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dimanche 18 novembre 2018

17 novembre : l’échec de Castaner et donc de son maître

 
 
 
 
Beauvau était son rêve. Gérard Collomb ne rêvait que d’une chose : en partir.

Revêtir le costume de ministre de l’Intérieur scelle une carrière.
Vous donne une aura, celle de « premier flic de France » qui vous permettra de nourrir les plus hautes ambitions, comme Nicolas Sarkozy.
Cela peut aussi associer définitivement le nom d’un ministre à une mauvaise gestion d’un événement. Le 17 novembre restera dans l’histoire de la présidence Macron comme l’échec de Christophe Castaner comme ministre de l’Intérieur.
Il a péché à trois niveaux.
D’abord dans l’anticipation.
Tout en montrant ses muscles, il aurait été mieux inspiré de demander aussi aux automobilistes de différer leurs sorties et de faire preuve de la plus grande prudence aux abords des blocages puisque tous n’étaient pas déclarés et identifiables dès le samedi matin.
Avec l’ensemble du gouvernement, il aurait également pu se dispenser de jeter sur ce mouvement un opprobre injustifié qui a pu, dans l’esprit de certains, exciter une crainte ou une animosité qui n’avaient pas lieu d’être.
Les accidents sont quasi exclusivement venus d’automobilistes qui voulaient forcer les barrages.
Ensuite, dans sa communication après le tragique accident de l’Isère, il n’a pas, non plus, été à la hauteur : en instrumentalisant le drame, tout comme le préfet de l’Isère, pour tenter de discréditer ou de contenir un mouvement d’ampleur, qu’il ne pouvait plus arrêter.
Puis en minimisant les chiffres le matin, ce qui a eu pour effet de pousser davantage de monde dans les rassemblements l’après-midi.

Or, le mouvement s’est, dans l’ensemble, caractérisé par une grande maîtrise et une grande sérénité, ce qui, vu l’ampleur et le mode de cette mobilisation mouvante fondée sur des déplacements motorisés, est un exploit.
À noter, du reste, que cela a été souligné par le journaliste, spécialiste des questions de police sur BFM TV.
Enfin, en minimisant le nombre de rassemblements et de manifestants, il persiste dans son aveuglement et son mépris.
Or, le mouvement est bien plus puissant : il suffisait de voir la sympathie des forces de l’ordre – gendarmes en province, CRS qui ont ouvert les barrières aux manifestants sur les Champs-Élysées – et de nombreux Français non engagés cette fois mais dont le gilet jaune sur le tableau de bord adressait un clin d’œil de soutien pour s’en convaincre.
Christophe Castaner a très mal géré ce 17 novembre, qu’il n’aurait jamais dû laisser advenir par la politique qu’il soutient depuis dix-huit mois.
En effet, plus fondamentalement, Christophe Castaner, pilier socialiste du macronisme depuis le début, a péché parce qu’il n’a pas vu monter la révolte, pas mesuré à quel point serait violente, pour le pouvoir, la conjonction des mesures fiscales infligées aux classes modestes et moyennes et les largesses octroyées à certaines catégories.
En cet automne 2018, le macronisme est nu : il combinait le pire de la droite (les avantages pour les plus fortunés, taxes sur la consommation) et le pire de la gauche (impôts et délires sociétaux : PMA, immigration, etc.).
Et Emmanuel Macron, par son parcours et ses graves erreurs de communication personnelle de ces derniers mois, incarne – presque de façon caricaturale – ce « en même temps » redoutable dont il peinera à se remettre.
Il y a deux jours, Emmanuel Macron reconnaissait son échec à réconcilier le peuple et ses dirigeants. Le peuple a confirmé.

Il y a trois mois, il lançait un arrogant « Qu’ils viennent me chercher ! »

Samedi, sur les Champs-Élysées et jusque sous ses fenêtres, mais ici aussi, dans le Sud-Ouest, la phrase flottait dans l’air et dans les têtes.

Dominique Monthus

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