Le documentaire «Éoliennes: du rêve aux réalités» est diffusé sur YouTube depuis le 1er juin. Capture d'écran YouTube
Par Entretien FigaroVox Publié hier à 13:10
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN -
Alors que le gouvernement souhaite développer le parc éolien français, un nouveau film documentaire diffusé sur YouTube révèle l'impasse que représentent ces infrastructures. Le réalisateur Charles Thimon en décrypte les limites écologiques et énergétiques.
Charles Thimon est réalisateur et président de l'association Documentaire et Vérité. Il a réalisé le documentaire «Éoliennes: du rêve aux réalités».
Quand il est question d'éoliennes on convoque habituellement les paysages, les décibels ou les oiseaux. Dans ce documentaire explosif, il est davantage question d'indépendance énergétique, du destin d'EDF, des pressions allemandes, d'influence des gaziers, des techniques des fonds de pension ou de Greenpeace… Réunissant d'éminents experts du monde de l'énergie, d'anciens présidents de groupes, des membres d'association et des riverains, ce film lève le voile sur les chapitres les plus méconnus (et les plus palpitants) du scandale éolien.
FIGAROVOX. - Le sous-titre de votre film suggère un écart entre le rêve et la réalité. La transition écologique par les éoliennes se révélerait-elle être une gigantesque illusion?
Charles THIMON. - En réalité, cette histoire commence dès la fin des années 90. Premier exportateur mondial d'électricité, la France bénéficiait d'une énergie propre, abondante et bon marché ainsi que d'un inestimable avantage sur ses voisins. Prié par l'Union européenne et l'Allemagne de briser son monopole, EDF s'est privatisé, les fournisseurs alternatifs sont apparus, l'usager est devenu client. À mesure que le nucléaire devenait honteux, le rêve d'une énergie 100 % renouvelable embaumait les cœurs. Certains politiques y trouvèrent l'occasion d'accréditer leur volontarisme vert. D'autres y virent surtout une opportunité d'amasser sans risque des fortunes. Avec un bénéfice net d'exploitation de l'ordre de 30 % et une rente garantie pendant 20 ans, la tentation était trop forte. Fonds de pension, gaziers et pétroliers n'y résistèrent pas. Depuis, ces groupes prospectent le territoire à la recherche de communes nécessiteuses… Le tout avec la bénédiction de l'État.
De la facture d'électricité à la pompe d'essence, rien n'est trop beau pour financer les renouvelables. En 2018, la Cour des comptes avait évalué les dépenses déjà engagées dans le photovoltaïque et l'éolien à plus de 120 milliards d'euros… Le tout pour environ 8 % de notre électricité. L'ironie de l'histoire veut que ces 120 milliards correspondent au coût historique de construction du parc nucléaire français qui fournit depuis une trentaine d'années plus de 70 % de notre électricité !
Barbara Pompili a récemment déclaré que l'implantation d'éoliennes était «vitale» dans la bataille pour l'emploi. Remettez-vous aussi cela en cause?
Tout à fait. Moins de 1 % des éoliennes installées en France ont été fabriquées par des constructeurs nationaux. Plus de 90 % du matériel est importé, et hormis la maintenance, une fois construites les éoliennes nécessitent très peu de main-d’œuvre. Ajoutez à cela le fait que les emplois créés dans les «green jobs» s'évaporent souvent aussi vite que cessent les subventions (comme on a pu le voir en Allemagne et en Espagne) et vous comprendrez que l'on est en droit de mesurer son entrain vis-à-vis des 20.000 emplois que cette filière se flatte d'avoir créé.
Alors comment expliquez-vous le consensus politique autour des éoliennes?
Symbole d'écologie et de modernité, les éoliennes se sont en quelques années imposées dans notre imaginaire collectif. Tout concourt à les rendre sympathiques. Mais cet amour lointain ne résiste guère à l'analyse du terrain. Les personnes ayant un a priori favorable de l'éolien ne sachant pas combien celles-ci produisent, durent, coûtent et mesurent… Peut-on se baser sur une méconnaissance pour prendre les virages énergétiques que le monde de demain réclame?
Comme l'électricité française est déjà décarbonée à plus de 90 %, on a rhabillé en « politique climatique » une subvention massive d'éoliennes et de panneaux solaires dont le résultat climatique est nul.
