Avec une double perspective, croisée: la guerre sur le terrain; et le conflit stratégique global que les Etats-Unis essaient d’organiser contre la Russie – en prenant le risque très clair d’une escalade entre puissances nucléaires. Nous sommes dans une "crise des missiles de Cuba" au ralenti. L'instinct de survie et l'intelligence l'emporteront-ils sur le potentiel d'auto-destruction de l'humanité?
Matin
08h00 : C’est l’histoire d’un pays qui perd pied diplomatiquement parlant et se met à menacer tous azimuts. Le Conseiller du Président à la Sécurité Nationale, Jake Sullivan a menacé la Chine de représailles et d’isolement (sic!) si elle accroissait encore son soutien à la Russie. Et notre cow-boy d’expliquer aux journalistes qu’il a bien l’intention de parler à l’oreille des Chinois – lors de la rencontre de Rome ce 14 mars – pour leur faire comprendre que les Etats-Unis ont de sérieux arguments. Si à Washington on était si sûr de soi, on n’aurait même pas à rouler des mécaniques.
Résumons: l’Afrique s’est majoritairement abstenue de condamner l’attaque russe en Ukraine à l’Assemblée Générale des Nations-Unies; la Chine et l’Inde ne veulent en aucun cas rentrer dans le système de sanctions économiques transatlantique; le Venezuela ne se presse pas pour livrer du pétrole aux Américains qui les ont sanctionnés durant des années; le Brésil et le Mexique veulent garder leurs relations avec la Russie; la Russie a suspendu les négociations sur le nucléaire civil iranien avec les encouragements peu discrets d’Israël; et l’Iran a lancé un missile sur le Kurdistan irakien.
A vrai dire, quand on pense que la nation démocratique, le rule of law, le parlementarisme, la séparation des pouvoirs, l’équilibre des puissances, le capitalisme représentent parmi les plus extraordinaires inventions des sociétés humaines, on est profondément affligé de voir le comportement actuel des Etats-Unis et de toute une partie de l’Europe. Mais comme disait de Gaulle fin juin 1941, avant de philosopher, il s’agit de vivre. C’est une bonne chose que se mette en place un nouvel équilibre des puissances en Eurasie. Il n’est plus tolérable que les Etats-Unis détruisent des Etats existants et laissent s’installer à leur place des situations de chaos. Je ne parle pas seulement de l’Irak, du Kosovo, de l’Afghanistan, de la Libye mais de l’Ukraine, en plein coeur de l’Europe !
Les Ukrainiens ne souhaitaient qu’une chose il y a vingt ans: vivre en paix, hors de la tutelle de Moscou. C’était vrai des russophones comme des ukrainophones. mais tout à leur désir de briser définitivement la puissance russe, les Américains, avec la complicité des Allemands ont tenté de faire basculer l’Ukraine du côté occidental – à l’exclusion de ses liens avec la Russie.
Il paraît que “nous” défendrions la démocratie et la liberté en Ukraine. Nous ne devons pas parler du même pays. Le pays que j’ai visité à fond – au point de pouvoir me représenter chacune des batailles et de me demander en permanence ce que deviennent ces centaines d’Ukrainiens que j’ai croisés, qui m’ont invité à leur table, dont j’ai écouté les récits dignes et terrifiants sur les malheurs successifs du XXè siècle (l’éclatement de l’Autriche-Hongrie pour les Ruthènes, les famines successives des années 1920 et 1930, la collectivisation forcée, la persécution religieuse contre toutes les communautés chrétiennes, catholiques et orthodoxes, la barbarie de la Wehrmacht, le génocide des Juifs, l’atroce guerre de Staline entre 1945 et 1949 pour reconquérir l’ensemble du pays, la morne existence des décennies d’après-guerre, la “catastrophe”, comme ils appellent la perestroïka….).
Et je pense à ce que j’ai vu en Ukraine et qui n’a fait qu’empirer depuis Maïdan: la corruption massive des dirigeants, la folie idéologique des néo-nazis, le taux de prostitution (le plus élevé au monde), plus généralement la misère des femmes exploités par des commanditaires occidentaux de GPA, les liens entre ukrainophones et russophones tissés pendant la période soviétique et déchirés par l’arrogance occidentale.
je n’en peux plus de la suffisance fate de nos dirigeants sans culture et sans aucune empathie pour les sociétés qu’ils dévastent par leurs slogans tout faits et leur honteuse servilité à ce qu’il y a de pire dans la politique américaine.
Voilà, c’est dit!
11h00: L’Inde a fait savoir qu’elle continuerait à acheter le pétrole russe. On se rappelle que le problème que rencontre la Russie, ce n’est pas seulement les sanctions, c’est la question de trouver des acheteurs si la confiance est détruite par la capacité américaine à laisser faire des achats puis imposer des sanctions. Or on apprend que les Indiens et les Russes explorent la possibilité de régler les achats de pétrole en yuan. .
12h00: Les Ukrainiens sont en train de perdre la guerre mais ils se préoccupent d’acheter et d’utiliser la technologie de reconnaissance faciale Clearview lancée par Peter Thiel.
Après-midi
12h30: BHL, qui se trouve à Odessa (photo ci-dessus) avec Maksim Martchenko, extrémiste notoire, ancien commandant du bataillon Aidar?
13h00: “.- @donbassinsider confirme que le missile balistique Toshka-U kiévien qui s’est écrasé ce matin à Donetsk
était bien doté d’une ogive à fragmentation, et précise qu’un de ses 50
conteneurs a explosé lorsqu’il a touché le sol. Si la DCA ne l’avait
pas intercepté, même très tardivement comme cela a été le cas, le bilan
aurait été jusqu’à 50 fois pire, environ.
