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mercredi 18 novembre 2020

Près de Montpellier : victime d'une violente agression, Lorenzo, 19 ans, est resté paraplégique


C’est grâce à une trachéotomie que Lorenzo respire aujourd’hui.

Publié le

Le jeune homme a été tabassé dans la nuit du 24 août, sur un parking de Lattes, dans l'Hérault, où ses amis finissaient leur soirée. 

Depuis, dans l'incapacité de parler, il n’a toujours pas été entendu et sa famille réclame justice.

" Tout s’est arrêté le 24 août. Je ne souhaite cela à personne. Notre vie s’est arrêtée ! " Les parents du jeune Lorenzo, 19 ans, sont anéantis depuis que leur fils est cloué sur un lit d’hôpital, au département anesthésie et réanimation (Dar) du CHU Lapeyronie. Paraplégique jusqu’à la poitrine, ses bras et ses mains ne fonctionnent plus normalement. Quatre de ses cervicales ont été fracturées, " la C7 a explosé" et la moelle a été touchée.

"J’ai toujours eu peur qu’il arrive une horreur comme ça"

Le jeune Pérolien est resté seize jours dans le coma. Il respire grâce à une trachéotomie, ses poumons ne fonctionnant plus seuls. " Il ne peut même plus manger, se laver les dents, aller aux toilettes… ", décrit sa mère Élise qui, avec le beau-père du jeune homme, a dû arrêter de travailler pour s’occuper de lui sans savoir quand il sortira de l’hôpital : " Il a déjà fait cinq infections pulmonaires, il a failli mourir deux fois depuis qu’il est là. Il y a aussi le risque du Covid", confie la mère du jeune employé aux espaces verts de Palavas.

C’est une colère aiguë qui anime sa famille, exprimée aussi sur les réseaux sociaux, depuis l’instant où ses parents ont appris que Lorenzo n’avait pas été victime d’un accident comme certains ont tenté de le leur expliquer, sur place, le soir des faits. Mais qu’il a été violemment agressé sur le parking de la piscine de Lattes ce 24 août, vers 4 h 30 du matin, où il s’était arrêté avec trois de ses meilleurs amis pour prolonger une soirée, après avoir raccompagné un autre copain chez lui.

Il a déjà fait cinq infections pulmonaires, il a failli mourir deux fois depuis qu’il est là

" J’envoie à Lorenzo des messages toutes les heures depuis qu’il n’a plus l’âge d’être avec nous, Je suis une maman inquiète, j’ai toujours eu peur qu’il arrive une horreur comme ça", raconte sa mère.

Deux heures avant les faits, il lui écrit qu’il est " à Lattes". Mais vers 6 h, Élise, qui ne dort que sur une oreille, reçoit un SMS d’un des amis de la victime : "Il dort à Lapeyronie. " Au téléphone avec les secours, elle ne comprend pas tout de suite la gravité de l’état de son fils que l’on emmène pour un examen de contrôle. " Son ami m’a confié que Lorenzo, alors qu’il était allongé au sol, disait qu’il ne sentait plus son corps, mais qu’on ne l’a pas cru. Comme il n’avait pas de coups, pas de sang, la police pensait qu’il était ivre, alors qu’il était déjà en insuffisance respiratoire !"

Cinq mis en cause sous contrôle judiciaire

Quelques heures après, Élise et le beau-père retrouvent les amis du garçon " sous le choc ", qui racontent qu’alors qu’ils écoutaient " tranquillement " de la musique sur ce parking et que Lorenzo dansait, quand deux jeunes qu’ils connaissent et qui rentraient d’une autre soirée, les ont aperçus depuis la route et les ont rejoints. Selon le témoignage de l’un des quatre copains, frappé lui aussi – " il avait la tête en sang et trois dents en moins ", selon Élise – l’un des deux individus s’en est pris à lui. Puis, il aurait appelé des renforts et, selon ce qui ressort de l’enquête, sept autres personnes, dont trois jeunes filles, ont déboulé et des violences ont éclaté.

Élise s’est fait décrire la scène par les copains de son fils : " Il n’a participé à aucune bagarre, il n’avait rien demandé. Il était joyeux comme toujours, il dansait quelques minutes avant, on le voit même sur une vidéo. Lui et ses copains n’ont pas eu le temps de s’enfuir. Mon fils a été immédiatement poussé dans un fossé et ils se sont acharnés à deux sur lui. Il y en a un qui lui a donné des coups sur la nuque avec son genou ou son tibia. "

Il parvient seulement à activer son téléphone avec son pouce, pour s'exprimer

Une des jeunes femmes présentes, témoin de la scène qui s’est confiée à Élise, aurait crié à l’agresseur : "Arrête, arrête, tu vas le tuer ! " " Elle est restée avec Lorenzo qui lui disait de lui tenir la tête et qu’il ne sentait plus rien ". Malgré son état, celui-ci a pu raconter quelques bribes de ce qui s’est passé à ses parents grâce à son téléphone qu’il active avec son pouce. Mais il n’a pas été entendu par le juge d’instruction chargé de l’enquête.

" On ne sait pas comment va évoluer l’état de notre fils. Tant qu’il n’a pas été entendu, il ne peut pas se porter partie civile ", se désespère Élise, qui s’est constituée avec son compagnon et le père de la victime pour avoir accès au dossier.

"Je veux que justice soit faite à hauteur de l’état de mon fils"

Une situation que ses proches vivent d’autant plus mal que trois individus suspectés d’avoir commis des violences ce 24 août, placés en détention provisoire par un juge de la liberté et de la détention sur réquisition du parquet, ont été remis en liberté et placés sous contrôle judiciaire quatre jours plus tard grâce à une procédure en urgence de référé-liberté devant la cour d’appel, où ils ont présenté des garanties de représentation.

" C’est écœurant, l’un d’eux a même fêté son anniversaire le lendemain. Je veux que justice soit faite à hauteur de l’état de mon fils. On ne lâchera rien ", promettent les parents qui espèrent beaucoup du prochain rendez-vous avec le juge d’instruction. Lorenzo, lui, garde le sourire et ne rêve que d’une chose, selon son beau-père : " Sortir de sa chambre et sentir l’air sur son visage. "

Hélène AMIRAUX

midilibre 

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