Entre deux maux, choisir le pire : telle pourrait être la devise du Président Macron.
Rien n’est encore officiellement décidé pour Matignon, à l’heure où nous publions, mais le nom du président du CESE (Conseil économique social et environnemental) Thierry Beaudet semble surgir pour occuper ce siège éjectable.
Si cette nomination se confirmait, ce serait une surprise, tant ledit Thierry Beaudet est inconnu du grand public et parfaitement inexpérimenté sur le plan des responsabilités politiques. L’organisme qu’il préside coûte cher : le budget du CESE atteint 46,6 millions d’euros, dont 45 millions d’euros aux frais du contribuable ! Et son utilité est contestée, comme le montrait, en 2023, le sénateur Jean-Louis Masson, qui proposait à nouveau sa suppression pure et simple.
Mais Emmanuel Macron ira donc peut-être y pêcher son Premier ministre : il se serait entretenu avec Thierry Beaudet la semaine dernière, selon TF1 et l’Opinion.
Contre Bardella
Macron et Beaudet étaient faits pour s’entendre. Âgé de 62 ans, Thierry Beaudet s’illustre par une participation active à tous les combats qui détruisent le pays, presque sans exception. Né un 21 avril (on ne choisit pas sa date de naissance…), cet instituteur quitte assez vite sa classe pour la direction départementale de la jeunesse et des sports de l’Orne, où il est « chargé de Jeunesse et d’Éducation populaire » en 1990. Apparemment, il comprend vite le fonctionnement de l’univers particulier des mutuelles.
L’année suivante, il est secrétaire général et directeur des services de la Fédération des œuvres laïques de l’Orne et, sept ans plus tard, en 1998, il est propulsé directeur adjoint de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale (la fameuse MGEN), qui ne se distingue pas par un positionnement particulièrement réactionnaire…
Il en prend la présidence onze ans plus tard, en 2009, et sera élu à la présidence de la Fédération nationale de la Mutualité française en 2016. En 2021, ce professionnel des mutuelles rebondit encore et prend la présidence du CESE, dont il est membre depuis… onze ans. Mission officielle du CESE : « éclairer au mieux la décision publique ». On ne voit pas très bien ce qui, dans ce parcours, justifie un tel éclairage. Sans Thierry Beaudet, les mutuelles poursuivent sur leur lancée idéologique, appelant clairement, en juin dernier, à voter… contre Bardella sans crainte d'ostraciser, au passage, un tiers des électeurs et de leurs adhérents.« L’extrême droite aux portes du pouvoir »
Ce n’est pas Thierry Beaudet qui se scandalisera. Son compte Twitter est militant. Le dirigeant mutualiste rappelle, le 21 janvier dernier, qu’il a marché « contre la loi Immigration » de Darmanin. Ambiance au futur gouvernement…
Le 11 juin dernier, ce courageux combattant du politiquement correct tweete avant une session du CESE : « La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT est essentielle pour faire vivre notre pacte républicain. Nous en discutions aujourd’hui […] ». Ouvertement pro-euthanasie, Beaudet est fermement opposé à tout référendum sur l’immigration mais très favorable aux conventions citoyennes, ces coûteuses palabres utiles pour anesthésier les foules.
On trouve ainsi, sur son compte X, des perles d’originalité conceptuelle et d’indépendance d’esprit. Comme ce tweet épinglé par lui-même : il conduit à une interview du grand homme à La Tribune, propriété de l’ami de Macron, l’armateur Saadé : « Le RN met en danger l’avenir des corps intermédiaires », assure ce mutualiste très militant. Au moment où il s’apprêterait à entrer à Matignon, le constat de Beaudet n’est pourtant pas réjouissant, sur le bilan de Macron : « La sphère politique s’est gravement éloignée de la sphère sociétale, le citoyen éprouve le sentiment d’être réduit à sa condition d’électeur. La démocratie s’épuise, poursuit-il, l’action publique est dans l’impasse. » Diable ! Il n’a pas compris la dissolution, dit Thierry Beaudet, qui « plonge la France dans une crise politique et démocratique sans précédent ». Surtout, il n’est pas rassuré, le président du CESE, car « l’extrême droite est aux portes du pouvoir » - elle l'était pourtant moins que lui-même... - alors qu’elle a « entretenu le racisme, l’antisémitisme, le sexisme, la haine de l’autre, pourchassé les contre-pouvoirs, les droits fondamentaux et l’État de droit », énumère-t-il. Des méchants méchants sont parmi nous.
Le CESE a ainsi un ennemi - le RN - et quelques amis. Le 19 juin 2023, le Grand Orient festoyait officiellement, avec plus de 180 convives, dans les locaux de l'organisme. Le mois précédent, le CESE publiait un avis sur l'euthanasie : elle serait « un acte fraternel au plus haut degré ».
En 2019, le même CESE avait jeté les pétitions déposées en 2013 portant l’opposition de 700.000 Français à la loi sur le mariage homosexuel. La pétition demandait l’ouverture d’un débat. On a évité Lucie Castets ; on aura peut-être pire...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.