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mercredi 21 novembre 2018

Monsieur de Rugy et les gueux

 
 



Messire François Goullet de Rugy, semblant tout affecté par la grandeur de sa propre noblesse de lignage, n’aime pas les gueux.


Notre homme, en d’autres temps, eût prêté à beau portrait en perruque et poudre, mouche en sus, celle-là même qui est prise par les gilets jaunes, dont le rêve interdit serait de revêtir le beau François de goudron et de plumes après l’avoir hissé sur un tracteur plein de fumier.

Ex-Vert désormais rallié en bon courtisan au roi de l’Hexagone, Rugy officie aujourd’hui ès qualité de ministre d’État, ministre de l’Écologie.
Lors de la série d’attentats islamistes, il nous souvient de l’avoir observé, voguant de studio en studio pour répéter inlassablement « Ça n’a rien à voir avec l’islam », en digne singe de la bonne parole qui ne coûte pas cher à ceux qui sont à l’abri d’une certaine diversité.
L’homme si prompt à dédouaner pour finir par absoudre les sectateurs de Mahomet veut afficher une détermination sans faille devant les Jacques Bonhomme des temps modernes que sont les gilets jaunes.
Ce faisant, il illustre parfaitement la peur du pouvoir – quand il est perçu comme inique – devant la révolte populaire.
Le danger est grand, en effet, car le peuple est là, sans consignes dictées par un quelconque parti.
Le peuple n’en peut plus et monsieur de Rugy voit, écœuré par tant de laideur, le grondement des vilaines bouches de sans-dents.
Alors, vrai, quand les musulmans réclament des mosquées, c’est fastoche, mais quand les gueux réclament justice, c’est beaucoup plus coton car cela s’inscrit alors dans la tradition de l’Histoire de France.
Or, l’histoire se répète, bredouille, bégaie… trébuche.
Passent les siècles, demeurent faits et fats.
D’abord les révoltes, puis la révolution, inéluctablement.
Nous y allons tout droit, nous y sommes déjà… bonnets rouges, gilets jaunes et, demain, bleus de travail…
Ces gueux que notre ministre ne goûte guère ont pour nom « Français », il s’en trouve encore ici et là sur le territoire national, et ces Français annoncent le retour de la fronde.
Les citoyens se connectent et parlent entre eux : ce que le pouvoir avait en grande hantise est en train de naître.
Il est à craindre que des politiciens de l’acabit de Goullet de Rugy n’aient à troquer leur escarpins vernis pour une bonne paire de baskets genre qui courent vite.
Gare aux ampoules car il faudra alors faire chauffer les godasses face aux sabots du peuple.
Une autre solution, que nous appelons de nos vœux dans le souci du pacifisme, consisterait pour lui à écouter le peuple.
Allez, François, encore un effort, on ne te demande pas d’aller manger des moules-frites chez Lulu le camionneur à Dunkerque, on te conseille juste d’écouter d’une oreille attentive, par pure charité, ce conseil amical, et uniquement pour ton confort, puisque c’est là la seule chose qui semble te préoccuper.


Jacques Flinois

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