Agnès Thill, opposée à la PMA pour toutes, qui avait dénoncé dans un tweet « un puissant lobby LGBT à l’Assemblée nationale », vient d’être entendue par la commission des conflits de son parti.
Finalement, elle ne sera pas exclue : elle a écopé d’un rappel à l’ordre, une sorte de liberté surveillée. Mais attention à ne pas récidiver !
En revanche, les propos injurieux de ses collègues à son encontre n’ont pas été sanctionnés.
Quant à Marlène Schiappa, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, elle reste aux abonnés absents.
Depuis plusieurs mois, Agnès Thill subit les pressions et les moqueries d’élus de la majorité, en raison de sa foi catholique.
Son opposition à l’extension de la PMA est, aux yeux de ses détracteurs, le signe d’un obscurantisme intolérable : « Depuis dix mois, je vis un enfer », confie-t-elle, « je suis harcelée par mes collègues, ma situation est réellement invivable, insupportable ».
S’en prendre au lobbyisme LGBT, quel crime abominable !
Ce lobbyisme n’existe pas, c’est bien connu !
On la traite d’« homophobe », on lui explique qu’elle va « tomber de son prie-Dieu », qu’elle s’oublie dans un militantisme de catholique « traditionaliste » et autres amabilités.
Un député trouve spirituel de lui écrire : « Je tiens à ta disposition une revue de littérature scientifique internationale sur plus de 20 ans qui montre que les enfants nés par PMA vont bien », ajoutant, pour essayer de la ridiculiser : « Par contre c’est pas en latin. »
On n’aurait jamais cru que La République en marche fût un tel repaire d’anti-calotins primaires.
La commission des conflits a donc absous cette pécheresse, sous condition qu’elle fît pénitence.
Il lui était sans doute difficile d’empêcher l’expression d’opinions diverses sur la question de la PMA pour toutes, alors qu’on vante partout les vertus du « grand débat national ».
Mais cette élue a dû, selon ses propres mots, « expliquer [son] point de vue et remettre dans leur contexte les maladresses qui [lui] sont reprochées », bref, pratiquer une sorte d’autocritique pour ne pas être bannie.
Dans une lettre envoyée à Gilles Le Gendre, président du groupe LREM, elle demande, pour l’avenir, un « débat apaisé et serein » et prévient qu’elle déposera plainte en cas de « nouvelle attaque » sur sa vie privée et sa religion.
Voilà qui démontre, s’il en était besoin, l’esprit de tolérance qui règne dans ce parti où il vaut mieux lécher les bottes du gouvernement ou se comporter carrément en godillot que de réfléchir par soi-même et dire ce que l’on pense.
Sans compter que nos intolérants font preuve, en même temps, d’une singulière ignorance.
Il n’est pas besoin d’être catholique pour souligner que la PMA pour toutes soulève des problèmes complexes aux enjeux anthropologiques et philosophiques, qui concernent aussi les agnostiques ou les athées.
De plus, quoi qu’en disent ses partisans, l’extension de la PMA à toutes les femmes pourrait conduire à la légalisation de la GPA, voire à des dérives de type eugénique.
Mais la palme revient sans conteste à Marlène Schiappa, censée défendre les femmes, qui est restée silencieuse alors qu’une élue de la majorité était en butte au harcèlement et aux insultes de plusieurs de ses collègues.
Elle qui parle si souvent à tort et à travers – comme lorsqu’elle a pointé la « convergence idéologique » entre la Manif pour tous et les « terroristes islamiques » – a perdu une occasion d’intervenir, pour une fois, avec discernement.
À moins qu’elle ne soit elle-même intolérante, ce qui serait, finalement, une explication moins péjorative que d’être traitée de péronnelle ou de petite bécasse.
Philippe Kerlouan
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