L’alliance entre la Chine et la Russie était déjà une réalité, mais à la faveur de la guerre en Ukraine, elle devient chaque jour plus flagrante.
La preuve par Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères qui, après avoir reconnu la part de responsabilités de Bruxelles quant au conflit ukrainien, estime aujourd’hui que le seul chef d’État à même de dénouer la crise demeure le président chinois Xi Jinping.
Un aveu d’impuissance qui en dit long sur les errements des instances européennes en matière diplomatique. Après s’être comportées en vassales des USA, faisant leur l’affrontement sino-américain et repoussant sans cesse les frontières de l’OTAN jusqu’à menacer celles de la Russie, les voilà désormais qui appellent Pékin au secours. En vain et sans grande surprise, il fallait évidemment s’en douter.
Ainsi l’empire du Milieu a-t-il fait savoir, par la voix de Wang Yi, son ministre des Affaires étrangères, que « l’entente sino-russe était solide comme le roc ». Pour résumer, c’est un peu la fin de « la fin de l’Histoire », telle que pronostiquée par l’essayiste américain Francis Fukuyama, avec une planète ayant vocation à se convertir tout entière, après la chute de l’URSS, à la doxa libérale, à l’économie de marché et à une mondialisation heureuse battant pavillon occidental. Seulement voilà, si l’Europe demeure malgré tout une réalité géographique, historique et culturelle, l’Occident n’est, lui, que vue de l’esprit. En effet, que lie la Corée du Sud, l’Australie, Israël, Taïwan, l'Angleterre, le Japon et autres nations toutes plus ou moins affidées aux États-Unis ? Rien. Ou alors, tout au mieux, une simple entente vaguement cordiale, commerciale et militaire ; mais il ne s’agit en aucun cas d’un bloc civilisationnel, au contraire de la Chine et de la Russie.
Et Le Point de finement noter : « Chacune de ces deux nations a fait siennes les revendications de l’autre : les inquiétudes sur l’extension de l’OTAN en Europe de l’Est et la prétention de la République populaire de Chine à annexer Taïwan. » Toujours selon la même source, cet « axe Moscou-Pékin aurait lancé la bataille de Kiev pour détourner Washington du Pacifique, avant de frapper à revers de manière décisive, en mer de Chine et à Taïwan, et d’établir un nouvel ordre mondial ».
Lequel ne serait donc plus bipolaire (USA/Chine) mais à vocation multipolaire ; soit ce qu’appellent de ses vœux la majeure partie des pays de la planète. Pour la Maison-Blanche, ce serait donc un peu la fin d’un monde, mais pas la fin du monde pour autant, malgré l’hystérie médiatique ambiante. D’ailleurs, les nouvelles sanctions économiques américaines prises contre la Russie montrent déjà leurs limites : interdites des réseaux MasterCard et Visa, les banques russes se sont déjà retournées vers un autre système de paiement tout aussi international, le Chinois UnionPay.
Entre autres échanges d’amabilités, et ce, à en croire le South China Morning Post,
quotidien de référence hong-kongais, Xi Jinping aurait même demandé à
Vladimir Poutine d’attendre la fin des Jeux olympiques d’hiver de Pékin
pour lancer son attaque sur l’Ukraine. Dans le même temps, le New York Times
assure que le gouvernement russe aurait demandé une aide militaire à
son homologue chinois ; ce que dément évidemment ce dernier : « Ces derniers temps, les États-Unis propagent constamment de fausses nouvelles à l'encontre de la Chine », à en croire
Zhao Lijian, porte-parole de la diplomatie chinoise.
Bref, l’autoproclamé gendarme du monde ne gendarme plus grand monde. Et il n’y a guère que l’Europe pour déplorer ce nouvel état de fait, fût-ce contre ses propres intérêts.
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