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Si on est reconnu comme un mineur isolé étranger, on ne peut être expulsé.
Les migrants le savent.
D’autant plus que, si l’on est mineur, on est pris en charge et l’on a des facilités pour obtenir le droit d’asile.
L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) a même publié un Guide de l’asile pour les mineurs isolés étrangers en France.
Faut-il s’étonner, dans ces conditions, que certains migrants cherchent à tricher sur leur identité et à se faire passer pour mineurs ?
Le Sud-Ouest du 4 avril nous apprend, ainsi, qu’un homme, se présentant comme un mineur de 16 ans, s’est rendu à l’hôtel de police d’Angoulême pour bénéficier de la procédure d’accueil, en France, des mineurs non accompagnés.
Il avait, pour justificatif, un jugement supplétif d’acte de naissance indiquant qu’il était né en 2002, en Guinée.
La police charentaise, sans doute intriguée par ce « mineur » qui faisait plus que son âge, s’est informée auprès des autorités espagnoles, la frontière basque étant devenue, depuis quelques mois, un lieu de passage privilégié.
Elle a découvert que ce soi-disant mineur était un adulte de… 47 ans, qui avait déjà effectué, en 2017, une demande de visa en Espagne, passeport à l’appui.
En conséquence, la préfecture lui a signifié une obligation de quitter le territoire français et l’a placé au centre de rétention administratif de Rennes.
Sud-Ouest précise que, la veille, un Malien de 21 ans, qui prétendait en avoir 16, avait connu la même mésaventure.
Il est probable que des associations viendront au secours de ces malheureux faussaires pour leur faire connaître tous leurs droits.
Ils apprendront ainsi que, si l’on veut leur faire un examen médical pour confirmer qu’ils ne sont pas mineurs, ils peuvent le refuser.
Elles iront peut-être jusqu’à chercher à apitoyer l’opinion publique sur ces migrants, qui n’ont d’autre solution, pour échapper à leur condition, que de se faire passer pour des enfants.
On aimerait que leur sollicitude fût aussi grande pour les enfants français maltraités ou livrés à eux-mêmes.
« Tout enfant qui est temporairement ou définitivement privé de son milieu familial, ou qui dans son propre intérêt ne peut être laissé dans ce milieu, a droit à une protection et une aide spéciales de l’État », précise l’article 20 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant.
Et c’est fort bien !
Encore qu’il conviendrait aussi de combattre les causes qui produisent de tels effets.
Mais quand des migrants utilisent de faux documents, on peut se demander si, de même qu’il existe des filières de passeurs, il n’existe pas des filières de renseignements et de faux papiers.
Les mineurs isolés étrangers bénéficient, en effet, du droit à l’éducation, du droit à la santé, avec remboursement des soins, la CMU ou l’AME.
Ils peuvent être assistés par l’aide sociale à l’enfance (hébergement et aides financières) s’ils n’ont pas de parents sur le territoire national et qu’ils se trouvent à la rue.
Bref, ils disposent d’aides que beaucoup de Français pourraient leur envier.
Il ne s’agit pas d’être insensible à de telles situations.
Mais, plutôt que d’accepter cet état de fait et d’encourager plus ou moins directement les faussaires, il faudrait savoir où se trouve l’intérêt supérieur de l’enfant.
Consiste-t-il à rejoindre la France, voire à tricher sur son âge ?
Ou à forger son avenir sur son propre continent ?
À quand une politique de développement des pays africains, avec contrôle de l’utilisation de l’argent ?
Craindrait-on d’être accusé de néo-colonialisme ?
L’inaction du gouvernement est telle qu’on en vient à se demander s’il n’y trouve pas son intérêt.
Philippe Kerlouan
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