Au pays des moules-frites, la mayonnaise ne prend plus.
Dans l’art savant de l’alchimie multiculturelle, le royaume de Belgique est en passe de transcender l’enfant du pays, René Magritte, le maître du surréalisme. Aux oubliettes, le célèbre Ceci n’est pas une pipe ! Place, aujourd’hui, à « Ceci n’est pas un voile. »
Pour pourvoir au poste de commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, et sur proposition de la secrétaire d’État à l’Égalité des genres, à l’Égalité des chances et à la Diversité, l’écolo Sarah Schlitz – entre nous, un poste avec un tel concentré de qualificatifs progressistes ne peut être attribué qu’à une écolo ; fermons la parenthèse -, Ihsane Haouach a été choisie, « pour ses qualités professionnelles et son parcours, pas pour un symbole particulier ».
Mais de quel symbole s’agit-il ? Oh ! un détail qui peut passer inaperçu à notre époque inclusive, qui fait partie de plus en plus intégrante du paysage ou, pis, de l’horizon. Ihsane est voilée et, dans le passé, militait par le biais d’une association culturelle établie dans la tristement célèbre bourgade de Molenbeek « contre les stéréotypes » pour « donner la voix à ces filles qui portent le hijab qui sont assez stigmatisées et discriminées ». « Nous voulons éviter la logique de justification, c’est un choix personnel. Il n’est pas nécessaire de connaître les raisons de ce choix pour les respecter […] et sous prétexte de l’émancipation de la femme, on la prive de quelque chose de crucial dans la vie », prêchait-elle. Du surréalisme, qu’on vous dit ; c’est un peu comme si l’on confiait à Jean-Luc Mélenchon des cours de catéchisme. Et voilà que Magritte tombe en apoplexie, le maître est surpassé, dépassé par sa gauche par l’islamo-écologisme verdâtre.
Du côté des idiotes utiles de l’islamisation et des vaillantes combattantes du patriarcat sexiste genré, les cris d’orfraie ne se sont pas fait attendre. Par exemple, Nadia Geerts, philosophe, militante féministe et Prix international de la laïcité mention spéciale, dont le dernier ouvrage est préfacé par la truculente Caroline Fourest.
Geerts, qui met par ailleurs dans le même sac Génération identitaire et les « identitaires » du CCIF, s’en plaint dans Marianne en dénonçant une « provocation ». Geerts et Cie, à l’instar de toutes ces féministes de comptoir, n’a toujours pas compris que si le laïcisme a fait le lit de l’islam, le progressisme lui chante sa berceuse.Le statut de la femme en islam, en droit, en public, à la maison n’est plus à démontrer ; pour les curieux, les nombreux versets coraniques et hadiths du prophète en font foi. Dans le plat royaume, où le roi et la reine sont traditionnellement parrain ou marraine du septième fils ou fille consécutif dans une même famille, les derniers filleuls en date se prénomment Ali et Haroun, Zaineb pour la reine. Alors qu’une affaire de voile secoue le gouvernement, où l’équivalent de notre RATP qui refuse d’engager une travailleuse ne souhaitant pas renoncer au port du voile se voit condamner par le tribunal du Travail pour discrimination, alors que Mohamed est le prénom le plus donné à Bruxelles, capitale de l’Europe, que le pays a offert sa première députée voilée au Parlement européen, cette nomination vient conforter chez nos amis belges ce sentiment d’islamisation.
Tout est politique, disait Karl Marx, tout est religieux, en islam, et si le voile islamique réussit à merveille l’amalgame des deux, l’islamo-gauchisme en est la quintessence. Mais revenons-en à notre surréaliste : heureux qui comme Magritte qui, alors qu’il peignait sa célèbre pomme verte, le ver n’y était pas encore.
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