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lundi 30 novembre 2020

L’entre-soi, premier point faible du macronisme ?


 
 
 Et si le premier défaut du macronisme, et d'Emmanuel Macron à rebours de la promesse "d'ouverture" faite aux "amateurs" en 2017, était de ne faire confiance qu'à l'entre-soi des amis et des gens qui vous ressemblent, des courtisans recrutés dans de petits cercles d'initiés où les mêmes opinions circulent en boucle et en circuit fermé ? 

La semaine qui vient de s'écouler donne l'étrange sentiment d'un fonctionnement du pouvoir en vase clos, en conversations de salon qui se défient non seulement des Gaulois réfractaires (ça, on le sait depuis longtemps), mais aussi de plus en plus ouvertement des institutions républicaines, parce qu'elles obligent à la démocratie. 

Et c'est peut-être le grand drame d'Emmanuel Macron dans le pilotage d'une crise rare : au lieu d'ouvrir grandes les fenêtres du pouvoir à des airs qu'il n'a pas l'habitude de respirer, il se replie dans un boudoir confiné et réservé à quelques initiés.

Et si le principal vice du macronisme n’était autre que la consanguinité élitaire, cette façon de se retrouver dans l’entre-soi de gens qui se ressemblent et qui sont convaincus de détenir une vérité unique, si unique qu’elle les dispense d’écouter les petites voix de la société française ? Plusieurs indices montrent que, après trois ans et demi de pouvoir, Emmanuel Macron souffre désormais de cette surdité caractéristique des Présidents qui se coupent de l’opinion. Plus que jamais, son absence d’ancrage local lui coûte, cher, très cher. 

Castex, un second couteau sorti de l'ENA de plus en plus en difficulté

Le projet de loi de sécurité globale se transforme en chemin de croix pour Castex, technocrate choisi par Macron pour ne pas lui faire d'ombre. Dès la semaine dernière, Dupond-Moretti prenait ses distances avec le texte, laissant le duo Darmanin-Castex seul à une manoeuvre de plus en plus délicate. La multiplication des polémiques sur le sujet a rendu inaudibles les réactions de Castex sur le sujet : proposition de saisir le Conseil Constitutionnel, d'abord, puis de créer une commission spéciale que le président de l'Assemblée, Richard Ferrand, proche de Macron, a vivement dénoncée. Le Premier Ministre apparaît de moins en moins capable de gérer une situation qui le dépasse.

Darmanin, le billard à trois bandes qui fragilise

Par ses surenchères systématiques et son manque évident de flair dans le dossier de la sécurité globale et de son projet de loi, la carte Darmanin que Macron a abattue cet été pour séduire la droite à l'approche des élections présidentielles apparaît de plus en plus comme un calcul tordu un billard à trois bandes, qui clive et met en péril l'ordre public. Ce ministre soupçonné de viol qui a atterri à l'Intérieur comme un coup politique improbable constitue aujourd'hui un point faible. Le projet de loi de sécurité globale déstabilise l'édifice gouvernemental. Accessoirement, Darmanin est aussi le ministre des Cultes, mais il est aux abonnés absents sur la jauge à 30 personnes pour l'autorisation des messes. N'est pas Sarkozy qui veut.

Remboursement de la dette : retour à l'ancien monde

Cinq personnalités devraient créer une nouvelle commission : celle-ci serait chargée de réfléchir à la meilleure façon de rembourser la dette créée à l'occasion du COVID. On n'y retrouve que des "experts" de l'ancien monde, dont Laurence Parisot et Marisol Touraine... Rappelons que Marisol Touraine a quitté le ministère des affaires sociales avec une sécurité sociale en déficit, et que Laurence Parisot n'a jamais renégocié les 35 heures quand Nicolas Sarkozy le lui demandait. L'ancien monde revient, avec une crédibilité proche de 0. Mais ces choix participent de l'entre-soi présidentiel.

Deux conseillers présidentiels sans innovation

La semaine dernière, Macron avait officialisé le recrutement de Thierry Solère, député LR passé à LREM, et de Stéphane Séjourné, concubin du porte-parole du gouvernement, comme conseillers politiques. Là encore, l'entre-soi, la proximité sociale, le "copinage", paraissent les critères de sélection essentiels du pouvoir. Ce manque d'imagination illustre une nouvelle fois les "limites" du macronisme, et son incapacité à sortir des personnalités qui hantent le tout-Paris et ses réseaux affinitaires.

Ambiance délétère entre énarques au sommet de l'Etat

Il semblerait que le fonctionnement de la Présidence ne soit vraiment pas au beau fixe. Le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, semble avoir des relations détestables avec le directeur de cabinet du Premier Ministre, Nicolas Revel, homme de gauche, fils de Jean-François Revel, mis à ce poste par Emmanuel Macron. Cette mésentente complique singulièrement la relation entre l'Elysée et Matignon. Là encore, l'entre-soi des cabinets et des écuries parisiennes joue un mauvais tour au fonctionnement de l'Etat.

De l’air, vite…

Tout indique que l’Elysée vit plus que jamais en vase clos et se transforme en une forteresse putride où une petite cour se dispute le pouvoir sans s’intéresser réellement au destin du pays, ou en s’y intéressant secondairement. La déconnexion est forte. 

Il devient urgent d’ouvrir les fenêtres et de renouveler le personnel politique qui prend les décisions.


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