On sent bien, quelque part, que ça démange.
Obliger, interdire, c’est un peu une drogue dure dont on a du mal à se passer, une fois qu’on y a goûté. Il est rare, en effet, aujourd’hui, que, dans une loi, les mots « obligation » et « interdiction » n’apparaissent pas. En gros, et pour caricaturer, ce qui n’est pas obligatoire a des chances d’être interdit et ce qui n’est pas interdit d’être obligatoire ! Il suffit de faire un détour dans le parc d’attractions de l’écologie punitive pour s’en convaincre.
Pour l’instant, on s’interdit d’obliger les gens à se faire vacciner contre le Covid-19. Le Président l’a dit, le vaccin ne sera pas obligatoire. Il l’a dit, on ne va donc pas revenir là-dessus. En revanche, on entend, ici et là, que, faute de pouvoir obliger, on pourrait interdire. Interdire d’aller ici, interdire d’aller là. Plus subtil. Vous ne voulez pas vous faire vacciner ? Comme vous voulez, c’est vous qui voyez. Un petit détail, cependant…
Dans cet esprit, la semaine dernière, sur le plateau de CNews, Patrick Vignal, député macroniste de l’Hérault, déclarait qu’il faudra bien que les non-vaccinés assument. On est, là, non pas dans l’obligation légale mais dans l’injonction morale. Va falloir assumer, mon gars ! Plus subtil, on vous dit. Pour un peu qu’à l’école, les enfants reçoivent la bonne parole… Le soir, ce sera la leçon de morale tirée du cartable faite aux parents par les enfants.
Dans un monde à l’envers, c’est normal. On connaît déjà ça pour tout un tas d’autres causes nobles : la lutte contre le réchauffement climatique, le racisme, le sexisme, etc. Comment, Papa, tu te fais pas vacciner ! Mais ce n’est pas citoyen-responsable, qu’elle a dit, la maîtresse. Le spot publicitaire est peut-être même déjà en construction.Tout aussi subtile, la proposition de Valérie Six, députée UDI du Nord. Lors du débat sur la « stratégie vaccinale », à l’Assemblée nationale, mercredi 16 décembre, elle a carrément proposé la création d’un « passeport vert » pour les personnes vaccinées. Pourquoi vert ? On se demande. C’est tendance, actuellement. En tout cas, un document qui permettrait d’accéder aux restaurants et lieux de culture. Et pourquoi pas pour éviter de faire la queue à la caisse du supermarché ? Femmes enceintes, invalides de guerre et du travail, passez derrière, j’ai mon passeport vert ! Des bons de réduction à récupérer en caisse centrale sont envisageables.
Cette proposition n’a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux. Lionnel Luca, maire de Villeneuve-Loubet, dans les Alpes-Maritimes, et ancien député LR : « Et pourquoi pas un signe distinctif sur le vêtement… pour être tout de suite identifié. » Suggestion qui se tient et moins politiquement incorrecte qu’un signe distinctif pour les non-vaccinés. Florian Philippot, lui, évoque « la fausse liberté vaccinale ». L’ancien sénateur centriste de Paris Yves Pozzo di Borgo dénonce, de son côté, « la dérive du centrisme plein de bonne volonté qui confine à la bêtise ». Des anonymes font aussi remarquer que les restaurants seront déjà bien heureux, lorsqu’ils rouvriront, d’accueillir des clients et qu’ils auront autre chose à faire que de les trier entre vaccinés et non-vaccinés.
Cette proposition, au regard du respect des libertés individuelles, semble être vouée à rejoindre le catalogue des fausses bonnes idées, mais elle en dit long sur ce qui peut se passer dans la tête de certains législateurs. On ne dira jamais assez les dégâts collatéraux causés par cette pandémie.
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