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jeudi 23 mai 2019

Brexit Party





Après les élections européennes, le parti du Brexit peut-il remplacer le parti conservateur ?

Tout nouveau parti a toujours les pires difficultés à apparaître sur l’échiquier politique.

Ce n’est pourtant pas le cas du parti du Brexit au Royaume-Uni.
Il faut reconnaître que deux éléments jouent en sa faveur.

Le premier est la personnalité de son leader : Nigel Farage.
N’oublions pas qu’il fut l’animateur de la victoire du Brexit au référendum et qu’une fois son combat gagné, il s’effaça, se mettant en retrait de la vie politique comme il l’avait annoncé, ce qui en fait un politicien loyal, ce qui est rare dans le domaine électif. 
De plus, il a soutenu dès le départ, en participant à ses meetings, Donald Trump pendant la campagne présidentielle américaine, ce qui lui permet une proximité affective avec le président des États-Unis.

Le deuxième est dû à la lente et problématique sortie du Royaume-Uni de l’Europe.
Les atermoiements successifs de Theresa May qui, rappelons-le, n’avait pas appelé à voter pour le Brexit avant d’être nommée Premier ministre, n’ont fait qu’exaspérer la partie de la population qui penche pour la souveraineté de la Grande-Bretagne.


Aujourd’hui, Farage présente sur sa liste des candidats aussi importants qu’Ann Widdecombe (ancien ministre du gouvernement conservateur de John Major) et Roger Lane-Nott (contre-amiral à la retraite ayant commandé le sous-marin HMS Splendid pendant la guerre des Malouines). Ceux-ci crédibilisent l’action de l’ancien dirigeant du UKIP, les réunions qui se succèdent le démontrent chaque jour. 
Un exemple, la réunion publique qu’il a tenue avec ses candidats sur la côte sud de l’Angleterre fut un succès considérable (nombreux sont ceux qui ne purent entrer dans la salle). 
Des scènes comme celle-ci se sont reproduites à travers tout le pays, à la fois dans le sud, où le vote de la classe moyenne, traditionnellement conservatrice, est effectif, mais aussi dans les zones ouvrières du nord, jusque-là totalement acquises aux travaillistes.

Cette force montante ne fait que souligner la prédiction des sondages : le parti du Brexit va faire un « carton » aux élections européennes.

En effet, les dernières enquêtes d’opinion montrent qu’il rassemble plus d’intentions de vote que les conservateurs et les travaillistes réunis.
C’est un score historique qui devrait se dégager : environ 35 % des électeurs, par leur bulletin, se révolteraient contre l’attitude de Theresa May, qui a cherché à noyer le poisson du Brexit dans l’eau de la Commission de Bruxelles.

La stratégie de campagne de Nigel Farage est simple et se conjugue sur deux temps.
Son premier souci est le court terme : il veut, après les élections, sortir au plus vite de l’Union européenne. Et ce, en ne s’aliénant ni les gens de gauche ni les gens de droite.
Le deuxième temps est plus révélateur, car même si son but avoué n’est que le dégagisme de l’Union européenne, l’onde de choc que va subir l’establishment politique traditionnel, lors des élections européennes de jeudi, sera tellement ample qu’elle risque de faire chanceler le gouvernement conservateur et, derrière lui, le parti travailliste.
La capacité du parti du Brexit d’attirer à lui un électorat composite est significative du positionnement néo-populiste adopté par Nigel Farage.
Ces résultats seront-ils, alors, transposables lors des élections britanniques ?
Le mode de scrutin au Royaume-Uni favorisant le bipartisme, la possibilité que Nigel Farage et le Parti du Brexit se substituent aux conservateurs n’est plus une aberration.
Nous aurons certainement la réponse cet automne.

J.-P. Fabre Bernadac

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