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dimanche 24 septembre 2023

Véronique Monguillot, père de Mégane : leur cri du cœur et leur « J’accuse »


 

Frédéric Sirgant 23 septembre 2023

Hasard des calendriers judiciaire et médiatique : entre le roi Charles III à Bordeaux, le pape à Marseille et la blessure d'Antoine Dupont se sont glissés des blessures et des visages qui nous parlent davantage car ils nous parlent de nous. 

Leur histoire pourrait devenir la nôtre, celle de nos enfants, de nos conjoints. Loin de Versailles, du Vatican et des grands enjeux planétaires, c'est notre quotidien, celui de nos rues, de notre société et de sa violence qui se rappelle à nous. Le hasard de leurs chemins de croix respectifs a voulu que l'un et l'autre prennent la parole ce vendredi.

Véronique Monguillot, l'épouse du chauffeur de bus de Bayonne, s'est exprimée après le verdict du procès des deux agresseurs de son mari, condamnés à 13 et 15 ans de réclusion criminelle. Pour elle, le compte n'y est pas. Et les réactions des avocats des condamnés semblent bien lui donner raison : Me Thierry Sagardoytho, conseil de Wyssem M., a évoqué une « décision harmonieuse », selon Le Figaro. Harmonieuse ? Pour Véronique Monguillot, « on marche sur la tête. Notre pays est à la dérive et j'ai la confirmation, ce soir, qu'il est vraiment à la dérive. Je suis en colère. »



On aurait tort de mettre cette réaction sur le compte de l'émotion. Non, l'analyse de Véronique Monguillot correspond malheureusement à la réalité, et qui viendrait le contester s'aveugle ou ment. Oui, la France est bien à la dérive sur le plan sécuritaire et pénal. Et après Bayonne il y a trois ans, l'agression de Cherbourg l'a à nouveau confirmé.

Pour Ludovic, le calvaire a commencé le 4 août dernier, quand sa fille Mégane a été victime d'une agression d'une sauvagerie inouïe qui a également révolté la France entière. Sa fille est vivante mais sa reconstruction sera longue. Elle lui a donné l'autorisation de parler. Il le fait sur BFM au micro de Bruce Toussaint. Lui aussi livre un cri du cœur bouleversant. Mais, spontanément aussi, le propos tourne à l'analyse. Sur la récidive, le risque de récidive, la légèreté des peines, sur une société et des politiques qui exposent des innocents à des loups pourtant bien connus de la Justice. Avec ses mots à lui, il met le doigt où ça fait mal.

« Se taire, c'est créditer ce genre de vermines, ce genre de racailles qui gangrènent encore les rues à l'heure actuelle. Ne rien dire, c'est favoriser tout ce qui peut se passer à l'avenir. Aujourd'hui, c'est ma fille, et demain, ce sera peut-être une autre jeune femme. C'est un processus qu'il faut absolument enrayer. [...] Il faut une prise de conscience du gouvernement pour enrayer cette violence. [...] Je suis réellement très inquiet sur le système. »



Ces victimes deviennent des lanceurs d'alerte. C'est tout à leur honneur. Mais cela en dit long sur la faillite de ceux dont c'est le rôle (médias, gouvernement, institution judiciaire).

La récidive, dans ces deux affaires, est omniprésente. Les agresseurs de Bayonne comme celui de Cherbourg étaient déjà de jeunes récidivistes. Et le désarroi de Véronique Monguillot comme de Ludovic devant une peine de 13 ou 15 ans est pleinement justifié, surtout quand on lit dans Le Figaro les analyses des experts au procès : « Il n'y a aucune empathie. ». La même formule employée pour Oumar, l'agresseur de Cherbourg.

La Justice et le gouvernement devraient vraiment entendre non seulement l'émotion, mais l'analyse implacable que livrent Véronique et Ludovic. Comme le remarquait Gabrielle Cluzel face à Georges Fenech, la parole naguère censurée des victimes au profit des discours complaisants pour les agresseurs relayés par des médias majoritairement à gauche trouve aujourd'hui une réelle écoute dans le pays. Et cette évolution ne pourra que s'amplifier. Surtout, médias et politiques devraient saluer de telles prises de position. Loin d'être enfermées dans un malheur qui les empêcherait de discerner l'intérêt général du pays et de la société, les paroles de Véronique et de Ludovic sont au contraire d'une extrême lucidité.

Si une rupture n'intervient pas rapidement pour mettre un terme aux dérives de la Justice et des politiques pénales - et l'on voit mal comment cette rupture pourrait faire l'économie d'une rupture politique, vu la triste continuité de ces dernières années -, la colère de ces familles, désormais portée par des millions de Français, se transformera en révolte. Cette France populaire attaquée, violée, assassinée par les racailles et dont les justes exigences étaient hier censurées et restent aujourd'hui inentendues n'aura alors que cette issue.

Nos juges et nos dirigeants actuels l'ont-ils compris ?

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