Cette fois-ci, ce sont les policiers versaillais qui tirent la sonnette d’alarme. Excédés d’avoir à garder La Lanterne.
Ce sont des dizaines de milliers d’heures de fonctionnaires qui sont consacrées, chaque année, par les policiers à jouer les potiches devant les bâtiments de la République.
Et pendant ce temps-là, la délinquance de voie publique, celle qui touche au quotidien le plus violemment les Français, continue d’augmenter à un rythme effréné.
Cette fois-ci, ce sont les policiers versaillais qui tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme.
Excédés d’avoir à garder la Lanterne, la résidence secondaire officielle des Premiers ministres, désormais régulièrement occupée par Macron lors des fins de semaine, ils dénoncent le temps qu’ils perdent en n’assurant pas, pendant ce temps-là, la sécurité de nos concitoyens.
Il faut dire que pas moins de quatre patrouilles portant une douzaine de policiers sont ainsi distraites de leurs tâches de sécurité publique pour se consacrer à la surveillance extérieure du bâtiment occupé par Jupiter.
De quoi râler, en effet, surtout lorsque l’on sait que ces policiers sont ponctionnés sur les effectifs locaux.
Mais force est de constater que le phénomène n’est pas nouveau.
Tous les ministres de l’Intérieur et tous les directeurs généraux de la police ont, un jour ou l’autre, promis de faire la chasse aux fameuses « charges indues » dont les gardes statiques font intégralement partie.
Ainsi, il y a peu, Gérard Collomb ne promettait-il pas de remettre 4.500 policiers et gendarmes sur le terrain d’ici 2022, en supprimant ces missions délétères ?
Le même message était porté par Jean-Marc Falcone, quelques mois auparavant, alors qu’il était hué par des policiers en colère manifestement pas très satisfaits de sa gestion.
Et l’on pourrait remonter ainsi loin dans le temps pour s’apercevoir que cette problématique n’a cessé, au fil des ans, d’empoisonner le fonctionnement des services de sécurité.
Si un tel gâchis de personnels et de compétences pouvait encore passer lorsqu’une relative paix publique régnait sur notre pays, la nouvelle donne sécuritaire de ces dernières années doit, désormais, inciter à trouver de nouvelles solutions.
En effet, l’accroissement du nombre des missions, tant administratives que judiciaires, l’implication à outrance des policiers dans des opérations de maintien de l’ordre à répétition, la lutte au quotidien contre le terrorisme qui demeure une menace permanente, doivent conduire les pouvoirs publics à reconsidérer de fond en comble les missions des forces de l’ordre.
Ainsi, plus que jamais, il est devenu indispensable de s’interroger sur le bien-fondé de tâches qui, en dehors d’être fortement chronophages, distraient de leur vocation première (celle de mener la lutte contre la criminalité) les policiers et les gendarmes.
Les gardes statiques, qu’elles concernent la protection des bâtiments gouvernementaux, des préfectures ou encore la garde des détenus hospitalisés, doivent donc être confiées à des unités spécialisées, voire confiées au secteur privé.
Il n’est plus admissible que des agents des forces de l’ordre, recrutés et formés pour assurer des missions de police, se voient ainsi transformés en gardiens d’immeuble ou en nourrices pour détenus sous traitement médical.
Mais pour que de telles transformations s’opèrent, il est grand temps de comprendre que la police nationale doit enfin être commandée et pas seulement administrée.
C’est ainsi que l’opérationnel doit prendre le pas sur la gestion et être confié à de vrais professionnels de la sécurité intérieure.
Depuis trop longtemps, la direction de la police nationale est entre les mains de commis de préfecture.
Et il est grand temps que ça change.
Olivier Damien
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