– L’armée Russe
informe qu’en réponse à cette attaque contre la population civile de
Donetsk, l’industrie de l’armement kiévienne sera prise pour cible par
les projectiles Russes, les Ukrainiens qui y travaillent sont priés de
rester chez eux .”
14h00: “- Les pertes kiéviennes ont sensiblement augmenté dans les dernières 24 heures, passant à 19 mille tués/blessés gaves/disparus et 1 000 prisonniers environ.
–
Dans la région à l’Est de Zaporojie, l’offensive est à l’arrêt. Mais
elle se poursuit a faible rythme le long de la ligne de front des
républiques de Lougansk et de Donetsk.
– A Rovno, dans l’ouest de
l’Ukraine (Est de Lvov), un missile russe a détruit la tour transmettant
la télévision dans la ville”.
15h00: il semblerait que les Russes aient décidé d’envoyer des troupes tchétchènes pour affronter les milices ukrainiennes retranchées dans Marioupol. les images qui parviennent de Volnovakha prise hier par les troupes du Donbass et l’armée russe montrent des rues jonchées de cadavres de soldats ukrainiens. L’armée ukrainienne a perdu mais il règne dans son commandement et dans les milices une mentalité qui fait penser à la Wehrmacht et à la Waffen SS en 1944-45.
16h00 : Ceci est un message spécial pour Boris Jonson et la marine de Sa Très Grâcieuse majesté qui a voulu aider Kiev dans la transformation de Berdiansk en base navale ukrainienne: “Berdiansk. Sur la base navale, la démilitarisation bat son plein. Plus d’une dizaine de navires et de bateaux ont été abandonnés par les marins ukrainiens lors de leur fuite. Et ils ont fui avant même l’apparition des militaires russes. Tous les navires sont en bon état, remplis de munitions et de nourriture. Mais des milliers de marins sont partis quelque part”….
17h00: La question est régulièrement posée de l’efficacité de l’armée russe dans cette guerre. J’entends des observateurs – militaires eux-mêmes – estimer que le renseignement russe avait donné à Poutine une fausse représentation du ralliement des régions riussophones. Je suis un peu sceptique car les régions russophones sont celles où précisément se trouve le gros des troupes ukrainiennes. Et il semble bien que, dès que les Ukrainiens sont mis hors de combat, la population locale manifeste sa sympathie aux Russes. On sous-estime sans doute le mélange de terreur et de fanatisme qui caractérise les troupes kiéviennes.
En admettant cependant que
les Russes aient espéré un scénario plus rapide, tous les experts
sérieux, cependant, n’ont aucun doute sur l’efficacité de l’armée russe.
Je lis par exemple dans une publication spécialisée: “Du point de vue opératif, l’offensive russe a été un exemple du genre : en six jours, les
Russes se sont emparés d’un territoire aussi vaste que le Royaume-Uni, avec une vitesse de
progression plus grande que ce que la Wehrmacht avait réalisé en 1940“.
Trois constats semblent se dégager: 1. L’armée russe évite autant que possible les combats dévoreurs de troupes pour prendre les villes. Elle préfère commencer par l’encerclement et l’appel à la reddition. 2. Il n’est pas du tout sûr que les troupes russes se lanceront à l’assaut de Kiev si les négociations politiques avancent. 3.Le gouvernement russe est familier des analyses stratégiques classiques: la négociation et la guerre peuvent non seulement alterner mais même se dérouler de manière simultanée.
18h00: le porte-parole du Kremlin confirme: “La Russie dispose d’un potentiel suffisant pour mener l’opération militaire spéciale en Ukraine. L’opération se déroule conformément au plan initial et sera achevée dans les délais et dans son intégralité,“
Par contraste, Bill Roggio constate sobrement: “L’armée ukrainienne forme des jeunes hommes pendant trois jours, et les envoie sur les lignes de front. Il est impossible d’apprendre à une personne à devenir un soldat en trois jours et de s’attendre à ce qu’elle survive à ce qui l’attend“.
Soir
19h00: franc éclat de rire. Sur BFM, on s’indigne de la décision de Poutine de confisquer les avions loués par des compagnies russes? C’est “contraire au droit international”. En effet, tout autant que la confiscation de biens russes par les Etats-Unis ou l’UE
21h00: Qu’est-ce qui se cache derrière le maximalisme des négociateurs ukrainiens – pas de concession sans évacuation des troupes russes du pays?
23h00: Traduit de Global Times, journal proche du PCC:
(…) Yang Jiechi a rencontré le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan dans la capitale italienne de Rome lundi pour échanger des vues sur les relations sino-américaines et d’autres questions internationales et régionales d’intérêt commun.
Les analystes chinois ont déclaré que les États-Unis voulaient profiter de la réunion de Rome pour faire davantage pression sur la Chine afin qu’elle serve ses sanctions contre la Russie, mais la Chine ne se laissera pas abuser, et ils ont critiqué l’arrogance de Washington qui impose aux autres pays de suivre inconditionnellement sa stratégie sans respecter les intérêts fondamentaux des autres.
Toutefois, les différences ne permettront pas aux deux premières économies mondiales de couper les canaux de communication, car il existe de nombreuses questions sur lesquelles les deux parties partagent des préoccupations communes. Selon les experts, la rencontre Yang-Sullivan, prévue près de quatre mois après la tenue du sommet virtuel entre les hauts dirigeants des deux pays, démontre que le mécanisme de communication de haut niveau entre la Chine et les États-Unis fonctionne de manière stable et constitue un signe positif pour le monde dans une période aussi turbulente.
Sorry, Jake !
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