Monsieur,
m’étant déjà adressé à la misandrine de faction à plusieurs reprises pour lui signifier la somme de mes désaccords, j’ai donc décidé d’écrire directement à l’interprète de “La maladie d’amour” et des “Lacs du Connemara”.
Je me demandais d’ailleurs, considérant l’incurie politique du moment, à quel moment vous alliez revenir dans le débat.
Vous avez donc déclaré, récemment, à propos de l’époux “déconstruit” de la député-enseignante-chercheuse en sciences économiques : “Je me demande ce qu’il lui manque au mari de Sandrine Rousseau. Le pauvre, franchement. Il ne faudrait pas faire une marche pour aider ce pauvre mec ? Mon pauvre garçon, sur quoi tu es tombé ! C’est l’enfer”.
Vous auriez pu tout aussi bien aborder “la virilité du barbecue”, “l’écriture inclusive”, “la gorge qui grattions”, “les yeux qui brulions” ou “le droit à la paresse”, questions évidemment primordiales pour le devenir de notre République, évoquées récemment par celle que nous ne connaissions pas encore voilà un peu plus de deux ans. Mais, peut-être pour avoir chanté “Être une femme”, “Je vais t’aimer”, “Tu te reconnaîtras” ou “Une fille aux yeux clairs”, vous avez cru bon de vous indigner en utilisant ce langage qui est le vôtre et qui ressemble, à bien y regarder, à celui que fredonnent des millions de Français.
Voici quelques mois, je destinais l’un de mes propos hebdomadaires à Alice Coffin qui venait de publier un livre intitulé “Le génie lesbien”. Celle qui est élue Conseillère à Paris et qui défendit la candidature de Rousseau à la primaire écologiste en 2021, suggérait d’éliminer les hommes “de nos esprits, de nos images, de nos représentations”. Je lui avais alors fait part de mon émotion à l’idée que nous ne pourrions bientôt plus écouter Brel implorer Mathilde, Brassens célébrer Fernande ou vous-même regretter vos Marie-Jeanne qui, soit dit en passant, furent aussi un peu les nôtres. Nous pouvons à ce titre nous demander dans la fumée de nos Gitanes et dans les abimes de nos petites sociétés “que sont nos amours devenues et pourquoi nos rêves se sont-ils perdus”. Oui, perdus dans le lacis d’une certaine radicalité et dans l’entre-soi de quelques relais d’opinion qui sont à Lutèce ce que l’aligot est sur l’Aubrac, autrement dit une purée qui file tant qu’elle est chaude (la saveur et la convivialité en moins).
Une vengeance “inclusive” qui ne s’embarrasse en retour d’aucune élégance, d’aucun protocole. En témoigne cette pancarte brandie en plein cortège de la manifestation contre les retraites par Sandrine Rousseau, portant écharpe en bandoulière. La députée, rappelons-le (même si nous pouvons nous demander pourquoi) élue par le suffrage républicain, arbore fièrement un message rédigé en lettres noires sur fond jaune disant : “Sardou ta gueule”. Un peu comme si, profitant du cortège et de l’opportunité qui lui est offerte, elle tenait sa vengeance, de surcroît officielle puisque députée de la République, incontestable car adoubée de façon démocratique, redoutable car bénéficiant, une nouvelle fois, du prisme médiatique.
Imaginons, à l’inverse, une personnalité publique ou un simple quidam, battant le pavé équipé d’un panonceau où serait écrit, désignant implicitement une parlementaire : “Ta gueule Rousseau”. L’outrage serait alors certainement beaucoup moins toléré. Il ferait même l’objet, y compris jusque sur les bancs de l’Assemblée, de débats passionnés, voire corporatistes, concernant le respect que tout un chacun doit à nos députés, le cas échéant offensés par un artiste de variété. Des artistes qui ne s’embarrassent pourtant d’aucune convenance dès qu’il s’agit de dispenser des leçons de morale, d’humanisme ou d’écologie largement relayées par une pensée politiquement et soigneusement calibrée, judicieusement consentie, médiatiquement dispensée.
Voilà pourquoi celles et ceux qui n’ont apprécié ni “Les ricains”, ni “Le France”, ni “Les deux écoles”, ni “Les vieux mariés”, ni “Le rire du sergent”, ni “Le bac G”… vont, à défaut de pouvoir “honnêtement” soutenir Sandrine Rousseau, en profiter pour vous destiner quelques désormais classiques noms d’oiseaux… Raccourci toutefois de moins en moins fréquenté par celles et ceux qui sont contraints de choisir entre le temps des impostures et celui des réalités.
