Une petite goutte de gazole de trop a enflammé le débat social en France, focalisé un temps sur le prix du carburant et sa taxation ; depuis, le mouvement des gilets jaunes a montré l’étendue et la violence du divorce entre une majorité de Français et leurs gouvernants.
Une part de l’argumentation du gouvernement et de ses soutiens a reposé sur l’écologie et la promotion d’une « transition énergétique » jugée indispensable et urgente ; sa contrepartie automobile étant le développement de la « mobilité » électrique.
Voyons de plus près : le carburant des automobiles représente à peine le tiers du pétrole consommé en France ; de plus, il n’est pas possible de produire ce que l’on veut à partir du pétrole brut ; le faible coût des carburants lourds extrêmement polluants en est une conséquence.
Indépendamment des investissements faramineux qui seraient perdus si l’on ne devait plus produire de carburant, l’usage des strates intermédiaires des produits résultant du pétrole serait problématique. Concernant la pollution, on oublie que les progrès techniques ont diminué d’une façon considérable les émissions dangereuses des automobiles (diesel plus que l’essence !) et que tout indique que cette évolution pourrait se poursuivre.
Des scientifiques expliquent que les vingt plus gros navires polluent autant que la totalité des véhicules routiers de la Terre.
Le transport annuel des agneaux et des kiwis de Nouvelle-Zélande équivaut à toute la pollution engendrée par les automobiles en France.
On nous dit que le pétrole est un produit en voie de disparition, le fameux « pic » reporté d’année en année ; les réserves connues – pas toujours exploitables actuellement – sont considérables, rien ne permet de dire que nous les connaissons toutes ; et puis, enfin, quel serait le risque qu’il n’y en ait plus en 2200 ?
En opposition aux véhicules à moteur thermique ringardisés, nous avons la parfaite voiture électrique, dont les batteries sont des calamités écologiques, chères, parfois dangereuses, souvent usées prématurément.
Ce n’est pas tout : ce véhicule mirobolant utilise diverses matières rares et stratégiques, ainsi que des dizaines de kilos de cuivre, dont l’extraction est polluante, rendant ce métal de plus en plus cher.
Le fameux « bilan C02 » n’est pas tant en faveur de l’électrique, mais tout cela n’est rien en regard de l’apport énergétique de ces véhicules : l’électricité.
Rappelons, déjà, que le rendement d’un moteur électrique est de l’ordre de 85 % et que celui d’une excellente batterie fonctionnant dans des conditions optimales est du même ordre ; la charge, elle aussi, consomme de l’énergie : ainsi, entre la prise de courant et les tours de roues, ce sont près de 30 % de l’énergie qui ont été perdus.
Soyons équitable, cela fait deux fois moins qu’avec un diesel.
Imaginons que toutes les voitures soient électriques en France, et que l’on accepte une conduite plus souple, moins rapide, des recharges les plus tardives possibles, et que les conditions climatiques soient favorables : un calcul simple montre que le parc consommerait annuellement plus de 55 TWh d’énergie électrique – en gros, 11 % de la consommation française en 2017.
Compte tenu du mode d’usage des véhicules, on peut imaginer un appel maximal de rechargement sur dix heures la nuit, complété en journée à condition d’une installation de prises de recharge en nombre considérable.
Le réseau devrait, lui aussi, être fortement développé et, enfin, cela nécessiterait la construction de sept réacteurs nucléaires EPR (3e génération à venir) ou de multiplier par trois le nombre d’éoliennes.
Cela représente des investissements colossaux, auprès desquels la prime actuelle fait l’effet de confettis.
Face à cela, les donneurs de leçons écolos proposent la réduction du nombre de véhicules privés, oubliant, ou pas, que l’automobile est un merveilleux moyen de liberté individuelle.
Gérard Couvert
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