves écrites du bac.
  Et – au-delà de la question de la légitimité de leurs revendications – ce jusqu’au-boutisme laisse pantois.
 Dans les guerres civilisées, on baisse les armes pour laisser passer les enfants.
La SNCF s’est dédouanée : pour assister les jeunes concernés, on avait prévu « 10.000 gilets rouges », des autocollants « prioritaires », des bus de remplacement.
Parce qu’évidemment, le matin du bac, il est naturel d’être suspendu à un Numéro Vert plutôt qu’à ses fiches de révision – étoile, dièse, si vous voulez des infos, taper 1 –, parce qu’une fois à la gare, il est détendant de pister un hypothétique bus de remplacement qui démarrera on ne sait où et arrivera on ne sait quand.
 Parce que les gilets rouges, tels des pousse-pousse japonais, les ont bien sûr pris sur leur dos pour courir comme des dératés le long de la voie ferrée jusqu’au centre d’examen.
 Parce que la promesse de cet autocollant « VIP » au pouvoir magique a immédiatement tranquillisé leurs parents : « On croise les doigts, mon biquet, avec un peu de bol, tu arriveras à l’heure ! »
Somme toute, peu de lycéens ont été vus ce matin, errant sur les quais.
 Ils étaient coincés dans les embouteillages, véhiculés par un père ou une mère se rongeant les sangs.
Un père et une mère qui sont peut-être de ces 69 % de « Français tentés de lâcher la SNCF », comme titrait Le Dauphiné.

 Qui, selon un sondage IPSOS, pensent que l’ouverture à la concurrence du marché des trains régionaux « serait une bonne chose ».
Qui ont leur claque de ces grèves revenant chaque année aussi inexorablement que la grippe ou la gastro et, comme elles, n’épargnant pas leurs enfants.
Lorsque le service public devient, à tous les niveaux, de plus en plus pronominal et réfléchi – se servir plutôt que servir –, lorsqu’il se retourne comme un boomerang contre l’usager confiant pour devenir un outil de toute-puissance, on ouvrirait bien tout cela à la concurrence étrangère plus rationnelle, moins glandouilleuse, plus efficace… jusqu’à l’échelon suprême : si une Angela ou un Vladimir envoyait son CV, mon Dieu, certains étudieraient volontiers la question.
Sans voir qu’en l’occurrence, l’implacable devise « marche ou crève » de la rentabilité ne mettrait pas seulement à genoux les cheminots, mais tout le réseau ferroviaire de la France.
Si, pour les adolescents, le bac est l’épreuve initiatique qui fait passer dans le camp des adultes, le spectacle que leur offre celui-ci, aujourd’hui, au moment où ils en franchissent le seuil, est édifiant.
 Quel accueil !
 Si l’éducation se fait par l’exemple, on frémit pour l’avenir.
Et les cheminots, tout tournés vers leur qualité de vie à court terme, seraient mieux avisés de s’en préoccuper à long terme : lorsque demain, chenus et mal foutus, ils se présenteront aux urgences, ces enfants-là – œil pour œil, dent pour dent – les enverront froidement faire le pied de grue dans le couloir.


 C’est la grève des médecins.
Pouvez appeler le Numéro Vert, voir avec les hôtesses en « gilet rouge », vous coller sur le front l’autocollant auquel vous avez droit.


Moins efficace qu’un massage cardiaque, mais enfin…


Pas de trêve, pas de pitié, pas de parenthèse.


 C’est tout le sens du service qu’on leur aura transmis.

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