Dóra Dúró est vice-présidente du Parlement hongrois et vice-présidente du parti nationaliste hongrois Mi Hazánk (Notre patrie) dirigé par László Toroczkai. Lionel Baland l’a rencontrée au Parlement hongrois et interrogée pour Breizh-info.
Breizh-info : Pouvez-vous vous présenter brièvement et expliquer comment vous avez débuté en politique et quel est votre parcours politique ?
Dóra Dúró : Je suis Dóra Dúró, vice-présidente de l’Assemblée nationale hongroise, mère de quatre enfants et vice-présidente du mouvement Notre patrie. J’avais 15 ans lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la politique, au moment des élections législatives de 2002, lorsque le gouvernement de droite a été remplacé par un gouvernement de gauche dont ont émané de nombreux échecs et scandales. Puis, en 2004, la Hongrie a adhéré à l’Union européenne et, pendant la campagne, j’ai remarqué un jeune parti [à l’époque, le Jobbik] qui voyait les dangers et les inconvénients de cette évolution, alors je l’ai rejoint. Je suis député depuis 2010 [du Jobbik, puis de Mi Hazánk] et le plus jeune député du Parlement durant deux mandats.
Breizh-info : Vous estimez que le départ de jeunes Hongrois, pour des raisons financières, principalement vers d’autres pays de l’Union européenne, est une « catastrophe démographique et économique ». Comment comptez-vous arrêter cette hémorragie et ramener les personnes qui sont parties ? Vous êtes mère de quatre enfants. Comment la Hongrie peut-elle lutter contre la baisse du taux de natalité ?
Dóra Dúró : La population hongroise diminue régulièrement à un rythme accéléré depuis 1981. Outre la baisse du taux de natalité, l’émigration a également atteint des proportions importantes depuis notre adhésion à l’Union européenne. Les jeunes qui se préparent à fonder une famille ont besoin d’un environnement prévisible. Une proportion importante de Hongrois qui ont émigré vers l’Union européenne pourraient être convaincus qu’il vaut la peine de planifier leur avenir en Hongrie, par des allégements fiscaux spéciaux, des investissements publics dans le logement locatif, une communication gouvernementale axée sur les familles nombreuses et une augmentation des prestations de soutien familial.
Breizh-info : La Hongrie souffre-t-elle de l’immigration en provenance des pays du tiers-monde ? La barrière frontalière anti-migrants érigée dans le sud de la Hongrie est-elle efficace? Le Fidesz de Viktor Orbán lutte-t-il vraiment contre l’immigration en provenance d’Asie et d’Afrique ?
Dóra Dúró : Depuis la crise migratoire de 2015, la Hongrie est confrontée à une pression migratoire accrue. La clôture frontalière, initiée, à l’époque, par l’actuel dirigeant du Mouvement Notre patrie László Toroczkai puis mise en œuvre [en 2015] par le gouvernement hongrois, a pu arrêter la migration de masse, mais, sans une volonté politique, elle ne fait que rendre la tâche plus difficile pour ceux qui veulent nous envahir.
Il est de plus en plus clair que le gouvernement n’est disposé à agir contre la migration que dans la mesure où cela sert ses propres intérêts politiques. Si les intérêts du parti Fidesz au pouvoir en décident autrement, ce dernier libérera des milliers de passeurs arrêtés ou installera des centaines de milliers de travailleurs migrants en provenance d’Asie centrale et d’Extrême-Orient. Nous rejetons les formes légales et illégales de migration et nous devons résoudre nos problèmes démographiques par nos propres efforts.Breizh-info : Que reprochez-vous au Premier ministre Viktor Orbán et à son parti le Fidesz ? En tant que vice-présidente du parlement du parti nationaliste Mi Hazánk, êtes-vous victime de discrimination de la part du parti du Premier ministre Viktor Orbán ? Le parti Mi Hazánk fait-il l’objet d’une discrimination politique, médiatique et judiciaire ?
Dóra Dúró : Le mouvement Notre patrie est extrêmement réduit au silence par le Fidesz et les médias de gauche, tout en étant fortement restreint par des multinationales mondialistes sur les plateformes de médias sociaux. Selon les données officielles de l’État, la présence de Notre patrie dans les principaux programmes politiques de radio et de télévision est de 2% du temps alloué à l’ensemble des partis politiques, tandis que notre soutien au sein de la population est supérieur à 10%. De plus, le président de notre parti László Toroczkai ne peut pas publier sur Facebook et, bien qu’il ait gagné un procès contre Instagram, se voit refuser le rétablissement de sa page Facebook. TikTok a également bloqué nos options publicitaires. Nous sommes donc confrontés à des limitations sur tous les fronts.
