Ndlr. Dans une récente émission « d’information » de la Radios suisse romande, le journaliste en poste et le correspondant à Paris se sont empressés de parler de Geoffroy Lejeune, un des meilleurs jeunes journalistes français (pas de gauche) mais qui dit ce qu’il voit et voit ce qu’il voit, finalement nommé rédacteur en chef du JDD après des semaines de grève, comme un journaliste « d’extrême droite ».
Encore! Mais implicitement, cela veut-il dire que certains de nos journalistes gauchistes sont de mauvais journalistes, ou en tout cas des journalistes aveuglés idéologiquement? Ces journalistes ont-ils lu le moindre article de ce remarquable journaliste? Mais cela ne mérite visiblement jamais la moindre sanction.
Geoffroy Lejeune, 34 ans, ancien directeur de la rédaction du magazine Valeurs actuelles et proche du candidat Eric Zemmour à l'élection présidentielle de 2022, prend ses fonctions de directeur de la rédaction du Journal du dimanche dans un climat très conflictuel entre la rédaction du journal et la direction du groupe Lagardère, propriétaire actuel.
Le JDD de retour dans les kiosques à la mi-août
Sa nomination, annoncée le 22 juin, avait aussitôt déclenché une grève d'une durée inédite de la rédaction, reconduite à la quasi-unanimité pendant 40 jours. Ce mouvement a empêché six week-ends de suite la parution du JDD, institution dominicale en France, dans laquelle les puissants de tous bords se plient régulièrement au jeu de l'interview.
Mais un accord a été conclu pour mettre fin à la grève et le site internet du journal doit reprendre son activité dès ce 1er août, a annoncé dans un communiqué Lagardère, qui table sur un retour dans les kiosques de la version papier «à partir de mi-août».
«L'accord prévoit également la mise en place de conditions d'accompagnement pour les journalistes qui souhaiteraient quitter la rédaction», a ajouté le groupe.
A l'origine de la grève, le refus de la rédaction d'être dirigée par Geoffroy Lejeune, «dont les valeurs sont en totale contradiction avec celles du JDD», et son exigence de «garanties d'indépendance juridique et éditoriale». Même si Arnaud Lagardère, patron du groupe du même nom, s'en défend, nombre d'observateurs voient dans cette nomination la main du milliardaire Vincent Bolloré, accusé par ses détracteurs d’avoir des opinions «ultra-conservatrices».
Vivendi, groupe de Bolloré, est en effet en train d'absorber Lagardère, propriétaire de plusieurs médias français (Le Journal du dimanche, le magazine people Paris Match et la radio Europe 1).
«Nous n'avons pas gagné»
Les grèves précédentes contre les ingérences supposées de l'homme d'affaires, de la chaîne de télévision i-Télé (devenue CNews, propriété de Vivendi) en 2016 à Europe 1 en 2021, se sont soldées par des départs massifs.
Avant sa nomination au JDD, Geoffroy Lejeune dirigeait depuis 2016 le magazine de droite Valeurs actuelles. Il lui a été reproché d’avoir engagé le média en faveur d'Eric Zemmour, sept ans après lui avoir consacré un livre de fiction dans lequel il l’imaginait élu à la tête de l'Etat. Le candidat d'extrême droite a obtenu 7,1% des suffrages au premier tour de l'élection présidentielle, en avril 2022.
Dans une interview accordée en octobre 2020 à l’Institut de sciences sociales et politiques dont Marion Maréchal avait été la directrice, et dont il est aussi proche, Geoffroy Lejeune assumait alors une «volonté de conquête» idéologique et le projet «de faire progresser nos idées dans le débat public, de convaincre des gens (...) y compris dans les autres médias traditionnels», contre la «bien-pensance relativiste, progressiste et mollassonne».
Il lui a été vivement reproché que, sous sa direction, Valeurs actuelles soit condamné pour injure publique à caractère raciste envers la députée LFI (gauche radicale) d'origine gabonaise Danièle Obono, après un dessin la représentant en esclave.
«C'est un immense honneur dans une carrière de journaliste de pouvoir travailler au service d'un titre aussi prestigieux que le JDD. Je le mesure pleinement et souhaite mettre toute mon énergie à la réussite de ce défi», assurait-il le 23 juin après l'annonce de son recrutement, son seul commentaire public jusqu'à présent.
Dans un communiqué publié ce 1er août, la Société des journalistes (SDJ) du JDD a indiqué que l'accord avec la direction avait été signé «dans la nuit de lundi à mardi» et que la fin du mouvement avait été approuvée par 94% de la rédaction.
«Il nous coûte de le reconnaître, particulièrement auprès de nos lecteurs : si nous avons remis sur la place publique l'enjeu de l'indépendance des rédactions, face à notre actionnaire, nous n'avons pas gagné», a souligné la SDJ dans ce texte au ton amer.
«Aujourd'hui, Geoffroy Lejeune prend ses fonctions. C'est dans une rédaction vide qu'il entrera. Des dizaines de journalistes refusent de travailler avec lui et devraient quitter le JDD», a poursuivi la SDJ. Un propos qui devra être confirmé.
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