Charles Thimon
De leurs aveux même, nos concitoyens souffrent d'un grave déficit d'informations sur ces questions pourtant essentielles. En réalité, les éoliennes moins on en sait, plus on les aime (1). Portant la véritable écologie au cœur, des dirigeants, des experts et des riverains nous ont permis de dresser un bilan, qui s'avère à bien des égards plus tragique encore que ce que nous avions pu imaginer.
Alors que le réchauffement de la planète est l'un des enjeux principaux du XXIe siècle, faut-il balayer d'un revers de main la question des énergies renouvelables?
Absolument pas. Remplacer du charbon par de l'éolien ou du pétrole par du solaire est tout à fait souhaitable. Seulement, comme l'électricité française est déjà décarbonée à plus de 90 %, on a rhabillé en «politique climatique» une subvention massive d'éoliennes et de panneaux solaires dont le résultat climatique est nul, puisque cette électricité se substitue à une autre, le nucléaire, qui produit deux fois moins de CO2 sur l'ensemble de son cycle de vie (2). Un tel aveuglement aboutit par exemple à ne pas se demander si ces milliards ne seraient pas beaucoup plus efficaces s'ils étaient consacrés à l'isolation des bâtiments, à l'agriculture ou aux transports.
Votre documentaire brise-t-il un tabou ?
En réalité, une importante quantité de chercheurs, d'organismes indépendants, d'experts et d'associations se sont ces dernières années élevés pour dénoncer les dommages collatéraux dont les éoliennes se rendaient responsables. Ne calquant pas avec le sens de l'histoire, leurs critiques n'ont pas imprimé sur l'opinion. On se croyait en retard, on n'a pas voulu voir.
Aux questions de propriétés physiques, de coûts comparatifs ou de balance commerciale, les médias ont privilégié les dimensions esthétiques et ornithologiques, alors que les problématiques causées par leur développement sont autrement plus vastes. Le film tâche ainsi de parcourir l'ensemble du spectre, revenant en détail sur les questions démocratiques, fiscales, géopolitiques ou financières…
Les éoliennes révèlent-elles une fracture entre le peuple et les élites?
La principale fracture est territoriale: 8 Français sur 10 sont urbains. À partir du moment où l'on n'est pas concerné par l'implantation d'un parc éolien, difficile de s'intéresser en profondeur à la question et par extension de s'opposer !
Bénéficiant d'une image positive auprès des médias et des décideurs, les éoliennes ne sont en définitive que très rarement envisagées sous l'angle de la science ou de l'économie.
Charles Thimon
La deuxième fracture est fiscale. Depuis l'irruption des Gilets jaunes, de nombreux rapports officiels ont pu démontrer que ce sont bien les ménages les plus modestes et les ruraux qui paient le plus lourd tribut à cette transition (3). Tour à tour bousculés dans leur cadre de vie et surtaxés pour financer le massacre de leur propre environnement, la taxe carbone aura pour beaucoup été la goutte de trop. Sans rien légitimer, tâchons au moins de le comprendre et de l'expliquer.
La dernière fracture est idéologique. Bénéficiant d'une image positive auprès des médias et des décideurs, les éoliennes ne sont en définitive que très rarement envisagées sous l'angle de la science ou de l'économie. Quand il est question de ce totem, les questions de fond sont la plupart du temps évacuées. Tout ce qui limite ou contrecarre l'évangile est systématiquement tu ou biaisé.
Ne craignez-vous pas que le film soit qualifié de complotiste ?
(rires) L'accusation de complotisme sera certainement la plus commode à brandir pour les promoteurs éoliens. Difficile pour eux de faire autrement. Le bilan comptable est là, sévère et implacable. La réalité est déjà suffisamment désespérante pour qu'on évite d'en rajouter: nous n'avançons que des faits. Portant la véritable écologie au cœur, les éminents experts réunis dans ce documentaire (parmi lesquels on retrouve Jean Marc Jancovici, Henri Proglio ou Antoine Waechter) nous permettent d'apporter de la clarté dans la confusion. Nous offrant la possibilité d'enfin distinguer le réel de l'idéologie: toutes les analyses du film sont disponibles en libre accès.
Ce documentaire gênera à l'évidence beaucoup de monde. Est-ce pour cela qu'il est diffusé gratuitement sur internet, et non à la télévision ?
Pour se hisser à hauteur des enjeux et garantir une certaine liberté de ton, nous avons choisi de demeurer le plus indépendant possible. Près de 1.000 personnes ont contribué à notre association. Comme beaucoup d'autres, ils ont fini par comprendre que le moment était venu d'en finir avec cette rente inutile qui, à force de brasser du vent, risque bien de récolter la tempête.
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