Vous avez donc déclaré, récemment, à propos de l’époux “déconstruit” de la député-enseignante-chercheuse en sciences économiques : “Je me demande ce qu’il lui manque au mari de Sandrine Rousseau. Le pauvre, franchement. Il ne faudrait pas faire une marche pour aider ce pauvre mec ? Mon pauvre garçon, sur quoi tu es tombé ! C’est l’enfer”.
Vous auriez pu tout aussi bien aborder “la virilité du barbecue”, “l’écriture inclusive”, “la gorge qui grattions”, “les yeux qui brulions” ou “le droit à la paresse”, questions évidemment primordiales pour le devenir de notre République, évoquées récemment par celle que nous ne connaissions pas encore voilà un peu plus de deux ans. Mais, peut-être pour avoir chanté “Être une femme”, “Je vais t’aimer”, “Tu te reconnaîtras” ou “Une fille aux yeux clairs”, vous avez cru bon de vous indigner en utilisant ce langage qui est le vôtre et qui ressemble, à bien y regarder, à celui que fredonnent des millions de Français.
Voici quelques mois, je destinais l’un de mes propos hebdomadaires à Alice Coffin qui venait de publier un livre intitulé “Le génie lesbien”. Celle qui est élue Conseillère à Paris et qui défendit la candidature de Rousseau à la primaire écologiste en 2021, suggérait d’éliminer les hommes “de nos esprits, de nos images, de nos représentations”. Je lui avais alors fait part de mon émotion à l’idée que nous ne pourrions bientôt plus écouter Brel implorer Mathilde, Brassens célébrer Fernande ou vous-même regretter vos Marie-Jeanne qui, soit dit en passant, furent aussi un peu les nôtres. Nous pouvons à ce titre nous demander dans la fumée de nos Gitanes et dans les abimes de nos petites sociétés “que sont nos amours devenues et pourquoi nos rêves se sont-ils perdus”. Oui, perdus dans le lacis d’une certaine radicalité et dans l’entre-soi de quelques relais d’opinion qui sont à Lutèce ce que l’aligot est sur l’Aubrac, autrement dit une purée qui file tant qu’elle est chaude (la saveur et la convivialité en moins).
Une vengeance “inclusive” qui ne s’embarrasse en retour d’aucune élégance, d’aucun protocole. En témoigne cette pancarte brandie en plein cortège de la manifestation contre les retraites par Sandrine Rousseau, portant écharpe en bandoulière. La députée, rappelons-le (même si nous pouvons nous demander pourquoi) élue par le suffrage républicain, arbore fièrement un message rédigé en lettres noires sur fond jaune disant : “Sardou ta gueule”. Un peu comme si, profitant du cortège et de l’opportunité qui lui est offerte, elle tenait sa vengeance, de surcroît officielle puisque députée de la République, incontestable car adoubée de façon démocratique, redoutable car bénéficiant, une nouvelle fois, du prisme médiatique.
Imaginons, à l’inverse, une personnalité publique ou un simple quidam, battant le pavé équipé d’un panonceau où serait écrit, désignant implicitement une parlementaire : “Ta gueule Rousseau”. L’outrage serait alors certainement beaucoup moins toléré. Il ferait même l’objet, y compris jusque sur les bancs de l’Assemblée, de débats passionnés, voire corporatistes, concernant le respect que tout un chacun doit à nos députés, le cas échéant offensés par un artiste de variété. Des artistes qui ne s’embarrassent pourtant d’aucune convenance dès qu’il s’agit de dispenser des leçons de morale, d’humanisme ou d’écologie largement relayées par une pensée politiquement et soigneusement calibrée, judicieusement consentie, médiatiquement dispensée.
Voilà pourquoi celles et ceux qui n’ont apprécié ni “Les ricains”, ni “Le France”, ni “Les deux écoles”, ni “Les vieux mariés”, ni “Le rire du sergent”, ni “Le bac G”… vont, à défaut de pouvoir “honnêtement” soutenir Sandrine Rousseau, en profiter pour vous destiner quelques désormais classiques noms d’oiseaux… Raccourci toutefois de moins en moins fréquenté par celles et ceux qui sont contraints de choisir entre le temps des impostures et celui des réalités.
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