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dimanche 21 avril 2019

Répression policière contre les gilets jaunes et suicides dans la police : et si ceci avait quelque chose à voir avec cela ?




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Il n’est pas de bon ton, sous la présidence d’Emmanuel Macron, de poser certaines questions.

Celle de notre titre en est une, et une vraie, sérieuse et grave.
Pas de ces questions rhétoriques qui appellent nécessairement un oui.

Concernant la police, ces derniers mois ont, en effet, été marqués par deux phénomènes avérés, quantifiables, malheureusement par le nombre de victimes.

D’abord, donc, l’explosion des suicides dans la police : 28 en à peine quatre mois.
Du jamais vu.
Trois, rien que ces derniers jours.
Touchant des profils très différents : hommes et femmes, gradés ou gardiens de la paix, jeunes ou expérimentés.
Le phénomène n’est pas nouveau mais il a pris une ampleur inquiétante.
À tel point qu’hier, des actions devant les commissariats exigeaient de Christophe Castaner, qui avait pourtant présenté son plan il y a quelques jours, une intervention nouvelle.
Que s’est-il donc passé, ces derniers mois, pour qu’on assiste à une telle recrudescence des suicides ? Il y a eu la crise des gilets jaunes, avec une mobilisation sans précédent, tous les samedis, d’un nombre considérable de policiers.
Il y a eu, aussi, une pression très forte du pouvoir sur la police pour qu’elle parvienne à neutraliser ce mouvement. En vain.
Et puis, il y a eu ces dizaines de gilets jaunes blessés, ayant perdu un œil, une main, par l’usage des LBD, des grenades de désencerclement.

Tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il y a, manifestement, eu un usage démesuré de la force et des consignes inadaptées.
Tout le monde ?
Sauf le pouvoir.
Le Monde revenait, hier, sur ce « tabou » des violences policières au sein de l’exécutif et rappelait la doctrine fixée par le Président Macron dès le 8 mars : « Ne parlez pas de “répression” ou de “violences policières”, ces mots sont inacceptables dans un État de droit. »
Syllogisme implacable : nous sommes dans un État de droit, donc il ne peut y avoir de violences policières.
Mais syllogisme fragile, redoutable et réversible : et si jamais, oui, en fait, tout bien compté, il y avait, il y avait eu des violences policières, il ressemblerait à quoi, l’État de M. Macron ?
Et, là encore, devant le nombre de vidéos, de procédures, de blessés, de témoignages, la question doit être posée, n’en déplaise à la Trinité Macron-Philippe-Castaner du « Circulez, y a rien à voir ».
Un nouveau rapport vient lézarder davantage le mur du mensonge (Le Monde parle de « tabou ») macronien.
Après deux ans d’enquête, l’Observatoire des pratiques policières de Toulouse dénonce « un usage immodéré et disproportionné de la force publique » envers les manifestants.
Ce collectif rassemble des avocats, des juristes et, avec 24 observateurs, a suivi cinquante manifestations à Toulouse.
Ils pointent une nette aggravation de la tendance depuis la crise des gilets jaunes.
Un membre du collectif, cité par La Dépêche, indique même un nouveau crescendo lors de la manifestation du samedi 13 avril : « Les manifestants ont été empêchés de défiler. En à peine une demi-heure, la manifestation a été nassée et gazée de façon très intense. Ça a été comme ça toute la journée. »
Mais, sur le plan judiciaire aussi, un avocat du collectif dénonce une répression inédite : « Les personnes sont condamnées sur la seule base des déclarations des policiers. On peut, également, s’interroger sur la création d’une justice d’exception : les gilets jaunes qui sont jugés le sont avec une grille tarifaire, il n’y a aucune prise en compte du parcours de la personne. Nous sommes dans une stratégie du chaos. »

Il est évident que le pouvoir macronien a placé la police dans une situation exceptionnelle, en exerçant une pression spectaculaire en échange d’un soutien aveugle.
Pourquoi ?
Pour Le Monde, le pouvoir a « craint qu’elle ne fasse défaut en décembre 2018 ».
Les conséquences ?
Elles sont nombreuses et graves.
C’est une tension généralisée, à l’intérieur même de l’institution, à tous les niveaux.
Et l’on retrouve notre question du départ.

Mais c’est aussi une tension nouvelle, potentiellement dangereuse, entre la police et des pans entiers de la société qui lui étaient spontanément favorables.

Dominique Monthus

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