Vous les avez vus, à la télévision. Vous les avez rencontrés, aux barrages filtrants.
Des hommes, des femmes, de tous âges.
Des étudiants, des retraités, des actifs, surtout des actifs.
Des médecins, des artisans, des ouvriers, des chauffeurs de poids lourd, des agriculteurs, des cadres, des fonctionnaires, des « gens chics » et des « ploucs », des « sans dents » et des « CSP+ » (catégories sociaux-professionnelles supérieures).
Mais, il est vrai, pas de journalistes vedettes, pas d’artistes réputés, pas de grands joueurs de football « avec leurs dames » blondes platinées, pas d’acteurs célèbres, pas de dirigeants d’entreprises du CAC 40, pas de penseurs politico-philosophes médiatisés, pas d’évêques de progrès, pas de Cohn-Bendit, pas d’Edgar Morin.
Qui étaient donc ces gens, qui ne se connaissaient même pas la veille et qui ont réussi à paralyser le pays, à ébranler le gouvernement en exprimant publiquement une colère, désormais majoritaire dans le pays ?
Qui étaient-ils ?
Mais le peuple, tout simplement.
Ce peuple, dont les autres ont le mot plein la bouche depuis des années et au nom de qui ils prétendent parler.
Ce peuple à qui l’on refuse l’accès aux médias, le droit au référendum, ce peuple qu’on moque, qu’on pressure, qu’on humilie, qu’on méprise.
Il arrive parfois que le peuple parvienne à s’exprimer directement, sans passer par les seuls « corps intermédiaires » dont le choix lui est imposé par la loi, syndicats et autres : 1982 et l’école libre, la Manif pour tous, Jour de colère, les Bonnets rouges.
Mais la mobilisation du 17 a été d’autant plus spectaculaire que les réseaux sociaux court-circuitent dorénavant les canaux du politiquement correct.
C’est la fameuse « fachosphère ».
Avant le 17 novembre, le gouvernement martelait d’ailleurs l’idée que « les Gilets jaunes, c’est l’extrême droite ».
Dimanche soir, Emmanuel Macron et Bruno Le Maire restaient muets.
C’est Edouard Philippe qui est monté au créneau, pour dire qu’il comprenait mais qu’il ne changerait rien.
Il reste certes dans son rôle.
Mais c’est tout le gouvernement qui, peu à peu, révèle son autisme.
Comme on parle – ou plutôt comme on ne parle plus – à un élève ou à un domestique
Christophe Castaner nous a joué dimanche une autre musique.
Fort de ses trente ans d’adhésion au PS et maçon notoire, il a menacé les quelques Gilets jaunes s’étant exprimés en public.
Parlant de Jacqueline Mouraud, l’une des têtes d’affiche, il l’a fait avec une incroyable arrogance : « Cette dame devient une star médiatique et est prête à dire n’importe quoi et à faire n’importe quoi. »
Dans cette même intervention, il l’interpellait par son prénom, comme on parle à un élève ou à un domestique – ou plutôt comme on ne parle plus aux élèves ni aux domestiques.
Quel mépris derrière ces propos qui, à présent, ressemblent à des menaces !
Va-t-on mettre en prison les plus décidés des Gilets jaunes ?
Va-t-on interdire le port de ce vêtement de sécurité ?
Va-t-on dissoudre ?
Mais dissoudre quoi ?
Dissoudre qui ?
Dissoudre le peuple ?
Mettre en place le Grand Remplacement, puis élire un nouveau peuple ?
Francis Bergeron
Article paru dans Présent daté du 19 novembre 2018 via NOVOpress
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