Breizh-info : Quelle est la position de votre parti sur la guerre en Ukraine ? La présence de locuteurs hongrois en Ukraine influence-t-elle la ligne politique de votre parti sur la guerre ? Pourquoi votre parti a-t-il voté contre l’adhésion de la Finlande à l’OTAN ?
Dóra Dúró : Le conflit est terriblement préjudiciable aux intérêts européens et la guerre, qui tue des centaines de milliers de jeunes Russes et Ukrainiens, doit cesser immédiatement et à tout prix. Si le prix de la paix est que l’Ukraine doit abandonner les territoires où vivent des russophones qui veulent appartenir à la Russie, alors cela doit être accepté. Les relations économiques avec la Russie, bénéfiques pour l’Europe, doivent être restaurées. Tant que le gouvernement ukrainien continuera à enlever les monuments, les drapeaux, les textes, à interdire l’utilisation des langues minoritaires dans la vie quotidienne, y compris l’éducation et l’administration, à menacer et à terroriser les dirigeants des communautés minoritaires, comme il l’a fait avec les Hongrois, je ne vois aucune chance de soutenir l’Ukraine au sein d’une organisation internationale. Nous n’avons pas vu la Finlande faire l’objet d’une menace justifiant son adhésion à l’OTAN sans le consentement de son peuple.
Breizh-info : Que pense Mi Hazánk de l’adhésion de la Hongrie à l’Union européenne, à l’espace Schengen et à l’OTAN ? Êtes-vous favorables à l’introduction de l’euro en Hongrie?
Dóra Dúró : À notre avis, l’intégration de la Hongrie dans ces organisations internationales ne peut exister que dans la mesure où elle apporte des avantages au peuple hongrois. La profondeur de la coopération européenne a dépassé le niveau acceptable pour la Hongrie. Nous sommes fermement opposés à tout nouveau retrait de compétences qui diminuerait l’indépendance de notre pays et dans le cadre duquel serait dictée de l’extérieur la manière dont les Hongrois doivent vivre.
Nous sommes moins permissifs sur la question de l’intégration au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. L’OTAN n’est actuellement rien de plus que l’instrument le plus efficace des intérêts américains en Europe, qui sont de plus en plus poursuivis aux dépens de ceux des peuples européens. En conséquence, nous pensons que la bonne voie consiste à considérer la sécurité européenne sur une base indépendante et, si nécessaire, de s’éloigner de l’OTAN. Dans le domaine de la politique de sécurité, nous percevons l’Autriche comme un exemple à suivre. Depuis le début de la guerre, l’Autriche et la Hongrie ont fourni une aide humanitaire substantielle à l’Ukraine, mais nous n’avons pas soutenu les livraisons d’armes. Pour nous, le principal critère des questions d’intégration est la préservation de notre souveraineté et de notre autodétermination. C’est pourquoi nous avons récemment commencé à recueillir des signatures pour protester contre le projet de traité de l’Organisation Mondiale de la Santé sur la pandémie, qui pourrait à tout moment limiter le droit des États-nations à agir de manière indépendante pour protéger leurs citoyens en cas d’épidémie. Il est incompatible avec notre point de vue que les intérêts étrangers l’emportent sur la volonté du peuple hongrois.
Breizh-info : La Hongrie a été fortement réduite territorialement à la fin de la Première Guerre mondiale par le traité de Trianon, laissant des minorités dans les pays voisins. Quelle est votre position vis-à-vis de ces locuteurs hongrois ?
Dóra Dúró : Les frontières artificielles ne peuvent pas séparer ceux dont les cœurs battent ensemble. Les Hongrois vivant de l’autre côté de la frontière font également partie de la nation et c’est pourquoi nous soutenons une plus grande intégration de ceux-ci à la mère patrie. Il est du devoir du gouvernement hongrois en place de promouvoir l’identité culturelle et la prospérité des Hongrois autochtones vivant dans des pays étrangers et de soutenir le plus haut degré possible d’autonomie de ces communautés afin d’assurer leur sécurité.
Propos recueillis par Lionel Baland
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En Voilà une qui à pigé l'essentiel du mot Nation et qui à le courage (pourvue que ça dure ! ) de l'appliquer dans sont Pays ; pour une fois l'intelligence est de mise . KC
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