Le Wyoming veut interdire progressivement la vente des véhicules électriques d’ici 2035

Publié par Jean-Patrick Grumberg le 16 janvier 2023

Alors que des juridictions comme Paris, la Californie et New York s’orientent vers l’interdiction de la vente de voitures à essence, un État américain veut aller dans la direction opposée pour protéger ses emplois et son économie.

L’Assemblée législative du Wyoming étudie une résolution qui prévoit l’élimination progressive des ventes de véhicules électriques neufs d’ici 2035. Présentée vendredi dernier, la résolution du Sénat n° 4 bénéficie du soutien des membres de la Chambre des représentants et du Sénat de l’État.

Dans la résolution proposée, un groupe de législateurs dirigé par le sénateur Jim Anderson affirme que l’industrie pétrolière et gazière du Wyoming, « fière et appréciée », a créé « d’innombrables » emplois et contribué à alimenter les caisses de l’État. Ils ajoutent que le manque d’infrastructures de recharge dans le Wyoming rendrait l’utilisation généralisée des VE « impraticable » et que l’État devrait construire « des quantités massives de nouvelle production d’électricité » pour « soutenir la mésaventure des véhicules électriques. »

La résolution appelle les résidents et les entreprises à limiter volontairement la vente et l’achat de VE, dans le but de les éliminer complètement d’ici 2035. La dernière section demande au secrétaire d’État du Wyoming d’envoyer au président Biden et au gouverneur de Californie Gavin Newsom des copies de la résolution.

« On pourrait dire qu’il s’agit d’une plaisanterie, mais il s’agit d’une question très sérieuse qui mérite un débat public », a déclaré le sénateur Boner, l’un des cosponsors du projet de loi. « Je tiens à m’assurer que les solutions que certaines personnes souhaitent apporter à la soi-disant crise climatique sont réellement pratiques dans la vie réelle. Je n’apprécie tout simplement pas que d’autres États essaient d’imposer une technologie qui n’est pas prête ».

Véritable anxiété économique

• Le Wyoming a produit 85,43 millions de barils de pétrole en 2021, ce qui en fait le huitième producteur de pétrole brut du pays cette année-là.
• Le comté de Carbon, dans cet État, abrite également l’un des plus grands parcs éoliens des États-Unis.
• Seuls les véhicules à essence permettent aux industries et aux entreprises de l’État de transporter des biens et des ressources dans tout le pays.
• Une étude réalisée en 2021 par l’Agence internationale de l’énergie, une organisation intergouvernementale basée à Paris, a calculé que les VE nécessitent six fois plus de minéraux que les voitures conventionnelles, y compris des minéraux essentiels tels que le cuivre, le lithium, le nickel, le cobalt, le graphite, le zinc et les terres rares.
• Un aspect dont on ne parle pas assez lorsqu’il s’agit du changement climatique est la manière dont le monde passe à une économie à émissions nulles : de manière inéquitable, puisque les habitants des zones rurales sont forcément les hôtes des technologies dites « vertes », et de ses conséquences quelques fois désastreuses comme la dégradation des paysages, la pollution sonore, et la décimation des oiseaux.
• Et bien entendu, le problème des déchets liés à l’élimination des vieilles batteries des VE, ce sera aux zones rurales de l’absorber et d’en subir les conséquences, pas aux centres-ville d’où partent la demande et le vote les lois.
  
  Les dirigeants politiques imposeront même des obligations draconiennes, depuis les villes, aux campagnes, puisque les minéraux utilisés dans les batteries électriques ne sont pas facilement recyclables ou jetables, ce qui signifie que les décharges municipales des zones rurales se verront obligées de développer des pratiques pour éliminer ces minéraux de manière sûre et responsable.
• Autrement dit, le poids des contraintes pour rendre plus propres les centres-ville pollués, reposera sur les zones rurales qui ne sont pas polluées.

Finalement, le projet du Wyoming a du sens. Il a au moins le mérite d’engager un débat que les médias faussent par leur parti pris militant, ou veulent décourager par peur que le public ne soit pas si favorable qu’ils veulent que nous le pensions.

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