Dimanche, des panneaux, bien souvent vierges de toute affiche, encombraient inutilement le devant des écoles.
La démocratie à grandes virées en camionnette sentant bon la colle fraîche et remplie de centaines d’affiches à coller vite, vite, avant que l’équipe du concurrent n’arrive pour les recouvrir a vécu.
La démocratie des salles polyvalentes où les grandes envolées lyriques étaient gâchées par une sono sifflante ou grésillante aussi.
La démocratie du bulletin glissé dans l’enveloppe dans l’ombre de l’isoloir est sans doute morte avec. Car toutes ces cérémonies étaient liées. On y interagissait en vrai, in vivo, physiquement, émotionnellement. On attendait avec impatience les résultats. C’était comme un roman. Notre roman national.
On votait en famille, puis à la soirée électorale, on faisait sauter le bouchon du champagne, quel que fût le résultat.
Le Covid est passé par là. Les réunions sont rares. L’intérêt pour le film a baissé. Il s’est mué, pour beaucoup, en chanson désabusée : On a choisi Fillon, on n’a pas eu Fillon. On voulait Sarkozy et on a eu Flamby. On tenterait bien Le Pen, mais c’est toujours Satan. On parierait sur Zemmour, mais que dit la chanson ? Si tu veux voir Zemmour, ben, tu verras Macron.
Un grand quart des électeurs, pourtant, est allé voter, masqué, civique, obéissant… Il n’a évidemment pas choisi l’aventure. Foin des agitateurs. 5 % pour Mélenchon. Peu d’appétit pour les petits nouveaux. Des valeurs sûres. Les sortants, par exemple. On sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on trouve…
Un brin de révolte, malgré tout. On leur a dit : en 2022, ce sera Macron ou Marine. Ils ont choisi LR. Na !
Les trois quarts des Français n’ont pas voté. Ce qui est grave, ce n’est pas que le peuple ne vote plus. Ce qui est grave, c’est que le peuple n’existe plus.
« Il venait vers moi souriant, les bras tendus. J’ai eu peur qu’on me prenne pour un de ses électeurs », a dit le jeune Damien pour expliquer sa gifle au Président. « Je n’avais rien prémédité. » L’électeur lambda n’avait peut-être pas non plus prémédité de lui en recoller une, dimanche. Peut être s’était-il dit : « Bon, je vais y aller. » Et puis, au dernier moment : « Non, ce n’est plus possible. »
Un peuple divisé et asservi auquel on arrache le candidat qu’il a choisi pour le condamner, auquel on demande son avis pour ne pas le suivre et auquel on ne donne pas la parole quand il la demande n’a plus de voix.
Plus aucune voix à donner à qui que ce soit. Il reste chez soi. Comme on le lui a imposé pendant des mois, il n’ira pas au cinéma ni au musée masqué. Il n’ira pas, non plus, aux élections masqué, en suivant un trajet fléché. On ne force pas à boire un âne qui n’a pas soif. Le houspiller ne sert à rien. Il faut renouveler l’eau pour qu’elle reste fraîche et changer de pâturage.
La démocratie du bulletin glissé dans l’enveloppe dans l’ombre de l’isoloir est sans doute morte avec. Car toutes ces cérémonies étaient liées. On y interagissait en vrai, in vivo, physiquement, émotionnellement. On attendait avec impatience les résultats. C’était comme un roman. Notre roman national.
On votait en famille, puis à la soirée électorale, on faisait sauter le bouchon du champagne, quel que fût le résultat.
Le Covid est passé par là. Les réunions sont rares. L’intérêt pour le film a baissé. Il s’est mué, pour beaucoup, en chanson désabusée : On a choisi Fillon, on n’a pas eu Fillon. On voulait Sarkozy et on a eu Flamby. On tenterait bien Le Pen, mais c’est toujours Satan. On parierait sur Zemmour, mais que dit la chanson ? Si tu veux voir Zemmour, ben, tu verras Macron.
Un grand quart des électeurs, pourtant, est allé voter, masqué, civique, obéissant… Il n’a évidemment pas choisi l’aventure. Foin des agitateurs. 5 % pour Mélenchon. Peu d’appétit pour les petits nouveaux. Des valeurs sûres. Les sortants, par exemple. On sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on trouve…
Un brin de révolte, malgré tout. On leur a dit : en 2022, ce sera Macron ou Marine. Ils ont choisi LR. Na !
Les trois quarts des Français n’ont pas voté. Ce qui est grave, ce n’est pas que le peuple ne vote plus. Ce qui est grave, c’est que le peuple n’existe plus.
« Il venait vers moi souriant, les bras tendus. J’ai eu peur qu’on me prenne pour un de ses électeurs », a dit le jeune Damien pour expliquer sa gifle au Président. « Je n’avais rien prémédité. » L’électeur lambda n’avait peut-être pas non plus prémédité de lui en recoller une, dimanche. Peut être s’était-il dit : « Bon, je vais y aller. » Et puis, au dernier moment : « Non, ce n’est plus possible. »
Un peuple divisé et asservi auquel on arrache le candidat qu’il a choisi pour le condamner, auquel on demande son avis pour ne pas le suivre et auquel on ne donne pas la parole quand il la demande n’a plus de voix.
Plus aucune voix à donner à qui que ce soit. Il reste chez soi. Comme on le lui a imposé pendant des mois, il n’ira pas au cinéma ni au musée masqué. Il n’ira pas, non plus, aux élections masqué, en suivant un trajet fléché. On ne force pas à boire un âne qui n’a pas soif. Le houspiller ne sert à rien. Il faut renouveler l’eau pour qu’elle reste fraîche et changer de pâturage.
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