Parfois, il faut se pincer pour le croire.
Alors que la France – enfin, une grande partie, ne soyons pas aveugles – se désole de l’incendie qui a frappé Notre-Dame et rumine en son âme la symbolique de l’événement mais aussi les interrogations sur l’origine de l’incendie, alors que cet événement hugolien a bouleversé tous les agendas et retardé l’intervention du président de la République sur la crise des gilets jaunes, eh bien, cet État macronien n’a rien trouvé de mieux à faire que d’envoyer, au petit matin, une pelleteuse détruire l’Arc de Triomphe des gilets jaunes, ici, à Villeneuve-sur-Lot, sur le désormais célèbre rond-point du Campanile.
Cet Arc bien fait, élégant, symbolique d’une histoire, d’une créativité, avait désormais pris sa place sur ce rond-point rebaptisé par les gilets jaunes « rond-point de l’Olivier », en souvenir d’Olivier Daurelle, leader local des gilets jaunes mort en décembre, percuté par un camion.
Cet Arc ne gênait en rien ni la sécurité ni la circulation.
Et il avait même connu les honneurs des plateaux télé, avec le film de François Ruffin et l’émission de Frédéric Taddeï.
Pour réaliser cette destruction, la préfète avait pris un arrêté le 1er avril.
L’État a envoyé en renfort un escadron de gendarmes mobiles d’Ussel.
Il y a des jours où je suis heureux de ne pas être gendarme.
Ainsi va le maintien de l’ordre macronien.
Que penser de cet État, de cet ordre, de cet acte ?
Quel intérêt, à l’heure où ce pouvoir prétend sortir de la crise des gilets jaunes ?
Ne voit-il pas que, par cette décision brutale et stupide, il ne fait que l’attiser ?
Pensait-il que, sous la fumée de l’incendie de Notre-Dame, il pourrait faire passer ses tristes œuvres ? Macron et Castaner se fourvoient.
Ces gilets jaunes, qui savent ce que c’est que la lutte, les morts, les blessés et les symboles, qui ont déjà subi la vandalisation des croix plantées en hommage à la dizaine d’entre eux décédés dans toute la France, étaient, selon Sud-Ouest, « atterrés ».
Nous le sommes avec eux, devant tant de froideur, de hargne et de bêtise de la part de l’État macronien quand il veut faire respecter un certain ordre, y compris symbolique.
Il pensait peut-être que les fumées de Notre-Dame seraient un écran commode pour poursuivre l’humiliation et la répression systématique des gilets jaunes ?
Il s’est trompé, une fois encore.
Il s’est, surtout, profondément trompé sur les frustrations, la soif de reconnaissance et d’absolu du peuple qui s’est aussi exprimée dans le mouvement des gilets jaunes.
Les gilets jaunes, eux, commencent à y voir plus clair sur eux-mêmes.
Devant leur Arc de Triomphe détruit, ils n’ont eu qu’un mot : “on va construire Notre-Dame”.
Dominique Monthus
Article très intéressant, à Paris j'ai remarqué un phénomène similaire sur la porte de la Poterne des Peupliers. Si vous ne connaissez pas, c'est une ancienne fortification où passait la Bièvre et de nos jours elle est connue pour servir aux grapheurs qui ont suffisamment d'espace pour réaliser des fresques. Suite à la manifestation où J. Rodrigues a pris un tir de LBD dans l'oeil, toute la partie droite a été dédiée aux gilets jaunes sur une fresque d'environ 50m de long. Pour la première fois, peu de jours après les services de la ville ont tout effacé en repeignant en blanc...
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