Ils vont donc réécrire l’article 24. Ils ? La majorité. Christophe Castaner, président des députés LREM, flanqué des présidents des groupes MoDem et Agir, l’a annoncé lundi après-midi.
Une « nouvelle écriture complète », a-t-il déclaré. Carrément.
C’est reconnaître en creux que la rédaction de cet article était mauvaise ou, tout du moins, posait problème. C’est donc un échec pour la majorité. Une reculade. Et en sus, l’annonce est faite par Christophe Castaner qui fut le ministre de l’Intérieur que l’on sait.
Rappelons que cet article de loi prévoyait de pénaliser le fait de diffuser « dans le but manifeste qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification, autre que son numéro d’identification individuel, d’un agent de la police nationale, d’un militaire de la gendarmerie nationale ou d’un agent de police municipale, lorsque ces personnels agissent dans le cadre d’une opération de police. » Dans ces colonnes, Me Bernard Hawadier avait, la semaine dernière, fait part de ses réticences quant à cet article qu’il jugeait « inutile » et « liberticide ». En revanche, toujours la semaine dernière, Marine Le Pen déclarait au micro de Sud Radio que cet article ne méritait « ni un excès d’opprobre, ni un excès d’honneur ». Aujourd’hui, cet article 24 est jeté à la corbeille : excès d’honneur ou d’opprobre ?
Le feuilleton autour de cet article 24, dont il n’est pas question ici de juger du fond, aura montré les fragilités de la majorité et du pouvoir sur cette question hautement régalienne de la sécurité. Gérald Darmanin devait être une sorte de Sarkozy nouvelle génération qui permettrait de crédibiliser Emmanuel Macron du côté de son électorat de droite, à l’approche de l’Échéance que vous savez. C’est lui, dit-on, qui aurait demandé que cet article 24 soit ajouté à cette proposition de loi sur la sécurité globale, initiative parlementaire. Et cet article est mis au panier aujourd’hui. C’est donc un échec pour la caution sécuritaire d’Emmanuel Macron, donc un échec pour Emmanuel Macron.
Dans ce feuilleton, on ne peut évidemment pas passer à côté de cet épisode surréaliste lorsque Jean Castex proposa de confier la réécriture de cet article 24 à une commission indépendante. Au mépris des prérogatives du Parlement et du travail parlementaire normal. Il est vrai que lorsqu’un Olivier Véran, en perte de contrôle de ses nerfs, enjoint les députés de l’opposition de sortir de l’hémicycle, on ne s’étonne de plus rien.
À l’annonce de cette idée de commission indépendante, ce fut la levée de boucliers au sein-même de la majorité : veulent bien être des godillots mais pas des paillassons ! C’est Aurore Bergé, elle-même, qui a employé ce mot “paillasson”, c’est dire… Alors, le Premier ministre avait rapidement dû revenir en arrière en annonçant que cette commission indépendante n’aurait pas pour mission de réécrire l’article 24 mais se verrait confier une mission plus large. L’art de camoufler une retraite en repli stratégique. Une reculade qui s’est peut-être accompagnée d’une engueulade présidentielle : qui sait ! Personne, en tout cas, n’a été dupe : Jean Castex s’est ridiculisé (ce fut décidément sa semaine !) sur un sujet régalien. Là encore, un échec pour Emmanuel Macron qui a choisi ce premier ministre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.