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vendredi 16 septembre 2022

Quand Ursula von der Leyen se prend pour la présidente des États-Unis d’Europe…


Nicolas Gauthier 15 septembre 2022

Ce 14 septembre, la présidente de la Commission européenne tenait son désormais traditionnel discours sur l’état de l’Union. 

Enfin, « traditionnel », disons-le vite, cet usage, calqué sur celui des USA, ne remontant ici qu’à 2010, alors qu’il est là-bas la règle depuis le président George Washington, ce qui ne rajeunira personne. 

Alors que la fête d’Halloween ne sévira que le mois prochain, Ursula avait pourtant sorti son plus beau déguisement aux couleurs ukrainiennes. Histoire de faire honneur, sans doute, à Olena Zelenska, épouse du héros du moment : le président Volodymyr Zelensky.

À propos du conflit opposant Kiev à Moscou, nous savons désormais qu’il n’est pas question de lever les antirusses et encore moins de « chercher l’apaisement ». Certains militants sincères de la cause européenne voulaient que naissent enfin une défense et une communes au Vieux Continent. Leurs vœux sont exaucés. Seulement voilà, pas de chance : cette défense et cette diplomatie sont précisément celles de la Maison-Blanche ; ce qui n’était peut-être pas la nature du projet d’origine. Quoique le financement de Jean Monnet, père de cette fameuse construction européenne, par les subsides de la CIA, peuvent nous laisser à penser que le ver était déjà dans le fruit avant même qu’il ne mûrisse et ne devienne manifestement blet.

« Je me tiens ici, devant vous, animée de la conviction que, grâce à notre courage et à notre solidarité, Poutine échouera et l’Europe vaincra », va-t-elle jusqu’à déclarer… Fort bien, mais l’Ukraine ne fait pas partie de l’Union européenne. Les Européens ne font qu’armer l’Ukraine et n’engagent aucun soldat sur le théâtre des opérations ; bref, une « solidarité » et un « courage » tout relatifs…

Et Ursula von der Leyen d’annoncer la prochaine tenue d’une réunion des leaders mondiaux afin de contrer les ambitions de la Chine et de la Russie. Soit, une fois encore, l’agenda de Washington. Le pauvre Emmanuel Macron, qui tente vaille que vaille de faire entendre la petite musique française en ne traitant pas Vladimir Poutine comme un pestiféré, a dû sentir qu’il ne jouait plus exactement dans la cour des grands…

Pis, voilà qui laisse augurer l’idée que cette dame se fait de sa fonction. Présidente des États-Unis d’Europe ? Mais ni ce poste et encore moins cette structure n’existent encore à ce jour. Quant à son homologue futur, Joe Biden, lui au moins a été élu par son peuple ; alors qu’elle, non.

Dans le même registre, cette fois relatif à la politique énergétique européenne, pas un mot sur la France. L’avenir sera renouvelable ou ne sera pas. Priorité sera donc donnée aux pays nordiques ayant tout misé sur l’éolien, sans même un mot sur l’industrie nucléaire française qui, avant d’être mise à bas par nos gouvernements successifs, fournissait pour bonne part l’électricité à la fois aux Français et à nos voisins européens. Seule avancée notable ? Des investissements massifs sur ce prochain d’avenir que pourrait être l’hydrogène ; ce que, par ailleurs, réclame à cor et à cri depuis des décennies…

On notera encore que ce plan répond au nom de REPowerEU. Pourquoi cet intitulé anglophone ? On avait pourtant cru comprendre que la Grande-Bretagne avait repris son indépendance vis-à-vis des structures européennes. Il est donc à craindre que malgré le Brexit, l’Europe soit toujours sous influence anglo-saxonne. Dernier point, et pas des moindres : le dossier de l’immigration. Bienvenue, donc, aux réfugiés ukrainiens, mais également à tous les autres ; européens ou non.

À ce titre, il est étrange de voir cette dame se comporter comme si elle était seule matrone à bord, négligeant le fait qu’en Suède, en Hongrie, en Italie, en France et presque partout ailleurs en Europe, les Européens disent justement non à plus d’immigration. Mais de cela elle semble n’avoir cure. Faire l’Europe, oui. Mais surtout sans les Européens, semble-t-il.

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