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mardi 7 mai 2019

Macron voulait rassembler la France : elle n’a jamais été autant divisée !

 
 



C’est presque une loi de l’histoire que les hommes politiques aboutissent le plus souvent au résultat contraire de ce que leur volonté tentait de dicter aux événements, et cela en proportion même des moyens employés.

Napoléon 1er avait, pendant quelques années, conduit la France à dominer l’Europe tandis qu’elle grossissait à 130 départements, de la Baltique à l’Adriatique.

Depuis, elle est revenue à peu près à sa surface de l’Ancien Régime, agrandie de la Savoie, de Nice et d’Avignon, mais légèrement écornée sur sa frontière nord, la plus tragiquement insuffisante.
Sa population, la plus importante d’Europe au XVIIIe siècle a stagné par rapport aux autres.
Si on compare la boulimie napoléonienne à la prudente et lente absorption des Bourbons, on s’aperçoit que la France a peu perdu de leurs conquêtes en Europe.
L’action de longue durée, assurée par tout un peuple dirigé par une suite d’hommes avisés et opiniâtres, est plus efficace que le volontarisme d’un seul.
C’est manifestement ce que le narcissique Macron n’a pas perçu.
Il voulait changer le pays, en finir avec les Gaulois réfractaires, rassembler la gauche et la droite derrière une élite de « sachants », et préparer la France au grand large de la mondialisation, en passant par une Europe « inclusive ».
Le résultat est grotesque et ferait rire, s’il n’était calamiteux pour notre pays.
La France n’a jamais été aussi divisée : les 33 listes déposées pour les élections européennes en témoignent.
Si une très relative unité les parcourt, elle est négative et repose sur une hostilité au chef de l’État, dont l’étendue et la vigueur ont eu peu de précédents.
Parmi les nombreuses fractures qui fissurent la société française, la plus grave est celle qui oppose la France d’en haut, trop intelligente sans doute pour être comprise, et celle d’en-bas qui continue depuis 25 semaines à manifester avec le soutien d’un grand nombre de Français.
Depuis le mois de novembre, si le mouvement des Gilets jaunes s’est déporté sur la gauche et séduit moins des électeurs de droite, néanmoins remontés contre le pouvoir, si le nombre des manifestants diminue, sa persistance prouve une réprobation vivace du gouvernement et de la personne qui l’incarne.
De samedi en samedi, un autre divorce préoccupant se fait jour : dans une démocratie, la police n’est pas celle du pouvoir contre le peuple, elle doit être la sécurité pour tous, avec une fermeté digne en proportion des actes commis.
Face au risque du terrorisme islamique et à la montée de la délinquance, plus que jamais les forces de l’ordre doivent être le prolongement armé du peuple qu’elles protègent.
Elles doivent être au sein de la population, comme un poisson dans l’eau.
Or, chacun sait qu’elles ne le sont plus depuis longtemps dans certains quartiers à reconquérir, et voici que le spectacle constant d’affrontements entre des manifestants et une police vouée davantage au maintien de l’ordre qu’à la sécurité, offre plus l’image d’un régime répressif que d’une démocratie apaisée.

Malheureusement, même s’ils demeurent  minoritaires, certains comportements de policiers sont indignes, et creusent un fossé dangereux entre la population et « sa » police.
La responsabilité de la chienlit actuelle est évidente : elle réside entièrement dans un pouvoir  méprisant et maladroit que la majorité du peuple rejette, même si elle n’exprime pas un souhait unique pour le remplacer.

40 % de votants aux élections européennes, et 33 listes, dont 3 se réclamant des Gilets jaunes.
Très peu auront des élus, sept sans doute au maximum.
Les députés se disperseront dans les groupes du Parlement européen et la France y pèsera encore moins que par le passé, dans un contexte qui, cette fois, s’éloignera totalement des voeux de M. Macron, puisque les « nationaux » auront gagné en importance.
D’après les sondages, le président actuel motivera 18 % des électeurs à voter pour lui, mais incitera 44 % à se mobiliser contre lui.

En deux ans, Jupiter est descendu de l’Olympe, de mauvais gré, et sa volonté de changer le pays brutalement n’a abouti qu’à accentuer les résistances qu’il dénonçait !

Christian Vanneste

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