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samedi 28 novembre 2020

Parlons de la police…


 

Les images de Michel, producteur de musique tabassé par des hommes portant l’uniforme de la police, ont indigné toutes les couches de la population. Du moins celle qui s’informe.

Et c’est bien. Personne ne doit rester insensible face à un tel déchaînement de violence. Cela, alors qu’une loi de sécurité globale, qu’on aurait tort de résumer à son si polémique article 24, a été votée dans l’indifférence, voire le soutien de la droite. Ces images font mal. Elles font mal, surtout, aux dizaines de milliers de policiers qui se donnent sans compter pour un métier et une vocation qui peut être belle. Celle d’aider, de protéger et de défendre les citoyens. C’est, finalement, la base de toute société. Déléguer la violence légitime à l’État pour assurer la sécurité de tous.

Or, ce « contrat social » est mis à mal. Mis à mal, certes, par une poignée de policiers, mais mis à mal surtout par une impéritie totale des dirigeants politiques. Mis à mal par une Justice qui ne suit pas, qui contraint nos forces de l’ordre à arrêter dix fois, vingt fois le même individu, souvent en courant des risques personnels. Tout cela pour être lâché par la hiérarchie à la moindre occasion. Tous, ministres, préfets et technocrates, ont oublié un principe fondamental : un chef est toujours responsable. Un chef doit payer pour l’agissement de ses subordonnées. Si on n’accepte pas cela, on ne devient pas chef et personne ne leur en voudra.

Pourtant, ce qui est valable dans chaque corps social semble ne pas avoir cours dans la police. Ce ne seront pas les préfets ni les commissaires qui payeront pour le visage de Michel, ce sont ceux qui ont été lâchés place de la République sans ordre ni objectif clair. Tout cela pour être jetés en pâture à une opinion médiatique qui n’est là que pour les enfoncer et qui ne saluera jamais un acte courageux ou altruiste. Qui n’a pas été choqué en voyant des Ian Brossat et des Audrey Pulvar, élus à la mairie de Paris, se rendre place de la République, non pour reconnaître la faillite totale de leur politique du logement et de la sécurité, mais bien pour se faire du beurre sur le dos de ces policiers, coupables d’avoir hérité d’une situation que les élus parisiens ont laissé pourrir par idéologie et par électoralisme.

En outre, on constate, comme à chaque fois d’ailleurs, que la présomption d’innocence a été, au passage, grandement malmenée. Comme si, finalement, un policier était coupable systémique en raison de l’uniforme qu’il porte.

On a vu une pléthore de stars et de personnalités partager les images du tabassage de Michel. Combien d’entre elles ont partagé l’image de Samuel Paty ? Combien d’entre elle se sont émues du déchaînement de violence qui frappe dans nos rues ? Qui a pleuré pour Xavier Jugelé ? Qui s’est ému du sort des policiers harcelés, blessés, tués ?

Ils veulent des faits ? En voici quelques-uns. 15.000 policiers et gendarmes blessés, chaque année. 20 à 25 morts par an en opération. Une moyenne de 50 suicides par an.

Oui, des policiers déshonorent la profession. Pour couvrir depuis plus de trois ans les manifestations en tout genre, j’ai vu cela sur le terrain. Des ordres iniques, des violences injustifiées, des mutilés et des blessés. Mais j’ai vu aussi des hommes consciencieux, mesurés, pondérés. Des hommes tiraillés entre des ordres déconnectés du terrain, la lassitude d’une trop longue journée, des milliers d’heures supplémentaires effectuées gracieusement et confrontés à la violence de groupuscules souvent impunis.

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