Lors de la cérémonie d’inhumation de Hubert Germain, au mont Valérien, dernier compagnon de la Libération, Emmanuel Macron s’est tapoté les yeux avec son Kleenex™ comme pour essuyer une larme qu’il n’aurait pu retenir.
Pourquoi pas. Même les présidents de la République ont le droit d’avoir un cœur, et ces cérémonies militaires, avec leurs uniformes chamarrés, leurs fanfares, leurs sonneries aux morts, leurs chants traditionnels, leurs défilés au pas et leurs cercueils ceints du drapeau tricolore comme le plus beau des linceuls, sont propres à susciter l’émotion.
Mais avouons qu’il y a un vrai paradoxe, et même un certain cynisme, en ce 11 novembre, à rendre hommage, dans un trémolo de sanglots, à ceux qui se sont battus, dans les tranchées, pour défendre farouchement mètre par mètre nos frontières, et à brader celles-ci allègrement, à s’asseoir sur leur sacrifice, à piétiner leur héritage. « Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie/Ont droit que sur leur tombe la foule vienne et prie »… et que l’on ne fasse pas de ladite patrie une ZAD, un terrain vague ouvert à tout vent.
Pleurer n’est pas toujours un gage d’amour ni fidélité. On a connu des veuves joyeuses – la littérature du XIXe en est peuplée -, suivant à petits pas le convoi, ensevelies dans le crêpe noir et tirant de loin en loin un mouchoir en boule de leur réticule. Avant de se précipiter sur l’héritage pour le dilapider.
Après celles de l’Italie, de l’Espagne, de la Grèce… ce sont aujourd’hui les frontières polonaises qui sont menacées. Qu’a-t-il fait pour anticiper ? Que fait-il pour y remédier ?
La France a toujours excellé pour préparer la guerre passée. En 14, nos soldats avaient des pantalons garance qui auraient été du meilleur effet pour celle de 70. Las, elle en a fait des cibles dans une guerre moderne qui s’était transformée. En 40, nous étions fin prêts, grâce à notre ligne Maginot, pour cueillir les casques à pointe comme autant de trophées. Mais avec le Blitzkrieg, c’est ailleurs que les Allemands ont enfoncé nos lignes. À présent, nous sommes extrêmement vigilants avec les nazis, la réduction ad hitlerum fonctionne à plein, tire tous azimuts. Aucune inquiétude, nous les verrons arriver loin, et tant pis s’ils n’existent plus que dans les fantasmes et les tracts électoraux de la gauche. En revanche, l’idée qu’un autre type de guerre, asymétrique, prophétisé par Jean Raspail dans Le Camp des saints, dont la misère serait le cheval de Troie, ait déjà commencé n’effleure l’esprit d’aucun de ceux qui nous gouvernent.
Cité à comparaître, il y a quelques jours, par l’association Life for Paris, partie civile dans le procès des attentats du 13 novembre, François Hollande a reconnu : « Nous savions qu’il y avait des opérations qui se préparaient, des individus qui se mêlaient au flux de réfugiés, des chefs en Syrie. Nous savions tout cela. » Cette phrase devrait autant faire réagir que la confession d’Agnès Buzyn. Or, donc, au mépris du plus élémentaire principe de précaution, le gouvernement a gardé les portes grand ouvertes et les yeux grand fermés ?
Ce n’est pas Emmanuel Macron qui devrait pleurer, mais la France tout entière, scandalisée par ce que l’on fait subir à ses enfants.
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